Rencontrer Bouddha à Brossard

Temple Chùa Liên-Hoa : Rencontrer Bouddha à Brossard

En entrant dans le temple Chùa Liên-Hoa (Fleur de lotus), à Brossard, on se sent à mille lieues du boulevard Taschereau, qui est pourtant à deux pas. « Avec le bouddhisme, le stress disparaît », dit Nguyen Trong Du, en nous invitant à enlever nos chaussures pour visiter le temple.

Cette pagode bouddhique de la rue Provencher est la plus ancienne en Amérique du Nord. Elle a été érigée en 1975, au moment où le Québec accueillait une première vague de ressortissants vietnamiens.

« Ce n’est pas la plus grande, mais c’est la plus jolie ! » assure Nguyen Trong Du. On compte une quarantaine de temples et de centres bouddhiques au Québec, tous genres confondus (tibétain, laotien, japonais, etc.).

La pagode aux briques rouges, récemment agrandie, est surtout fréquentée par une centaine de fidèles d’origine vietnamienne et par quelques-uns d’origine chinoise, précise M. Du. Parfois, se mêlent à eux des Québécois « de souche » mariés à des Asiatiques.

M. Du se présente comme « le plus jeune » adepte du temple. Il a 67 ans. À l’instar des églises, les temples bouddhiques se vident et la relève est quasi inexistante, note-t-il. « Des fois, j’essaie de laisser traîner des livres sur le bouddhisme pour mon fils… Mais sans succès ! »

La compassion

Pourtant, les jeunes, et les moins jeunes, auraient tout intérêt à connaître les enseignements de Bouddha, plaide, tout sourire, Pham Huu Vinh, un Brossardois de 83 ans. « Dans ce monde, on doit se faire une carapace. La vie est tellement bousculée, les gens n’ont pas le temps de penser à eux-mêmes. »

Dans un tel contexte, la philosophie bouddhiste agit comme un réel baume pour les âmes angoissées, dit-il, expliquant que la compassion est l’élémenf-clé du bouddhisme.

Avec ses mille oreilles, ses mille yeux et ses mille bras, la statue du Bodhisattva, mise à l’honneur au centre du temple, en est le symbole.

« Certains de mes amis canadiens, avec l’approche du bouddhisme, se sentent plus libres, renchérit M. Du. Plus l’esprit se développe, plus on cherche, on s’interroge. Le bouddhisme, c’est une ouverture. Le mal psychologique disparaît. » MM. Du et Vinh prêchent pour leur pagode, mais sans dogmatisme. « On ne convertit pas, on enseigne.

Cette religion est avant tout une philosophie de vie. Chaque personne est un Bouddha en herbe », dit M. Vinh, rappelant que le fondateur du bouddhisme, Siddhartha Gautama ( VI-V siècle avant J.C. ), né en Inde, a pris le nom de Bouddha après être parvenu à « l’illumination ».

La méditation

Des « Bouddhas en herbe », il y en a de plus en plus au Québec.

Plus que la pratique traditionnelle au temple, c’est la « branche méditation », en soi fort diversifiée, qui attire les Occidentaux, dit M. Du.

Au Québec, beaucoup de professionnels de la santé deviennent des adeptes des camps de méditation, souligne-t-il.

Anika Lefebvre, un médecin de 27 ans qui a découvert le bouddhisme lors d’un voyage en Thaïlande en 1990, est l’une de ceux-là.

Elle trouve dans la méditation un moyen concret de comprendre que tout est changement, de vivre sans désir ni aversion, de prendre la vie moins au sérieux. « Pour moi, ce n’est absolument pas une religion.

Il n’y a aucun sens de vénération, dit-elle, précisant qu’elle se considère athée.

« Quand je sens que je ne vais plus nulle part, je vais dans un camp de méditation », poursuitelle.

La discipline y est dure: 11 heures de mutisme et de concentration, « à juste rester avec la réalité de ton corps ».

Philosophie anti-plaisir ? « C’est anti-plaisir mais pas anti-joie. Le versant du désir, c’est que tu deviens malheureux quand tu n’obtiens pas ce que tu veux. Mais je ne me suis jamais sentie aussi heureuse qu’en sortant d’un camp de méditation. Et le « heureuse » de ce moment-là vaut dix fois le cool ressenti une fois de temps en temps.

(La Presse, 12 avril 1999).

Voir aussi :

Temple Chùa Liên-Hoa. Source de l'image : Fondation du patrimoine religieux du Québec.
Temple Chùa Liên-Hoa. Source de l’image : Fondation du patrimoine religieux du Québec.

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