Plaider pour la Terre

Plaidoirie pour la Terre

Dans l’Univers, il est des mondes sur lesquels la vie n’est pas implantée. Il en est qui ont été brûlés, ruinés, par des catastrophes cosmiques naturelles. Mais la Terre a eu de la chance. Les humains sont vivants, ils sont puissant à l’échelle de la planète et le bien-être de la civilisation et de l’espèce est entre leurs mains.

L’espèce humaine est en train de s’engager dans une grande aventure qui, menée à bien, marquerait une étape aussi importante que la colonisation de la terre ferme ou l’abandon des arbres par les ancêtres de l’homme. Tâtonnant, hésitant encore, les humains tentent de briser les entraves terrestres, métaphoriquement, en maîtrisant les impulsions des parties les plus primitives de leur cerveau, concrètement, en se lançant vers les planètes et en tendant l’oreille à l’écoute des messages qui viendraient des étoiles.

Comment s’y prendrait-on pour expliquer la course mondiale aux armements à un observateur extra-terrestre impartial ? Tenterait-on de convaincre cet observateur que les dizaines de milliers d’ogives nucléaires déjà braquées sur leurs objectifs sont destinées à accroître nos possibilités de survie ? Quel compte rendu ferions-nous de notre gestion de la planète Terre ? En fait, nous avons entendu les raisons avancées par les superpuissances nucléaires. Nous savons qui parle au nom des nations. Mais qui parlera au nom des espèces qui habitent la Terre ? Qui plaide pour la Terre ?

Nous prenons plaisir à la compagnie des autres, nous nous intéressons les uns aux autres. Nous coopérons et l’altruisme est inscrit en nous. Nous avons décrypté quelques-uns des schémas de la Nature. Nous ressentons suffisamment le besoin de travailler ensemble et nous avons su en trouver les moyens.

Enfants du Soleil

La Terre est un lieu de beauté et de calme. On peut y vivre sans jamais connaître de catastrophe naturelle plus grave qu’une tempête, et c’est ainsi que les hommes sont devenus si inconscients, si détachés et si satisfaits d’eux-mêmes. L’humanité a donc le douteux privilège technique de pouvoir créer elle-même ses propres désastres, qu’ils soient volontaires ou accidentels. D’ailleurs, des processus naturels transforment le paysage de ce monde habitable.

On souligne la chance qui est la nôtre, celle de vivre sur une planète parfaitement appropriée à la vie : oxygène dans l’atmosphère, température modérée, eau sous la forme liquide… Mais une telle assertion constitue, du moins en partie, une confusion entre la cause et l’effet. En fait, c’est nous, les Terriens, qui sommes parfaitement adaptés à ce milieu, puisque nous nous y sommes développés. Les premières formes de vie qui n’étaient pas adaptées ont disparu. Ainsi, nos ancêtres furent des organismes qui se débrouillaient bien. Des organismes ayant évolué dans un monde très différent en chanteraient aussi sans aucun doute les louanges.

Les espèces vivant sur la Terre sont toutes très proches les unes des autres : même chimie organique, même patrimoine hérité de leur évolution. De ce fait, les études des biologistes terriens restent extrêmement limitées, car elles ne possèdent qu’un seul terrain d’observation.

L’existence de créatures intelligentes est un facteur important qui peut entraîner des changements dans le climat et le paysage de la Terre. Un effet de serre dû au dioxyde de carbone et à la vapeur d’eau se produit sur la Terre comme sur Vénus. Sans cet effet, la température de notre planète serait inférieure à zéro degré, les mers gèleraient et la vie ne pourrait se développer.

Les animaux et les plantes de la Terre, aussi bien que l’architecture de nos immeubles, sont conçus pour 1g. Si la gravité était notablement moindre, des formes très hautes et grêles ne s’écraseraient pas au sol sou l’effet de leur poids. Si la gravité était notablement supérieure, animaux, plantes et structures architecturales devraient, pour ne pas s’écrouler, avoir des formes aplaties et trapues.

Nous sommes des enfants du Cosmos, mais le Cosmos demeure un continent inexploré, peuplé d’êtres exotiques aux dimensions stellaires. L’humanité est partie en reconnaissance, et elle en a rencontré qui avaient pour elle quelque chose de familier. La bizarrerie de certains autres a dépassé nos anticipations les plus échevelées. Mais l’exploration ne fait que commencer et les voyages déjà accomplis suggèrent que bien des habitants du continent cosmique nous sont encore inimaginables.

Terre Rare

Pour plusieurs, la Terre serait un phénomène unique dans l’Univers et sa civilisation ne devrait son existence qu’à un extraordinaire concours de circonstances.

Pour les partisans de l’hypothèse de la Terre rare, c’est sûr : cette planète a cumulé les conditions favorables.

Quelles seraient donc ces circonstances :

La première concerne l’endroit où la Terre s’est formée. En effet, d’une part, la planète se trouve dans une zone habitable de son étoile. Ni trop proche du Soleil, ni trop éloignée, elle bénéficie ainsi d’une température lui permettant de renfermer un ingrédient essentiel à la vie : l’eau à l’état liquide.

Une autre circonstance concerne le fait que le système solaire et donc la Terre, auquel la planète appartient, se trouve, lui, dans la zone habitable de la Voie lactée. Trop proches du centre de la galaxie, où se trouvent de très fortes concentrations d’étoiles, nous aurions été sous la menace de l’explosion de supernovæ. Nous aurions été constamment soumis à de violents rayonnements. La formation de planètes suffisamment massives pour retenir océans et atmosphère, deux paramètres indispensables à l’émergence d’une vie évoluée, y serait beaucoup plus difficile.

Être situé au bon endroit ne suffit pas! Encore fait-il y rester assez longtemps pour qu’apparaissent les premiers animaux. Sur Terre, cela aurait pris de 3 à 4 milliards d’années. Or, la zone habitable d’une étoile recule à mesure que l’étoile vieillit. La durée de vie de cette dernière doit donc être assez longue pour que les planètes restent dans sa zone habitable. Là encore, cette planète a fait bonne pioche : la durée de vie du Soleil est de 10 milliards d’années.

Autre spécificité de la Terre : La tectonique des plaques, qui intervient dans le maintien à long terme d’une température de surface stable. Les sédiments qui disparaissent sous la croûte terrestre au niveau des zones de subduction émettent du dioxyde de carbone, d’où un effet salutaire qui permet de maintenir une température moyenne de 20 degrés Celsius, donc de renfermer de l’eau liquide.

Finalement, décidément chanceuse, la Terre bénéficie par ailleurs de la protection de deux bonnes fées : la première fée, c’est la Lune qui stabilise l’axe de rotation de la Terre et, du même coup, son climat. De fait, sans l’attraction de notre satellite, l’axe de la Terre pourrait tourner de 90 degrés en seulement quelques milliers d’années. Le pôle Nord se retrouverait à la place du Sahara, le climat serait bouleversé, menaçant les espèces vivant à la surface.

La deuxième bonne fée, c’est Jupiter. Si, depuis 550 millions d’années, la planète Terre n’a eu à subir que très peu d’impacts de météorites pouvant provoquer des extinctions de masse, ce serait en effet grâce à la géante gazeuse. Du fait de sa taille, Jupiter a très tôt fait le ménage dans le système solaire interne, le débarrassant des planétoïdes non incorporés aux planètes et tenant à distance les gros astéroïdes.

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Si les habitants de la Terre ne plaident pas pour elle, qui le fera ? S’ils ne sont pas les défenseurs de leur propre survie, qui le sera ? © Image : Megan Jorgensen.

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