Trécarré et Trait-carré

Noms de Trécarré et Trait-carré au Québec

Au Québec, le trécarré n’a pas toujours la même signification. Dans le tome 2 de Mythes et réalités de l’histoire du Québec, paru en 2004, l’historien Marcel Trudel associe le terme à une clôture : « En une terre de Charlevoix où j’ai habité, une clôture est toujours appelée trécarré, séparant ce qui était le domaine personnel du seigneur et les terres en censive. »

Il existe des ruisseaux Trait-carré à Carignan, à Coteau-du-Lac, à Henryville, à Richelieu, à Sainte-Brigide-d’Iberville, à Saint-Augustin-de-Desmaures, à Saint-Honoré, à Saint-Lambert-de-Lauzon, à Saint-Lazare, à Saint-Polycarpe, à Très Saint-Rédempteur, tandis qu’il y a un ruisseau Trécarré à Salaberry-de-Valleyfield.

En d’autres endroits, on trouve une rue de Trécarré à Varennes et un chemin Trécarré à Percé, comme l’a relevé Alcide Roy dans son autobiographie « T’es chanceux Alcide ! (2000) : « Quand tu dis qu’il n’y avait rien, rien, rien. Ici à Val-d’Espoir, des hommes allaient à l’Anse-à-Beaufils, à pied, par la « trait » du trécarré du VI se chercher de la morue que les pêcheurs leur donnaient ou qu’ils payaient dix ou vingt-cinq cents. »

Le trécarré se définit aussi comme une ligne d’arpentage où aboutissent à la perpendiculaire, les lignes latérales des lots, comme la démarcation des terres d’un rang double ou comme une parcelle à l’arrière d’une terre. Un about est alors, selon l’Atlas historique du Québec – Territoire (1997), « une portion de terre ajoutée aux lots d’un rang après la concession initiale ». Les historiens s’entendent sur une origine du trécarré, ici au Québec, qui remonte aux débuts du Régime français. Certains ont attribué à l’intendant Jean Talon le premier plan de cadastre radial où les terres, découpées en triangles isocèles ou scalènes et disposées en éventail, forment un carré autour de l’église. D’autres en accordent plutôt la paternité aux jésuites, qui ont établi un tel noyau de peuplement dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges en 1665, dans le but de rapprocher les habitants les uns des autres pour qu’ils puissent plus facilement se prêter mutuelle assistance.

Le meilleur exemple en est le noyau de peuplement de Bourg-Royal dans l’arrondissement de Charlesbourg à Québec, classé arrondissement historique par le gouvernement québécois en 1965.

Ruisseau du Trécarré

D’une longueur d’à peine 5 km, ce ruisseau, situé dans la municipalité de Saint-Timothée, en Montérégie, s’écoule vers le Saint-Laurent à partir des environs d’une ligne d’arpentage appelée trait-carré (ou trécarré), tracée perpendiculairement, et sur laquelle viennent aboutir des lots anciennement concédés. Ce trait-carré est déjà signalé dans les actes d’érection canonique et civile de la paroisse de Saint-Timothée, en 1829 et en 1835. On a relevé plusieurs variantes de ce toponyme, notamment Coulée des Concessions, Cours d’eau de la Coulée des Concessions, Cours d’eau des Concessions du Tré Carré et Ruisseau du Tré-Carré. Cette dernière appellation a donné naissance à la forme qu’on connaît aujourd’hui.

(Tiré du Dictionnaire géographique du Québec, par l’historien et géographie Normand Cazelais, éditions FIDES, 2018).

Voir aussi :

Coin du Chemin de Trait-Carré et rue Wagner à Laval. Photographie de GrandQuebec.com.
L’effroyable écriture d’un grand nombre de manuscrits est la principale cause des coquilles. En général, les plus mauvais calligraphes se lisent très bien eux-mêmes, et ils en tirent naturellement la conséquence que le compositeur les déchiffrera tout aussi bien qu’eux: comme cette conséquence n’est rien moins que rigoureuse, il en résulte les plus affreuses coquilles. (Eugène Boutmy Dictionnaire de l’argot des typographes (1883). Coin du Chemin de Trait-Carré et rue Wagner à Laval. Photographie de GrandQuebec.com.

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