Noms de famille québécois : Les Langelier

Tous les Langelier ont un ancêtre commun venu de Normandie

Notons d’abord que la station de métro montréalais Langelier rend hommage à une figure politique : François-Charles-Stanislas Langelier, ministre des Terres et trésorier du Québec, maire de la ville de Québec, puis lieutenant – gouverneur de la province. C’est en 1914 que l’on donna son nom à une rue devenue boulevard en 1968.

Les Langelier de vieille souche descendent tous d’un seul et même couple qui contracta mariage à Québec. Sébastien Langelier, fils de Michel et de Catherine Bidaut, était originaire de Fresquienne et avait été baptisé dans l’église de la paroisse Saint-Lubin, vers 1616, si l’on se base sur l’âge qu’il déclara à la faveur de deux recensements : 50 ans en 1667 et 64 en 1681.

Fresquienne est une petite commune de la Seine-Maritime, comptant mois d’un millier d’habitants. Elle est située à une quinzaine de kilomètres au nord de Rouen. Si, en sortant de Paris vers l’ouest, on emprunte la #13, jusqu’à Mantes-la-Jolie, la #13, à 10 kilomètres au-delà, nous ramène à #15, qui aborde Rouen par le sud mais qui contourne la ville  en suivant la rie droite de la Seine, puis continue résolument vers le sud. Après Notre-Dame-de-Bondeville et Malauney, on frôle le Mont-Réal, un lieu-dit de la commune de Montville. Au-dessus de Malauney se présente la D 44 qui, sur la gauche, franchit tout de suite Fresquienne, où existe toujours l’église ancestrale.

On ne sait en quelle année Sébastien Langelier arriva en Nouvelle-France, mais les registres des confirmations nous révèlent que le 10 août 1659, il recevait ce sacrement en même temps que près de 200 autres personnes. Mgr François de Laval, récemment nommé vicaire apostolique en Nouvelle-France, était arrivé à Québec à la mi-juin de cette année-là et n’avait pas tardé à exercer ses fonctions épiscopales. Chose étonnante, on dit que le jeune homme était alors âgé de 23 ans, ce qui le ferait naître vers 1626.

Le 12 novembre 1665, par-devant le notaire Pierre Duquet, Sébastien signait un contrat de mariage avec Marie de Beauregard, fille d’Olivier et de Philippe Ardouin de la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois, à Paris, dont l’église, place de Louvre, recèle les vestiges de cinq siècles d’architecture : elle date du XIIe siècle. C’est ici que Samuel de Champlain épousa Hélène Boullé en 1610. Cette paroisse devint celle des rois de France lorsque les Valois s’installèrent au palais du Louvre.

Lors du recensement de 1667, le coupe est établi sur une terre au Cap-Rouge, en amont de Québec, et cultive cinq arpents, mais n’a pas encore d’enfant. Selon les recenseurs, Sébastien a deux fois et demie l’âge de sa compagne. Elle n’a que 20 ans. C’est seulement en 1670, le 12 octobre, que naîtra un premier fils, Charles. Le 2 juillet 1692, il devait épouser Françoise Destroismaisons, fille de Philippe et Martine Crosnier. Nous y reviendrons.

Un deuxième fils, Pierre, naquit en 1673 et fut baptisé à Sillery. Il décéda à l’Hôtel-Dieu de Québec à l’âge de 29 ans, mais ne semble pas s’être marié. Puis Marie-Anne vit le jour en 1678; à l’âge de 19 ans, elle fondait un foyer avec François Gély, fils d’un soldat originaire de Rabastens, au Languedoc. Le couple devait avoir six enfants. Enfin, un troisième fils devait naître vers 1782, mais il décéda prématurément à l’âge de 20 ans, alors qu’il était inscrit au séminaire de Québec.

Lors du recensement de 1681, Sébastien et son épouse habitent la haute ville de Québec, de même que leurs trois premiers enfants. C’est peu après que Sébastien disparu, car sa veuve se remariait avec Étienne Gélinas qui, en 1658, avait été engagé à La Rochelle par Pierre Boucher. Gélinas, déjà veuf, s’était marié en France. Il était père d’un fils, et Marie lui en donna deux autres. On ne connaît pas la date exacte du décès de Sébastien, et le généalogiste Paul-André Langelier croit qu’il mourut au cours d’une excursion, loin de son foyer.

C’est le fils aîné du couple, Charles, qui assura la continuation de la lignée avec Françoise Destroismaisons, fille de Philippe et de Martine Crosnier. Le mariage fut célébré au Château-Richer le 2 juillet 1692. Philippe Destroismaisons, qui était dit Picard, fut l’un des pionniers de cette dernière localité, puis il traversa le fleuve pour se fixer au Cap-Saint-Ignace. C’est également là que le jeune couple s’établit. La troisième d’une famille de 12 enfants, Marie ne put battre le record de sa mère: elle aussi s’arrêta au douzième.

Deux fils fondèrent des foyers. Né en 1694, François épousa, en 1721, Angélique Bilodeau, fille de Simon et d’Anne Turcot, et la famille s’établit à Saint-François, île d’Orléans; neuf enfants naquirent de cette union, dont quatre fils qui se marièrent à leur tour puis s’installèrent à Saint-Joseph-de-Beauce. L’autre fils, Louis, né en 1696, conduisit à l’autel, en 1724, Marie-Geneviève Fortin, fille de Pierre et de Gertrude Hudon, qui lui donna huit enfants dont quatre fils; trois de ceux-ci fondèrent également des familles. C’est à L’Islet que le couple Langelier/Fortin s’était fixé.

En 1756, Lois contracta un deuxième mariage, avec Geneviève Domingo, veuve de François Caron, à qui elle avait donné 11 enfants; cette nouvelle unions demeura sans progéniture.

Nous avons noté que des fils de François s’étaient installés dans la Beauce. Or, un fils de Louis, Jean-Baptiste, eut 19 enfants de son épouse, Marie-Claire Bernier, et quatre des fils de ce couple essaimèrent dans la région de Saint-Hyacinthe.

(Tiré du livre Portraits de familles pionnières, par Robert Prévost, Éditions Libre Expression, 2016).

Famille Langlier et boulevard Langelier Québec
Boulevard Langelier de la ville de Québec en automne. Source de l’image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Boulevard_Langelier.jpg. Auteur: Jeangagnon.

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