Le dessin d’Henri Julien – Vieux de ’37
Vieux de ’37 : Vous avez certainement vu ce dessin. Il s’agit du dessin le plus célèbre au Québec, qu’on porte lors des manifestations, sur les tee-shirts (oups, les gaminets, si vous préférez), dans des versions «modernisées» (le Vieux ayant un iPod ou étant vêtu d’un chandail des Canadiens de Montréal).

Vous savez certainement qu’il s’agit d’une image d’un vieux patriote, mais d’où vient ce fameux dessin et pourquoi on parle du «Vieux de ’37» ?
Voici la réponse :
Il s’agit d’une œuvre de l’artiste Henri Julien, créée vers 1880 et publiée une première fois pour émailler un poème de Louis Fréchette, «Le vieux Patriote».
Selon l’historienne Marianne Thibeault, le vieux Patriote se bat mais surtout, il se souvient.
Son arme première, c’est la mémoire et sa mission : instruire les générations à venir.
Pas étonnant que le «Vieux de ’37» soit devenu une icône nationale brandie lors des événements majeurs qui ont fait le Québec contemporain, dont notamment la Crise d’octobre 1970.
Un grand artiste canadien
Henri Julien a le mérite de s’être formé seul ; il a encore celui d’être l’un des premiers artistes qui aient fait des dessins pour les journaux quotidiens ; enfin, il était doué d’une mémoire spéciale et il avait une facilité d’exécution merveilleuse. Un petit incident que je traduis librement du Star en donnera une idée.
Durant la visite à Montréal du célèbre docteur Lorentz, M. Julien fut prié d’assister à une. clinique de l’éminent praticien dans un de nos hôpitaux. Comme, on le conçoit, Julien en profita pour faire une esquisse rapide du chirurgien.
Ensuite, il quitta la salle d’opération et il se dirigeait vers la sortie, quand il fut interpelé par un médecin de l’institution. Ce personnage avait été offusqué de ce qu’un dessinateur de journaux eût eu l’audace de pénétrer dans la salle d’opération. Il demanda à M. Julien de. lui montrer son esquisse.
*
Notre compatriote remit tout bonnement son crayonnage, hâtif au médecin qui le déchira et le jeta au loin. M. Julien ne dit mot. Il se rendit au bureau du journal. Ensuite, il dessina de mémoire un portrait tellement fidèle du fameux chirurgien que le public s’en émerveillit.
Julien, d’ailleurs, avait besoin de cette faculté extraordinaire, car les modèles qu’il avait à fixer dans la rue, dans les cours de justice, dans les banquets, les assemblées politiques, ne pouvaient poser longtemps. Il fallait tout saisir au vol, pour ainsi dire. Aussi ne notait-il sur son papier que trois ou quatre traits caractéristiques. Le reste, il le photographiait dans son cerveau. Ainsi en complétant son dessin tous les détails prenaient leurs places exactes.
En dessin à la plume, notre compatriote avait une technique à lui, extraordinairement variée qu’il devait sans doute à ce qu’il possédait à fond tous les procédés de gravure. Aussi, en tant que dessinateur, n’avait-il pas d’égal en Amérique et probablement dans le monde entier. Julien avait encore d’autres qualités ; il maniait le pinceau avec habileté et ses tableaux à la peinture, à l’huile ou à l’eau étaient fort appréciés.
(La Revue Populaire. E.-Z. Massicotte).
Henri Julien est né en 1851 et il est mort en 1908. C’est le plus grand dessinateur à la plume que le Canada a produit.