L’ancien asile des vieillards
Situé directement en haut de la falaise, à l’est du bout de la rue du fort, l’ancien asile des vieillards se trouve sur le côté sud du boulevard René-Lévesque Ouest, entre la bretelle de sortie de l’autoroute Ville-Marie (la rue Saint-Marc prolonge directement la bretelle de sortie) et la rue Joseph-Manseau. Le site domine les terrains qui composaient jadis l’ouest de la ville fortifiée.
Ce bâtiment frappe par sa sobriété et la qualité de son implantation. Il s’agit d’un bâtiment solide et bien construit.
Le site de l’asile faisait partie du fief Saint-Joseph appartenant aux Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, fief que les Dames de l’Hôtel-Dieu avaient reçu de la compagnie des Cent Associés en 1660.
Une ancienne maison de ferme apparaît sur les cartes dressées au XIXe siècle, mais cette maison aurait été démolie lors de la construction de l’asile, vers 1892.
Le bâtiment original de 1892 est l’œuvre de l’architecte montréalaise Casimir Saint-Jean. Plus tard, sur une période s’étendant de 1907 à 1935, des ajouts furent effectués par Joseph Sawyer. Ensuite, des modifications intérieures furent réalisées par l’architecte Jean-Marie Lafleur.
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Le bâtiment fut construit à l’origine comme résidence pour 80 personnes âgées et une douzaine de Petites sœurs des pauvres. Une chapelle faisait partie du complexe. La structure est de béton, avec renforts localisés en acier. Les murs sont de brique et de blocs de terra-cotta, avec un parement de pierre grise. Les toits d’ardoise sont à double pente pour la chapelle, à mansarde pour le reste. On y retrouve des lucarnes aux motifs ornementaux, couronnées de croix.
Historiquement, Jeanne Jugan (172-1879), la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, commence son travail en prenant soin de personnes âgées, en 1839, à Saint-Servan, un village de Bretagne, en France. En 1868, la mère supérieure décide d’envoyer des missions en Amérique. À Montréal, grâce aux efforts du Père John Catulle, rédemptoriste, curé de la paroisse Sainte-Anne, les premières cinq Petites Sœurs des pauvres s’établissent en 1887. En 1889, elles acquirent un terrain situé sur le haut de la falaise, sur la rue des Seigneurs (aujourd’hui disparue). En mars 1893, elles emménagent.
Vers 1950, il devient évident que la maison ne réponde plus aux besoins des personnes âgées, alors, en 1955, encouragées par le Cardinal Léger, les Petites Sœurs achètent un grand terrain sur la rue Beaubien, dans l’est de Montréal.
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On a cessé d’utiliser la chapelle comme lieu de culte lorsque les Sœurs ont quitté les lieux pour louer les espaces à la Fondation Centraide.
Le complexe a le statut du bâtiment à valeur exceptionnelle dans l’inventaire patrimonial réalisé en 2004 par l’arrondissement Ville-Marie de Montréal. De plus, le site termine vers l’est le secteur du Haut de la Falaise, un secteur identifié dans cet inventaire.

Notons que les façades maintenant exposées au boulevard René-Lévesque Ouest étaient des façades arrière. Au début des années 1950, lorsque les impacts de l’élargissement du boulevard Dorchester furent pressentis. La démolition a lieu de l’ensemble des résidences qui constituaient l’interface entre l’asile et le boulevard. On érige donc une nouvelle structure devant l’ancienne façade. Elle porte encore la date 1892 sur le linteau de la porte est du rez-de-chaussée.
Aujourd’hui, le positionnement stratégique du site entre la falaise et le boulevard René-Lévesque fait en sorte que cela a protégé le site jusqu’à un certain point. L’ancien asile est un bâtiment sain et solide. Sont état permet d’entrevoir une réutilisation et une mise en valeur, par la restauration de sa toiture d’ardoise et de tôle à baguettes. Tout comme de ses lucarnes et son éclairage nocturne.
