
Le dépérissement accéléré des érables inquiète les scientifiques
Les érables du Québec connaissent un taux anormalement élevé de dépérissement depuis 10 ans, une situation que les scientifiques jugent « inquiétante ».
Voyons d’abord les chiffres. Une enquête postale menée par le ministère de l’Agriculture depuis 1979 auprès des propriétaires d’érablières permet de constater que le taux de mortalité d’érables sains s’est accru constamment entre 1980 et 1983.
Le phénomène s’est manifesté dans toutes les régions, mais a été particulièrement aigu dans la Beauce où 9% des arbres sont morts, dans l’Estrie (8%) et dans la région de Nicolet (7%).
Plusieurs causes peuvent être responsables de ces maladies désastreuses pour les arbres, croit-on au ministère de l’Agriculture : le vieillissement naturel, des infestations d’insectes, le climat particulier des hivers entre 1979 et 1981, une pollution plus élevée de l’air et les pluies acides.
« Le cumul du stress sur les arbres paraît pouvoir expliquer ces problèmes, croit l’agronome Allard. Les arbres sont soumis à des pressions très fortes qui peut faire périr les moins résistants ».
« Mais il est encore trop tôt pour accuser uniquement les pluies acides d’être responsables du problème. Il s’agit d’une hypothèse qui n’a pas encore été vérifiée. »
Une étude sur l’influence des pluies acides est actuellement en cours au Conseil des productions végétales.
Une chose est sûre, selon l’agronome du gouvernement, le « pool nutritionnel du sol », c’est-à-dire la capacité du sol de nourrir les plantes, a diminué largement dans plusieurs endroits du Québec. « Pas un scientifique sérieux n’a cependant fait le pas pour attribuer cette diminution aux pluies acides », croit M. Allard.
Cet accroissement subit du dépérissement des érables inquiète au plus haut point les producteurs de sirop d’érable.
La société coopérative de Plessisville, qui regroupe 3500 d’entre eux, vient de rendre publics les résultats d’une enquête établissant un taux anormal de dépérissement constaté dans les 300 000 étables possédés par ses membres.
Les producteurs exigent que les gouvernements intensifient leurs recherches pour trouver la cause de ce dépérissement, avant que la production n’en ressente les contrecoups économiques.
L’enquête de la coopérative a permis de dégager certaines hypothèses pour expliquer les maladies de l’érable. Ce sont les pluies acides, la pollution industrielle, la pollution par les automobiles, l’appauvrissement des sols et le verglas fréquent au cours des récentes années.
L’Institut international des produits de l’érable, un organisme canado-américain voué à la promotion des produits de l’érable, se dit également tracassé par le problème.
Des scientifiques de l’Institut poursuivent toujours des recherches afin de déterminer les causes des maladies des arbres et de la lenteur de la repousse des jeunes érables.
Un ingénieur forestier du gouvernement du Québec, Lise Robitaille, signalait récemment l’augmentation du taux d’acidité des sols où poussent des feuillus.
Ce son les causes de ce degré élevé d’acidité qui devront être mises à jour si on veut que nos arrière-petits-enfants puissent un jour goûter eux aussi au sirop d’érable.
(Texte publié dans La Presse le 15 avril 1985).

Feuille d’érable, photographie de GrandQuebec.com.
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