Parc archéologique de la baronnie de Longueuil
La seconde moitié du XVIIe siècle, en Nouvelle-France, est marquée par les guerres franco-iroquoises, ce qui explique la lenteur du développement de la seigneurie de Longueuil.
Vers 1695, pour assurer la sécurité de ses censitaires, Charles Le Moyne fils, qui deviendra baron en 1700, fait bâtir un château fort en pierre. L’enceinte fait 225 pieds de largeur, face au fleuve, sur 153 pieds de profondeur, le long du chemin de Chambly. Les murs extérieurs sont flanqués de quatre tours.
L’intérieur du fort comprend plusieurs bâtiments, tous de pierres : vaste maison, chapelle, corps de garde, laiterie, écurie, étable, bergerie et grange. Selon une reconstitution, réalisée par Robert Gauthier selon les données de Louis Lemoine, la cour intérieure était divisée en cour intérieure et une partie noble ou résidentielle, au nord-est, et une partie pour les animaux de la ferme, au sud-ouest. La chapelle du château for tient lieu d’église paroissiale de 1698 à 1727, année d’inauguration de la première véritable église de Longueuil.
En 1776, le château fort est occupé par les troupes américaines durant la guerre de l’Indépendance qui conduira à la création des États-Unis d’Amérique. Abandonné dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le château de Longueuil est en ruine lorsqu’on le démolit en 1810.
D’importantes fouilles réalisées en 1971 permettent de mettre à jour le mur nord-est (une partie du mur extérieur et une autre du mur intérieur) et la tour est du château fort. On a reconstitué ces lieux immédiatement à l’est de la cocathédrale. Même si l’on peut observer aujourd’hui ces vestiges près de la cocathédrale, en réalité, ils ont été retrouvés plus à l’est, dans le chemin de Chambly actuel.
Le parc archéologique de la Baronnie représente un carrefour à partir duquel se sont développés les premières routes, institutions et équipements collectifs de Longueuil. Pour preuve, son sous-sol contient un nombre important de vestiges qui témoignent de l’histoire de Longueuil et, par extension, de l’ensemble de la Rive-Sud.
Le ruisseau Saint-Antoine traversait le site pour se déverser dans le fleuve Saint-Laurent et formait le cœur de cet ensemble patrimonial Les traces d’occupation retrouvées à l’intérieur de quadrilatère, formé par le chemin de Chambly et les rues Saint-Charles Est, Bord de l’Eau et Saint-Antoine, témoignent de la présence des Amérindiens depuis 2000 ans. La présence européenne remonte à la concession de la première partie de la seigneurie de Charles Le Moyne, en 1657. Parmi les constructions qui ont été érigées sur le site depuis, on dénote un moulin à vent (1668), une chapelle en bois (1681), la première église de Longueuil (1722) et son cimetière, un moulin à eau (circa 1755), un four à chaux (circa 1764), une caserne de pompiers (1848) et plusieurs habitations.
De 1977 à 2007, sept interventions archéologiques distinctes ont été réalisées sur l’ensemble du quadrilatère. Les fouilles ont permis de mettre à jour plusieurs artéfacts, dont un mur d’enceinte du cimetière, un moulin à vent, un four à chaux et plusieurs objets d’utilité courante (bouteilles, céramiques, billes…), en plus du site d’occupation amérindien. Les recherches archéologiques ont aussi permis de localiser une partie de la rive de l’ancien ruisseau Saint-Antoine. Ces découvertes ont mené à l’attribution, par le gouvernement du Québec, de deux codes Borden (BjFj-8 et BjFj-75), geste qui témoigne de la reconnaissance officielle de ce lieu comme site archéologique.
Les interventions archéologiques, qui seront effectuées sur ce site, permettront d’enrichir la connaissance de l’histoire de Longueuil et d’élaborer les aménagements du parc. Deux aménagements sont déjà complétés, soit l’installation de carrés de bois afin de localiser les fouilles archéologiques déjà réalisées et l’aménagement d’un monument commémoratif aux pionniers de Longueuil. L’objectif général poursuivi par cette mise en valeur archéologique est de consolider, protéger et mettre en valeur ce lieu exceptionnel et identitaire.
Ruisseau Saint-Antoine
La mer de Champlain, vaste étendue d’eau salée, s’est retirée du Québec méridional il y a quelque sept mille ans. Depuis lors, un petit cours d’eau traversait, du sud au nord, le territoire qui allait devenir Longueuil. Dès les débuts de l’occupation du territoire, au milieu du XVIIe siècle, on le baptise ruisseau Saint-Antoine.
Après avoir sillonné les fermes du sud-est de la paroisse, le ruisseau traversait le cimetière, longeait la cour de récréation du collège sur le chemin de Chambly et contournait le couvent, pour se jeter enfin dans le Saint-Laurent, au pied du chemin de Chambly.
Certaines années, ce petit ruisseau devenait torrent et sortait de son lit en avril, lors de la crue des eaux. En août, il était le plus souvent à sec.
Trois ponts l’enjambaient à la hauteur des rues Saint-Charles Est, Saint-André et du chemin de Gentilly. En 1953, le gouvernement fédéral, en accord avec la Cité de Longueuil, décide de construire un mur de protection, le long de la rive du fleuve, pour contrer les effets des inondations printanières : le ruisseau Saint-Antoine est alors détourné vers les égouts à partir du chemin de Gentilly.
Le lit de ce cours d’eau, empierré dans les dernières centaines de mètres de son parcours, est finalement comblé en 1956, mais la partie sud du ruisseau Saint-Antoine, dans la cité de Jacques-Cartier, ne sera comblée que dans les années 1970.
Valeur archéologique du site de la maison Chénier
La maison Chénier fut construite en 1844 par Victor Chénier, sculpteur et homme d’affaires. Cette maison de briques est aujourd’hui recouverte de planches à clins. Elle fut érigée sur le lot 32, alors délimité par le fleuve Saint-Laurent, le ruisseau Saint-Antoine et la rue Saint-Antoine.
La maison appartient au notaire Pierre E. Hurteau, maire de la Ville de Longueuil en 1886 et 1887. Jules Ladislas Lasnier, commerçant et fabricant de cierges, y construit ensuite une usine. Enfin, J.-E. Mailloux, également fabricant de cierges, agrandit l’usine. La maison est inhabitée et l’usine désaffectée depuis 1991.
Les lots 32 et 33 du cadastre du village, soit la plus grande partie du quadrilatère formé par la rue Saint-Charles, le chemin de Chambly, la rue du Bord-de-l’Eau et la rue Saint-Antoine, sont parmi les plus riches de la région sur le plan archéologique. Leur sous-sol contiendrait des vestiges du moulin à vent, daté de 1668), de la première église et du premier cimetière de Longueuil, ouvert en 1722, du moulin à eau (1750), du moulin à vapeur (1822), etc. En 1994, des fouilles partielles ont donné d’intéressants résultats et confirmé l’intérêt archéologique du site.
La maison Chénier est située à l’adresse 2, rue Saint-Antoine.
Monument commémoratif des familles pionnières de Longueuil
Ce monument, situé à l’intersection des rues Saint-Charles Est et Saint-Antoine, a été réalisé à l’initiative de la Société d’histoire de Longueuil, en partenariat avec la Ville de Longueuil, dans les cadre des Fêtes du 350e de Longueuil. La composition de l’œuvre symbolise l’arbre généalogique de Longueuil. Son plan, vu à vol d’oiseau, dessine un arbre dont le tronc, en bois, représente le quai par lequel les familles pionnières sont arrivées, et dont la tête, composée d’une dalle de béton, est divisée en secteurs à la façon d’un tableau généalogique. Pour leur part, les colonnes symbolisent le tronc des arbres généalogiques de chacune des familles ayant pris racine à Longueuil. Ce monument a été dévoilé le 24 juin 2007.
Voir aussi :
- Biographie de Charles LeMoyne
- Biographie de Charles LeMoyne de Longueuil
- Biographie de Jacques LeMoyne de Sainte-Hélène
- Biographie de Pierre LeMoyne d’Iberville
- Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson
- Longueuil en photos