
La salicaire pourpre
Appréciée par de nombreux jardiniers, la salicarire pourpre (Lythrum salicaria) a connu et connaît encore une grande popularité en tant que plante ornementale. C’est pourquoi on la retrouve aujourd’hui dans les jardins privés, mais aussi en bordure des routes, dans les fossés, le long des rivières, autour des lacs, ainsi que dans les marais et les marécages du sud du Québec. Symbole éclatant d’une compétitivité agressive, l’épi magenta de la salicaire pourpre doit-il être perçu comme un ennemi à exterminer ?
Cette plante de rivage originaire d’Eurasi fut introduite par les navires transatlantiques, les aliments et la literie du bétail, au début des années 1800. Mis à part le fait qu’elle n’a pas d’ennemi naturel en Amérique, la salicaire se reproduit de façon étonnamment efficace. Chaque plant adulte peut produire 2,7 millions de graines par année. Ces graines restent en dormance pendant plusieurs années et germent dans les conditions environnementales très diverses. La propagation s’effectue aussi par multiplication végétative grâce à des rejets et à des racines adventices émergeant de tiges coupées, piétinées ou enterrées.
En se reproduisant rapidement, la salicaire livre une féroce compétition aux plantes indigènes et finit par les remplacer, laissant peu d’espace et d’eau disponibles pour les autres espèces végétales. On craint qu’à la longue certains oiseaux aquatiques et d’autres animaux ne soient forcés de s’exiler si leur source de nourriture disparaît ou parce que la densité ou la composition de la couverture végétale ne leur convient plus. En résumé : la salicaire pourpre réduirat la biodiversité indigène par un processus d’élimination des aires d’alimentation et des zones de nidification.
L’inquiétude croissante qu’inspire depuis quelques années la propagation envahissante de la salicaire pourpre mobilise les efforts d’éradication. Certains ont tenté de la déraciner, avec des résultats très localisés et peu encourageants par rapport à l’énergie investie. Des tentatives de brûlis se sont soldées par la destruction des plants et … la survie des racines.
L’indondation des salicaires n’a fait que confirmer le fait que les graines peuvent survivre de 10 à 15 ans sous l,eau avant de se décomposer. Comme la plante colonise fréquemment les milieux humides ou carrément aquatiques, l’utilisation d’herbicides s’avère peu recommandable. Un tel amalgame de moyens de défense rend la lutte inégale face à la vitalité de la salicaire. Sommes-nous réellement de taille à stopper l’évolution de la nature? Pensons seulement à ces deux plantes eurasiennes si profondément incrustées dans le paysage québécois : la marguerite et le pissenlit… et méditons…

La salicaire purpre colonise les rivages de nombreux cours d’eau. Source de l’image : crocus.co.uk/plants/_/lythrum-salicaria-blush/classid.2000015675.
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