Tatouages

Tatouages au Québec

Comment voyait-on le tatouage dans les années 50 du dernier siècle

(par Charles Bardenat, publié en 1951 dans le Manuel alphabétique de psychiatrie, à Paris)

Le tatouage de la peau s’observe assez souvent chez les psychopathes pour que certains auteurs aient pu le considérer « signe acquis de dégénérescence » (Rogues de Fursac).

Il est en fait surtout fréquent chez les criminels d’habitude et les pervers constitutionnels parmi lesquels se recrutent bon nombre des précédents.

Plus ou moins abondants et étendus, frustes on naïfs et procédant d’un art primitif ou bien réalisant de véritables œuvres à prétention esthétique, la matière en est assez variée.

Elle peut consister en inscriptions diverses (noms propres, dates aphorismes, devises, etc.), susceptibles de préciser le caractère et les préoccupations du sujet.

Mais les dessins eux-mêmes, s’ils n’ont parfois qu’une consistance banale (ornements variés), sont souvent riches de signification (personnages, schémas ou tableaux obscènes, symboles, marques secrètes….).

Le tatouage se propage habituellement chez les déséquilibrés et les pervers par le jeu d’un prosélytisme dépravé et d’une émulation de mauvais aloi, en particulier dans les prisons, les lieux de débauche, certains groupements de recrutement spécial (bataillons disciplinaires), rarement à l’hôpital et à l’asile).

Il constitue souvent un exutoire ou une bravade.

On le rencontre accessoirement dans certains états aigus comme la manie ; exécuté alors avec des moyens sommaires et des procédés non indélébiles, il représente plutôt une modalité de barbouillage.

Il faut distinguer de ces tatouages d’essence pathologique ceux qui répondent à des inspirations quasi traditionnelles dans certains corps ou métiers (marine) et auxquels se soumettent par suggestibilité* les sujets à personnalité malléable et ceux qui sont consacrés par les rites magicofétichiste (peuplades primitives, indigènes, nord-africains), en vue de se concilier les esprits protecteurs ou d’éloigner les mauvais génies.

Ch. Bardenat.

Tatouages
« Nous recevons tous au berceau les croyances de notre tribu en tatouage ; la marque peut sembler superficielle, elle est indélébile. » (Oliver Wendell Holmes, médecin et écrivain américain). Photo : © GrandQuebec.com.

Suggestibilité*

Disposition mentales particulière qui donne à certains sujets une réceptivité et une soumission trop facile aux influences qui peuvent s’exercer sur lui.

Cette disposition spéciale est généralement en rapport soit avec une débilité mentales plus ou moins accusée, avec carence de jugement et de l’esprit critique (naïveté, crédulité), soit avec un désordre affectif passager ou permanent qui paralyse les moyens de contrôle (hyperémotivité), soit avec un dérèglement imaginatif qui entraîne l’esprit en dehors du plan de la réflexion.

Fréquente chez les débiles mentaux, la suggestibilité est aussi un des traits dominants de la mentalité hystérique. La suggestibilité, en pareil cas, s’exerce tout aussi bien dans le domaine de la vie intérieure (autosuggestibilité) qu’au regard des suggestions extérieures (hétérosuggestibilité). Dupré avait créé le terme de psycho-plasticité pour définir la disposition mentale des hystériques.

À côté de ces suggestibilités qu’on pourrait dire constitutionnelles, il y a des suggestibilités acquises, accidentelles, passagères ou permanentes en rapport avec des états pathologiques : suggestibilité dans les états d’affaiblissement intellectuel et les démences par fléchissement du jugement.

En ce dernier cas, la suggestibilité prend parfois l’aspect de l’approbativité.

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