Comment on faisait du feu
Les premières allumettes
Par Hector Berthelot
Les allumettes chimiques n’étant que d’invention moderne, le feu, comme du temps d’Adam, se prenait dans les veines du caillou.
À Montréal, en 1820, on battait encore le briquet comme le voisin de Pierrot de la chanson « Au clair de la lune ».
Dans la cuisine, on trouvait la boîte à feu renfermant l’amadou. Cette boîte était en tôle d’une hauteur et d’un diamètre d’environ cinq pouces. Le couvercle se glissait dans l’intérieur et étouffait l’amadou lorsque l’allumette souffrée avait pris feu. L’amadou était préparé en faisant brûler du vieux linge et l’étouffant avant qu’il fut entièrement consumé. Lorsque le feu était éteint dans le poêle ou dans le foyer on avait recours au briquet.
On battait un briquet d’acier contre un morceau de silex ou de pierre à fusil au-dessus de l’amadou de la boîte à feu jusqu’à ce qu’une étincelle l’enflamma. Alors on prenait une longue allumette souffrée et on la plongeait dans la boîte jusqu’à ce qu’elle prit feu. En hiver, les poêles ne s’éteignaient jamais et en été des tisons couvraient presque toujours sous la cendre de l’âtre.
On ne courait au briquet que lorsque les feux étaient complètement éteints dans la maison. Le fumeur portait toujours son briquet de poche avec un morceau de « tondre », usage qui s’est conservé encore dans nos campagnes.
Vers 1830, des briquets phosphoriques furent introduits en Canada. C’était de petites boîtes cylindriques en fer blanc s’ouvrant aux deux extrémités. Dans la partie inférieure étaient une centaine d’allumettes souffrées ou trempées dans une composition chimique. Dans la partie supérieure se trouvait une petite fiole bouchée à l’émeri contenant du phosphore préparé. On trempait l’allumette dans le phosphore et elle s’enflammait aussitôt. Un briquet phosphorique se vendait deux chelins.
Les allumettes souffrées, taillées dans le cèdre, jusqu’en 1845, se vendaient dans les rues par des gamins qui criaient : Bonnes allumettes ! Trois paquets pour deux sous !
L’allumette chimique à sa première apparition à Montréal s’offrait au public sous la forme d’un petit peigne. Nous croyons que ces allumettes chimiques primitives se fabriquent encore (Note de GrandQuebec : 1884) à Charlesbourg, près de Québec.
Vers 1840, on vendait des allumettes chimiques importées d’Angleterre. Ces allumettes étaient très minces et on les enflammait en les frottant entre une feuille double de papier sablé.
L’allumette chimique ordinaire a été vulgarisée à Montréal vers 1847 ou 1848.
(Hector Berthelot Le vieux bon temps)

Painted Brick Wall. Photo : © GrandQuebec.com.
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