Orchidées du Québec

Les Orchidées du Québec

Capricieux chefs-d’œuvre de la nature, les orchidées sont apparues sur la planète longtemps avant l’humain. Des fossiles datant du jurassique, de 195 à 136 millions d’années avant notre ère, en témoignent. Confirmant une origine qui se perd dans la nuit des temps, ces magnifiques végétaux ont profité d’une longue itinérance terrestre pour proliférer d’un bout à l’autre de la planète, de l’équateur au cercle polaire, des franges océaniques au massif himalayen. Et le bassin de la rivière Saint-François n’est nullement en reste.

Découvertes en Estrie

Au début du XXe siècle, William Henry Mousley, résidant de Hatley, une localité des Cantons-de-l’Est, est l’un des premiers à se laisser séduire par les orchidées de chez nous. Simple passe-temps au départ, son choix se transforme vite en travail passionné. En plus de consacrer un temps considérable à la description des spécimens qu’il déniche, il en étudie l’écologie et la répartition spatiale, devenant rapidement l’un des pionniers de la recherche relative aux orchidées québécoises.

C’est ainsi qu’il découvre, en 1918, dans une cédrière marécageuse des environs de Hatley, une variété rare du sud du Québec, Calypso bulbosa. Peu après, le même secteur lui livre deux autres espèces exceptionnelles, Arethusa bulbosa et Cypripedium reginae. En 1919, il aura déjà catalogué une trentaine d’orchidées sur un territoire d’à peine 7 kilomètres carrés. L’année suivante, un enthousiasme renouvelé le mène jusqu’à Beebe, à la frontière canado-américaine, et à la tourbière de Waterville, un peu plus au nord, où il déniche trois autres espèces : Amerorchis rotundifolia, Platanthera hookeri et Pogonia ophioglossoides. D’autres découvertes viendront gonfler son répertoire, qui comptera plus de 40 taxons pour la seule région de Hatley à la fin de 1923. Au cours des deux décennies suivantes, l’herboriste poursuivra sa quête, notamment dans les régions de Montréal, de Laval, de Chambly et d’Oka; il publiera une trentaine d’article sur la taxonomie et la reproduction des orchidées.

Quelques espèces fascinantes et leurs habitats

Le cypripède acaue (Cypripedium acaule) est l’une des espèces communément appelées sabot de la vierge. Adapté aux sols sablonneux ou tourbeux, il abandonne sur le bassin versant de plusieurs lacs et rivières. La fleur est généralement de teinte rosée; quelques rares individus sont d’un blanc pur. Le calopogon tubéreux, ou Calopogon tuberosus, orne les tourbières. Les fleures, au nombre de 2 à 5 selon les plants, affichent un rose mauve contrasté et s’épanouissent habituellement de la fin de juin à la fin de juillet. Le cypripède soulier (Cypripedium calceolus), deuxième espèce du groupe des sabots de la vierge, colonise les sols riches des sous-bois. Le labelle jaune de la fleur est zébré de lignes pourpres et bordé de pétales latéraux spirales. Un autre, le clypso bulbeux, Calypso bulbosa, occupe les terrains boisés au sol calcaire tapissé de mousse. Cette orchidée fleurit au milieu de mai dans le sud du Québec, arborant alors une fleur terminale voyante, panachée qu’elle est de pourpre, de rose et de jaune.

Des végétaux fragiles

Un certain nombre de facteurs, dont l’appétit du cerf de Virginie, des limaces et de divers autres invertébrés, affectent les populations d’orchidées du Québec. Aucun de ces traitements, cependant, ne dépasse en gravité la menace de l’impact anthropogénique. Plusieurs activités humaines, dont la récolte abusive effectuée par les collectionneurs, le déboisement, la construction de routes, le remplissage des marais et des tourbières pour l’aménagement de zones agricoles, urbaines ou récréotouristiques, constituent les principaux ennemis de ces délicates fleurs.

En tout lieu, les orchidées se montrent très sensibles aux variations des caractéristiques physicochimiques de leur environnement. Les perturbations occasionnées par l’usage de substances chimiques ou par certains événements naturels peuvent nuire à la croissance des champignons associés aux rhizomes des orchidées, symbiose essentielle à la germination et à une saine croissance des plants.

Bien que le Québec dispose toujours de vastes territoires où conserver ses richesses naturelles en liberté, il est urgent de constater l’extinction des populations d’orchidées sauvages, au rythme effréné de l’empiétement humain territorial, d’ en tirer matière à réflexion et de prévoir une action pour arrêter la marche sournoise de leur destruction.

(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).

Cypripède soulier
Cypripéde Soulier. Source de l’image : Blog de Régis Fortin – Nature en images – photoregisfortin.blogspot.com.

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