Montérégie

Bassin du Richelieu : faune et flore

Bassin du Richelieu : faune et flore

La faune et la flore du bassin du Richelieu

Bien qu’elle soit située au cœur des basses terres du Saint-Laurent dans un secteur dédié à la production maraîchère et opprimée par l’activité humaine qui domine la majeure partie de son cours, la rivière Richelieu montre des vestiges significatifs d’une flore et d’une faune locales autrefois exubérantes.

Le cours principal du Richelieu abrite plus d’une soixantaine d’espèces de poissons attirés par une variété d’habitats : le délaissé de rivière à l’ouest de l’île Deschailons, le bief en aval du barrage de Saint-Outs, les canaux de Carignan à l’embouchure de la rivière L’Acadie, les rapides de Chambly, le marais et la baie au sud de l’île Sainte-Marie, la partie inférieure de la la rivière du Sud et des ruisseaux de Bleury et Faddentown, le marais Mayer à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix et les marais du rang de la Barbotte à Notre-Dame-du-Mont-Carmel.

Les marais de la zone inondable du Haut-Richelieu, en particulier ceux de la rivière du Sud, possèdent une valeur inestimable pour le maintien et le renouvellement des ressources fauniques. Vastes et complexes, ils présentent des colonies de riz sauvage uniques dans la province. Les oiseaux y nichent en tout temps, extrêmement nombreux durant les périodes de migration. S’y croisent la plupart des espèces de canard barboteur connues au Québec, un grand nombre de plongeurs et d’autres familles d’oiseaux aquatiques. Les prairies et les marécages offrent un habitat idéal pour la nidification du canard colvert, du canard branchu, du canard noir et de la sarcelle à ailes bleues. L’endroit est fréquenté par des visiteurs inusités tels que la grande aigrette, l’ibis falcinelle et le héron garde-bœuf. Les tortues peintes s’u rassemblent en hiver. Les marais déploient de remarquables aires de frai pour les poissons d’eau douce comme le brochet et la perchaude, le poisson – castor, le dépisosté osseux et la marigane noir. Les invertébrés foisonnent dans les herbier aquatiques, on peut y observer des attroupements de gyrins, par exemple.

Même la portion complètement aménagée de la rivière Richelieu à la hauteur du canal de Chambly arbore un lot d’éléments fauniques et floristiques attrayants, bien que la couverture forestière originale, typique de l’érablière à Caryer, n’ait pour ainsi dire pas survécu aux perturbations. Les végétaux y sont plutôt représentés par des plantes ornementales et des essences pionnières parmi lesquelles poussent quelques espèces rares ou menacées de disparition, souvent à la limite extrême de leur distribution, telles que le chêne bleu, la renoncule à long bec et le scirpe à soies inégales.

Canard

Les canards barboteurs, dont le colvert, fréquentent les milieux humides. Crédit photo : GrandQuebec.com.

Les efforts de conservation

Deuxième en importance après les estuaires pour la production biologique, les milieux humides entretiennent des aires de reproduction et d’alimentation indispensables. Ils contribuent à régulariser le débit des cours d’eau, tout en filtrant et en épurant les eaux. Un grand nombre d’entre eux ont été endigués et drainés à des fins agricoles, ou remblayés pour le développement domiciliaire, si bien qu’aujourd’hui les berges naturelles constituent l’exception le long du Richelieu.

Le secteur du Haut-Richelieu demeure l’un des plus productifs malgré une avancée triomphale de l’artificialisation. À point nommé, la Société de conservation des milieux humides du Québec (SCMHQ) veille à l’homologation d’un marécage de 38 hectares à la confluence des rivières du Sud et Richelieu, afin d’assurer la protection d’un habitat majeur pour la survie de quatre espèces en péril au Canada : la tortue-molle à émines, le petit blongios, la paruline azurée et le carex faux-lupulina. L’habitat se pare d’une somptueuse communauté végétale rare au Québec : la chênaie bicolore.

Certains habitats marécageux du Richelieu ont profité d’initiatives de conservation. Situé en bordure de la rivière Richelieu, non loin de Chambly, le refuge faunique Pierre-Étienne-Fortin assure, quant à lui, la protection d’îles et de cascades d’une superficie de 63 hectares. Son nom rend hommage au naturaliste du XIXe siècle qui a transmis la première description détaillée du chevalier cuivré. Les rapides de Chambly représentent l’un des deux sites de frai indispensables à la reproduction de ce poisson dont la survie est menacée. La configuration de la rivière à cet endroit ménage un abri pour 57 autres espèces, soit plus de 60% des poissons susceptibles d’être recensés dans le sud du Québec, dont le fouille roche gris et le chevalier de rivière, deux espèces au statut précaire. Le règlement prévoit de restreindre l’accès au territoire entre le 20 juin et le 20 juillet, durant le frai du chevalier cuivré, pour éviter de perturber le déroulement de la ponte, de troubler l’incubation des œufs et nuire à la survie de la progéniture. La création d’un refuge faunique, dans ces conjonctures est cruciale pour le rétablissement des populations du chevalier cuivré dans le Richelieu.

À quelques brasses en aval, le mont Saint-Hilaire s’est vu attribuer, par l’UNESCO, en 1978, le titre de Réserve de biosphère dans le cadre du programme L’homme et la biosphère. Il s’agit du premier site canadien à mériter cette distinction en reconnaissance au niveau international, d’écosystèmes dignes de cette mention.

Avec ses 426 mètres d’altitude, la mont Saint-Hilaire est la plus haute et la plus impressionnante des dix collines montérégiennes qui jalonnent la vallée du Saint-Laurent. Le mont compte huit sommets couverts d’arbres entourant un lac irrigué par trois ruisseaux. Quelque 600 espèces de plantes supérieures, dont plusieurs rares ou en danger de disparition, tapissent les flancs de la montagne : on y reconnaît sans peine le cypripède des passereaux, le sabot de la vierge, le trille et les violettes. Des vestiges de la forêt qui recouvrait autrefois 95 pour cent du sud-est du Canada et son conservés. Jamais exposé à l’exploitation commerciale, le couvert forestier formé d’érables et de hêtres, dont certains âgés de plus de 400 ans, abrite un échantillon faunique semblable à celui de l’époque de la colonisation. Cet écosystème fragile demeure le refuge de plusieurs espèces menacées et de centaines d’oiseaux migrateurs. Le mont Saint-Hilaire a été désigné Sanctuaire d’oiseaux en 1952 et Refuge d’oiseaux migrateurs 8 ans plus tard. La diversité de ses paysages parle d’une magnificence infiniment précieuse au sein d’une région si brutalement développée et exploitée par l’homme.

Réserve écologique de Marcel-Raymond

Sur la pointe du Gouvernement, à la confluence de la rivière du Sud et de la rivière Richelieu, dans la municipalité d’Henryville, s’étend la réserve écologique Marcel-Raymond d,une superficie de 65 ha. Sa création par décret, l2 27 mai 1987, vise à protéger une chênaie bleue. Marcel Raymond (1915-1972), s’intéresse très tôt à la flore ; il explore notamment les rives du Richelieu. À la fin des années 1930, il étudie la botanique à l’Université de Montréal avec le frère Marie-Victorin, naturaliste. Raymond obtient par la suite le poste de botaniste au Jardin botanique de Montréal dont il deviendra le conservateur. Son œuvre comprend plus de 240 travaux scientifiques dont la moitié concerne la flore canadienne, une soixantaine porte sur des sujets divers, notamment des recensions et les autres sur les Cypéracées, domaine qui lui a valu une reconnaissance internationale.

Castor nage

Castor nage. Crédit photo : GrandQuebec.com.

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