Ancien village de Rivière-La Guerre
L’ancien village de Rivière-La Guerre, situé à quelques kilomètres au sud de Saint-Anicet, apparaît comme l’un des premiers établissements de la région de Beauharnois.
Le projet de Rivière-La Guerre (connu également sous le nom de Godmanchester), un village presbytérien développé dans les année 1820-1850, apparaît comme un projet urbanistique. En effet, le projet a bel et bien débuté, comme en font fois les témoins matériels visibles aujourd’hui. Mais le sort de ce village s’avère unique. En fait, on n’a abandonné aucun autre projet villageois.
En 1831, dans l’ancien compté de Beauharnois (territoire actuel de la MRC du Haut-Saint-Laurent et de la MRC des Jardins-de-Napierville), on compte près de 17 mille habitants. De ce nombre une peu plus de moitié sont des catholiques. Quant aux presbytériens, ils sont plus de 4500 à l’époque. Mais vingt ans plus tard, la population du comté atteint 40000 âmes. En fait, environ 10 mille sont de fidèles presbytériens. (Fait à noter, dans le comté de Beauharnois les presbytériens sont plus nombreux que dans la ville de Montréal).
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Les presbytériens forment plus de la moitié de la population dans le canton d’Elgin. Notamment dans le sous-district de recensement de Saint-Malachie d’Ormstown. Ils constituent aussi des minorités importantes dans les cantons de Dundee, Godmanchester, Havelock et Hemmingford.
La communauté écossaise y est particulièrement visible, au point où le géographe français Raoul Blanchard désigne la région sous le nom de Petite-Écosse.
Le village de Rivière-La Guerre était donc habité principalement par des immigrants d’origine écossaise à partir du milieu des années 1820. En 1847, après les premiers découpages cadastraux du village des années 1920, l’arpenteur William Barret en trace le plan orthogonal. Le village comprend à l’époque 144 parcelles sur lesquelles on compte une douzaine de propriétés. Toutefois, on abandonne ce village (plutôt un hameau) à partir du milieu du XIXe siècle. Cela en raison des difficultés liées au commerce du bois. Aussi à cause des crues provoquées par la construction du canal de Beauharnois.
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En fait, le village est prospère entre les années 1820 et 1850. Il y a un bureau de poste et un magasin général. Pourtant les gens commencent à quitter le village à partir des années 1850.
À l’époque, l’utilisation des bateaux à vapeur pour la navigation commerciale se généralise et ces vapeurs remplacent les «bateaux Durham», capables de transporter jusqu’ douze tonnes de marchandises et propulsées à voile et à force de bras et il semblerait que l’avènement de nouveaux moyens de communication qui a mis le point final au village.
Le site se localise à l’endroit où le cours de la rivière La Guerre est rejoint par un ruisseau, la branche Ouest, à un peu plus de 3 kilomètres de son embouchure.
Le site de l’ancien village Rivière-La Guerre comprenait une habitation dite manoir Rosebank (connu aussi comme manoir John MacDonald), construit vers 1840, des bâtiments agricoles, une église presbytérienne (érigée entre 1847 et 1850, dont il ne reste que des vestiges, même si cette église continua ces services religieux de façon sporadique jusqu’à la vieille de la Seconde guerre mondiale). Un petit cimetière s’y trouve jusqu’à nos jours.
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Le manoir Rosebank ou le manoir MacDonald, construit dans les traditions néoclassiques britanniques, représente de nos jours l’élément le mieux préservé du site de l’ancien hameau.
C’est James MacDonald, immigrant de l’Écosse, qui construit ce bâtiment en 1837 (ou en 1836, selon d’autres sources). Le domaine a longuement été occupé par la famille de son fils John MacDonald, né à la Guerre en 1853. La résidence aurait servi de lieu de réception et d’animation de la vie sociale des environs, à l’instar des demeures bourgeoises de l’époque.
Ce bâtiment a subi peu de modifications (le fait que la demeure soit restée dans la même famille depuis plusieurs décennies constitue sans doute un gage du bon état d’intégrité de l’immeuble).
Quant à l’église de Rivière-La Guerre, ses vestiges témoignent d’un temple assez simple et modeste. Il s’agit de temple vernaculaire auquel on a ajouté des baies en arcs brisés. Compte tenu des proportions classiques et la corniche, on peut attribuer l’église au style du renouveau gothique composite.
Le presbytère situé de l’autre côté de la rivière, construit probablement en 1856 et revêtu, de brique rouge, se conserve toujours, mais il ne reste que des murs.
Pour compléter la lecture :
- Histoire des Cantons de l’Est
- Religion au Québec (l’index thématique)
- Patrimoine et attraits de la Montérégie