L’invasion des châtaignes d’eau au Québec
Les marais et les forêts inondées du Haut-Richelieu donnent des « poumons » et des « reins » à la rivière Richelieu.
La châtaigne d’eau (Trapa natans) fournit une denrée qui a trouvé sa place dans la cuisine des Asiatiques; ils en apprécient la chair blanche, croustillante, juteuse, sucrée et parfumée. À l’inverse, la plante est plus ou moins boudée dans l’Est du Québec, qu’elle a conquise au point d’être devenue un envahisseur indésirable,
Introduite à la fin du XIXe siècle aux États-Unis à titre de plante ornementale, la châtaigne d’eau (aussi appelée corniche, échardon, escaribot, noix aquatique, trapa ou trape d’eau) se faufile dès 1940 dans la partie sud du lac Champlain au Vermont et dans l’État de New York. On la signale au Québec une première fois, en 1998, dans la rivière du Sud, un affluent de la rivière Richelieu, qu’elle colonise en 2002 dans la région de Saint-Jean-sur-Richeliu. Jusqu’alors relativement libre de végétation flottante, la rivière du Sud en est recouverte sur une superficie de centaines d’hectares. La châtaigne envahissante nappe la rivière d’une rive à l’autre sur une distance de plusieurs kilomètres. La fulgurante multiplication de la plante y étend de denses tapis flottants, suspectés de modifier l’équilibre écologique de l’un des derniers grands marais du sud-ouest du Québec. Les études montrent en effet une baisse générale de la biodiversité dans un milieu colonisé par la châtaigne d’eau.
On craint de plus en plus que la châtaigne n’arrête pas sa dispersion et se propage aux autres cours d’eau du sud du Québec dans un avenir prochain. Les caractéristiques de la châtaigne d’eau l’autorisent en effet à croître et à envahir rapideemnt l’habitat qui lui convient. Elle se disperse de deux façons : les rosettes se détachent du plant mère et les fruits sont transportés au gré des courants, par les animaux ou accrochés aux moteurs des bateaux. Même alors que sa croissance dépend chaque année d’une nouvelle graine, cela n’empêche nullement sa propagation ni ne limite son potentiel d’adaptation, deux situations qui ne laissent pas d’inquiéter. Surtout qu’il est flagrant qu’une seule graine produit une plante porteuse d’une douzaine de rosettes susceptibles ded produire à leur tour une vingtaine de graines chacune. Comble de hasard, ces graines survivent plus de 10 ans au fond de la rivière en attendant de germer.
Des travaux menés aux États-Unis envisagent la possibilité de maîtriser la châtaigne d’eau lorsqu’elle croît dans un milieu confiné, la rivière su Sud, par exemple. Convaincu par les résultats afficés par nos voisins du sud, le Comité des partenaires de la châtaigne d’eau a entrepris une campagne d’arrachage manuel de la plante à plusieurs reprises. Coordonné par les autorités, le comité regroupe des représentants de divers organismes, dint Canards Illimités, le Centre d’interprétataion du milieu écologique du Haut-Richelieu, Environnement Canada, la Municipalité régionale de comté du Haut-Richelieu, la Société de la faune et des parcs du Québec. De nombreuses équipes s’affairent au prélèvement des châtaignes d’eau. Aujourd’hui, les organisateurs estiment que la progression de la châtaigne s’amenuise mais que la bataille est loin d’être gagnée, les coûts de l’opération étant très élevés. On conserve tout de même l’espoir de stopper l’avancée de la châtaigne et d’enrayer la présence le long du Richelieu et des rivières tributaires.
