Iroquois et Iroquoiens
On se demande parfois quelle est la différence entre les Iroquoiens du Saint-Laurent et les Iroquois. Certains pensent qu’il s’agit d’un même peuple.
En fait, il s’agit de deux nations amérindiennes différentes qui appartiennent à la grande famille linguistique iroquoienne.
Historiquement, bien avant l’arrivée des Européens, puis aux temps de la Nouvelle-France, les Iroquois habitaient dans le nord de l’État actuel de New York.
Quant aux Iroquoiens du Saint-Laurent, au moment de l’arrivée de Jacques Cartier, ils habitaient de vastes territoires dans la vallée du Saint-Laurent, entre Kingston et Tadoussac. Roberval et Cartier confirment qu’ils occupaient encore ses terres en 1541-1542, lors des tentatives de colonisation par la France du nord du continent américain. Cartier, par exemple, a vu plusieurs villages iroquoiens sur la rive nord du fleuve, dont le village de Stadaconé, dans les environs de la ville de Québec; d’autres villages plus petits le long du fleuve et la bourgade d’Hochelaga, située à l’emplacement de l’actuelle Montréal. Les traces d’autres villages contemporains ont été découvertes par des archéologues à l’Ouest, près de l’exutoire du lac Ontario.
La localisation exacte du village de Hochelaga à Montréal, tout comme celui de Stadaconé à Québec, demeure, par ailleurs, inconnue.
Une palissade de bois protégeait chaque village et Hochelaga regroupait plus de 2 000 habitants. Jacques Cartier a décrit des maisons longues à Hochelaga, mais il n’a laissé aucune description des habitations des autres villages iroquoiens.
Cependant, vers le début du siècle suivant, Samuel de Champlain, Gravé du Pont et quelques autres explorateurs nous rapportent que les Iroquoiens du Saint-Laurent ont été complètement dispersés et qu’il ne restait plus que de petits groupes de ce peuple jadis si nombreux. Au moment de l’arrivée de Samuel de Champlain, les Algonquins et les Iroquois pratiquaient la chasse et la pêche dans la vallée du Saint-Laurent, mais ni l’une ni l’autre tribu n’avait établi de villages permanents dans la vallée.
On ignore les raisons exactes de cette dispersion, peut-être une guerre avec Hurons, une conséquence des maladies contagieuses apportées par la première vague de colonisation ou encore une migration volontaire vers les Grands Lacs.
D’autres membres de la grande famille iroquoienne, les Hurons, qui, lors de la visite de Jacques Cartier, vivaient dans la région de la baie Georgienne, en Ontario, ont été repoussés par les Iroquois vers le nord lors de la seconde moitié du XVIe siècle. C’est d’ailleurs avec les Hurons que Champlain signe son traité d’alliance.
Les indices archéologiques témoignent des guerres entre les tribus iroquoises et huronnes avant l’arrivée des Européens, depuis des siècles.
Au milieu du XVIe siècle, avec l’arrivée des Français, la vallée du Saint-Laurent était probablement devenue une zone convoitée en raison de l’importance de la région pour le commerce avec les Européens et les Iroquoiens du Saint-Laurent en ont payé le prix. Des indices laissent croire que des survivants auraient trouvé refuge chez les Hurons, les Mohawk et les Algonquins.
La langue des Iroquoiens du Saint-Laurent est appelée le Laurentien par les linguistes. Elle fait partie de la famille des langues iroquoiennes qui comprend notamment le Mohawk, le Huron et le Cherokee, mais notre connaissance de la langue des Iroquoiens du Saint-Laurent est très limitée et se résume à une liste de 200 mots dressée par Jacques Cartier lors de ses premiers voyages.
Un mot de cette langue est toutefois toujours en usage: Cartier raconte dans le récit du deuxième voyage que le mot « canada » signifiait village dans la langue des habitants de Stadaconé. Cartier employe aussi ce mot pour désigner les régions autour du village et le fleuve qu’il nomme la « rivière de Canada » (par ailleurs, les langues mohawk et oneida ont toutes les deux un mot semblable pour « le village » village – kaná:da en moawk).

Voir aussi :
- Culture du maïs
- Des moines chrétiens au Canada avant Cartier ?
- Découverte de l’Europe par les Amérindiens
- Deuxième voyage de Cartier
- Cartier ne fait pas de quartier
- Peuples autochtones (l’index thématique)