L’Univers et nous

Notre Univers ou rien !

On peut considérer l’histoire de la civilisation comme le lent éveil de l’être humain à la conscience d’appartenir à un groupe plus vaste. Au début, son loyalisme ne se manifestait qu’à l’égard de lui-même et de sa famille immédiate; le cercle de ceux qu’il aimait s’élargit ensuite à une bande de chasseurs nomades, puis à une tribu, à un campement, à une cité-État, à une nation.

Nous avons conservé l’idée qu’une personne, ou une société, qui diffère tant soit peu de nous, quoi que nous soyons, est une bizarrerie dont il faut avant tout se méfier. Songez l’Inflexion péjorative qui accompagne des phrases comme « il n’est pas d’ici », ou « il n’est pas comme nous ». Il vaudrait mieux reconnaître que les monuments et les cultures de nos différentes civilisations représentent chacun une certaine façon d’être humain.

Un visiteur extra-terrestre qui chercherait les différences existant entre les sociétés humaines les trouverait négligeables en comparaison des similitudes. Si le Cosmos comporte une population dense d’êtres intelligents, n’oublions pas la leçon darwinienne : ce ne seront nulle part des humains. Nous sommes les seules. Ici, sur cette petite planète. Nous constituons une espèce aussi rare que menacée.

Dans une perspective cosmique, chacun de nous est précieux. Un humain est-il en désaccord avec vous? Laissez-le vivre. Dans la centaine de milliards de galaxies, vous ne trouveriez pas son pareil.

Des groupes de gens venus d’horizons ethniques et culturels divergents parviennent à travailler ensemble – expérience, certes, humanisante et qui forme le caractère. Si nous devons survivre, il nous faudra étendre davantage encore notre loyalisme, jusqu’à lui faire englober la communauté humaine tout entière, l’ensemble de la planète Terre.

Il y a quelques millions d’années, les humains n’existaient pas. Qui sera là dans quelques millions d’années? Durant les 4,6 milliards d’années de l’histoire de notre planète, nous ne nous sommes guerre éloignés d’elle. Nos petits engins explorent déjà l’espace. Étincelants, élégants, ils naviguent à travers le système solaire. Nous sommes déjà partis en reconnaissance d’autres mondes, en particulier vers les planètes visibles à l’œil nu – ces lumières nocturnes mouvantes qui éveillent chez nous nos ancêtres le besoin de comprendre et l’extase.

Si nous survivons, notre époque restera dans l’histoire pour deux raisons : parce qu’à ce stade de nos adolescence technologique nous aurons su éviter l’autodestruction; et parce que nous aurons entreprise de voyager vers les étoiles.

Comme le dit un jour Herbert George Wells dans un contexte différent, le choix est clair : notre Univers ou rien.

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L’univers n’est pas éternel, mais si rien n’est pas éternel, alors, la fin n’est-elle pas aussi, éternelle? (Citations de Meg Jorgensen). Image :Megan Jorgensen.

L’âge de l’Univers

Notre univers serait né dans une grande déflagration ou explosion primordiale, il y a environ 14 milliards d’années. Cette déflagration, qu’on appelle le Big Bang, aurait créé l’univers à partir d’un état extraordinairement petit, chaud et dense. Mais comment les astrophysiciens ont-ils pu dater l’univers?

Il semblerait que c’est plutôt simple, parce que pour l’obtenir l’âge de l’univers il suffirait d’observer une galaxie, de mesurer sa vitesse d’éloignement due à l’expansion de l’univers et de diviser une quantité par l’autre, parce que l’âge de l’univers est l’intervalle de temps qui sépare l’instant où toute la matière des galaxies était rassemblée de l’instant présente.

La vitesse d’éloignement des galaxies, qui n’est autre que la vitesse d’expansion de l’univers, est facilement mesurable.

Cependant, l’âge de l’univers obtenu en divisant la distance d’une galaxie par sa vitesse, est exact si la vitesse des galaxies est constante et n’a jamais varié en fonction du temps. Or, nous savons que ce n’est pas le cas.

En effet, on croit aujourd’hui que notre univers fut en décélération pendant les sept premiers milliards d’années de son existence, puis, à partir du 7e milliard d’années, l’univers s’est accéléré. Ainsi, l’âge obtenu en divisant la distance d’une galaxie par sa vitesse devra être corrigé en tenant compte de ces effets d’accélération et de décélération.

Bref, l’âge de l’univers obtenu en mesurant distances et vitesses de fuite pour de nombreuses galaxies et en corrigeant les données par rapport aux changements de la vitesse, est d’environ 13,7 milliards d’années.

Le mouvement de fuite des galaxies nous a servi de sablier cosmique pour dater l’univers, mais d’autres sabliers cosmiques nous permettent eux aussi de cerner l’âge de l’univers. Les astronomes peuvent déduire l’âge des étoiles en examinant leurs caractéristiques physiques telles que leur masse ou leur brillance, ainsi que leurs couleurs. On a conclu que l’âge des étoiles dans les amas globulaires, les plus vieilles de l’univers, se situe entre onze et dix-huit milliards d’années (l’imprécision de cet âge vient surtout du fait qu’on connaît mal la distance à ces amas globulaires, et donc la luminosité intrinsèque de leurs étoiles.

En tout cas, l’âge de l’univers déterminé par le mouvement de fuite des galaxies se situe bien entre ces deux limites : le deuxième sablier cosmique donne à peu près la même réponse sur la durée de l’existence de l’univers.

Il y existe cependant un troisième sablier cosmique basé sur la durée de vie de certains atomes radioactifs. Ces atomes ne sont pas éternels. Au bout d’un certain temps, les atomes se désintègrent spontanément en éjectant particules et rayonnements nocifs pour l’être humain (par exemple, des expositions répétées à des produits radioactifs peuvent être à l’origine de certains cancers). En se désintégrant, les atomes radioactifs se métamorphosent en d’autres atomes. Le calcul du nombre d’isotopes (ces atomes métamorphosés) permet de déduire l’âge d’un objet et de dater de façon très précise tout objet contenant des atomes d’uranium. L’uranium est né lors de l’agonie explosive des étoiles massives. Grosso modo, l’âge des atomes les plus anciens se situe de nouveau entre 10 et 20 milliards d’années.

On constate donc qu’il n’y a a priori aucune connexion directe entre les trois sabliers cosmiques, aucun lien apparent entre le mouvement de fuite des galaxies, l’évolution des étoiles et la désintégration des atomes. Et pourtant, les trois méthodes donnent la même fourchette d’âge pour l’univers ce qui ne saurait être l’effet du hasard.

À moins d’une immense conspiration cosmique pour nous induire en erreur, il faut y voir un triomphe de la théorie du Big Bang : il y a eu un début de l’univers, il y a quelque 15 milliards d’années.

Une autre conclusion importante peut être tirée de ces calculs : on peut apprendre la date de la fin de notre univers et de tout ce qui nous entoure. Et ce sera une vraie fin… la fin de l’univers.

Une note finale :

Hébélogie : Du mot Hébé, déesse de la jeunesse. Ensemble des travaux consacrés à l’étude de l’adolescence.

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