Vivre sous l’eau : Expérience de Lalyman
Au cours d’une récente conférence pratique de sauvetage, un nageur français, M. de Lalyman, a fait une très curieuse démonstration de sa méthode qui donne la possibilité de vivre sous l’eau, c’est-à-dire, de pouvoir y exécuter tous les mouvements exécutés normalement sur terre, sans le secours d’aucun équipement, sans nager, sans aspirer d’air avant d’entre dans l’eau.
Monsieur de Lalyman descend par une échelle dans son bassin, il y fait sa toilette complète, se rase, se peigne, pèle une pomme de terre et la mange, boit un flocon de vin, simule une petite sieste complètement étendu au fond de l’eau, joue avec des boules de billard, enfin s’assied à son bureau et fait sa correspondance.
La démonstration dure une heure et quarante environ et les temps d’immersion sont de soixante minutes au total, sans que cet athlète nouveau style en ressente la moindre fatigue.
Pour écarter chez les spectateurs tout soupçon de supercherie, M. de Lalyman commence ses expériences par celle du ludion humain : immobile, les coudes au corps, il exécute tous ses actes au commandement, coule quand on le lui dit, s’arrête à l’indication « halte ! » etc.
Monsieur de Lalyman, dans le Miroir, se défend d’être un phénomène et indique les principes essentiels de l’entrainement qui lui permet de varier à volonté sa densité par un jeu d’air qui circule dans le corps, et qui, dilaté dans les poumons, peut être refoulé dans l’estomac où il se comprime, occupant ainsi un volume moindre, ce qui amène un changement de densité du corps humain, qui arrive à s’équilibrer avec celle de l’eau, même de l’eau de mer où des essais ont été faits par douze mètres de fond.
La base de la méthode est la pratique quotidienne des mouvements respiratoires classiques en culture physique, accompagnée d’immersion de la tête dans une cuve d’eau. Après avoir réussi à rester un long temps sans respirer, il faut, sans lâcher l’air à l’extérieur, lui faire effectuer un va-et-vient des poumons à la bouche et inversement, en utilisant la glotte comme clapet.
Puis il faut s’habituer à refouler l’air dans l’estomac, comme un fumeur qui avale la fumée de sa cigarette. Une maladie existe, d’ailleurs, l’aérophagie, qui présente exactement ce mètre caractère.
Un homme qui plonge à vide d’aire coule, mais M. de Lalyman a sur lui la réserve comprimée, qui lui permet de remonter plus ou moins à la surface quand l’envie lui en prend.
Très amusant ! Très utile aussi, pour acquérir le sentiment de sécurité dans l’eau, pour exécuter des sauvetages, pour remplacer des scaphandriers dans des cas simples et urgents, etc.
La science sportive se mettrait-elle à réveiller des organes que nous ignorons ?
(Tiré du journal L’Abitibi. Je sers ! Le seul organe français du Nord-Ouest de Québec et du Nouvel-Ontario. Texte publié le jeudi, 6 octobre 1921).
