Le Canada et la neige (le Canada vu par Voltaire)
Le Canada, ce n’est que quelques arpents de neige… Telle est l’opinion de Voltaire au sujet du Canada. La question est: «Est-il vraiment l’auteur de cette phrase ?»
Mais oui, le grand philosophe l’a écrite. Cependant, il s’agit en fait de l’opinion de Martin, personnage du célèbre roman Candide.
Martin est l’ami de Candide, souvent original, parfois controversé, mais toujours sympathique.
Mais cette phrase reflète t-elle l’opinion de Voltaire ? Difficile à dire…
Voici la citation, tirée de Candide :
«Vous connaissez l’Angleterre, y est-on aussi fou qu’en France? C’est une autre espèce de folie, dit Martin ; vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut. De vous dire précisément s’il y a plus de gens à lier dans un pays que dans un autre, c’est ce que mes faibles lumières ne me permettent pas. Je sais seulement qu’en général les gens que nous allons voir sont fort atrabilaires. »
Voltaire
Auteur de tragédies, de contes philosophiques, d’ouvrages historiques, Voltaire participe à l’Encyclopédie et combat l’intolérance et l’injustice.

De la Bastille à l’exil
François Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778) est fils de notaire et étudie d’abord chez les Jésuites. Parrainé par l’abbé de Châteauneuf, il séjourne aux Pays-Bas, avant d’être emprisonné à la Bastille pour des écrits contre le Régent (1717-1718). Après son « Œdipe » (1718) qui le fait connaître, une dispute avec le Chevalier de Rohan-Chabor lui vaut d’être bastonné et de retourner à la Bastille. Il passe ensuite trois ans d’exil en Angleterre, où la fréquentation des milieux libéraux le conduit à faire l’apologie de la liberté et de critiquer les mœurs de la société française, avec, entre autres, ses « Lettres philosophiques » (1734).
Devenu le protégé de la marquise du Châtelet, il vit sur ses terres de Lorraine où il poursuit son intense activité littéraire, écrivant des tragédies historiques (« La Mort de César », 1735), des satires (« Le Mondain », 1736), des comédies (« L’enfant prodigue », 1736), ou encore les « Éléments de la philosophie de Newton » (1738), tout en voyageant en Allemagne et en Hollande.
Puis rentré en grâce auprès du pouvoir après le « Poème de Fontenoy » (1745), il devient historiographe du roi et entre à l’Académie Française (1746). Il écrit alors « Zadig » (1747), « Sémiramis » (1748), et « Oreste » (1750), mais reste suspect par sa collaboration à l’Encyclopédie « avec ses articles « élégance », « esprit », « imagination ». Aussi, après la mort de la marquise de Châtelet (1749), part-il pour Potsdam, à l’appel du roi de Prusse Frédéric II (1750-1753). Il y écrit « Le siècle de Louis XIV » (1751) et « Micromégas » (1752). Brouillé avec le roi et mal vu en France, il s’installe dans la région de Genève (1755). Il s’attaque alors aux catholiques avec sa « Pucelle » (1755) comme avec l’« Essai sur les moeurs » (1756), puis publie « Candide » (1759).
L’ermite de Fernay
Il se retire ensuite à Fernay, dans le pays de Gex, où il demeure jusqu’en 1777, y tenant une « cour » internationale de l’esprit, et échangeant une correspondance considérable (avec en particulier Catherine II). Durant ces années, il écrit le « Traité sur la tolérance » et le « Dictionnaire philosophique », ainsi que des romans et pièces de théâtres, comme « Tancrède » ou « L’Ingénu ». Il obtient aussi la réhabilitation de Jean Calas, calviniste injustement exécuté.
Âgé de plus de quatre vingt ans. Voltaire connaît enfin la consécration parisienne en étant accueilli avec éclat à l’Académie Française, alors que sa pièce « Irène » est jouée à la Comédie Française. Mais il meurt peu de temps après, le 30 mai 1775.
L’esprit voltairien
Tout en se consacrant à des genres littéraires différents, Voltaire a toujours poursuivi un même objectif : lutter contre l’injustice, l’intolérance religieuse, l’absolutisme politique, la philosophie métaphysique; il cherche à promouvoir le sens critique et une meilleure connaissance de soi et de son temps. Considéré comme précurseur de l’esprit révolutionnaire, il n’en demeure pas moins assez conservateur en espérant une « monarchie éclairée » plutôt qu’un changement radical de l’ordre social.
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