Sur le choix d’une île pour la ville de Montréal
Le terme de Civilisation vient du latin « Civitas », mot qui veut dire la cité. On présume que l’homme est dit « civilisé » dès lors qu’il se met à construire des cités.
Au début, les villes les plus durables se situaient toutes en altitude (Athènes ou Rome ne sont que quelques exemples). Les raisons de ces positions au sommet des collines sont évidentes : la hauteur offre une meilleure protection contre les assiégeants. Toutefois, plus le temps passe, plus le choix de cité fortifiée haut perchée s’avère une impasse. D’abord, il est difficile pour la ville de grandir, car elle est arrêtée par des pentes abruptes inhabitables empêchant tout élargissement. De plus, les vivres sont montées à dos d’hommes ou d’ânes jusqu’à la cité, la rendant dépendante de la vallée, ce qui en terrain plat, compte pour une distance de 1 mètre, devient distant de 5 voire 10 mètres suivant l’inclinaison de la pente.
Les villes situées en forêt ont quelques avantages, mais la forêt gêne l’acheminement des denrées et empêchera de voir venir les attaques de loin.
Il semblerait que le bois de construction pour les maisons est assez bon marché en zone boisée, mais les grands incendies du passé ont obligé à renoncer aux maisons de bois.
Les villes, installées en plaine sont une proie facile pour l’ennemi. De même, les villes en bord de mer sont susceptibles d’être attaquées par un ennemi venant de la mer, leurs populations sont toujours à guetter l’horizon. N’oublions pas que parmi les cinq sièges de Québec, trois ont débuté avec l’arrivée d’escadres ennemies par le fleuve.
En construisant une ville sur une île maritime, elle sera isolée de tout. Le commerce en sera freiné. De plus, une île est un univers trop fermé.
Pourtant cette idée est excellente, parce qu’une ville sur une île serait une solution presque idéale. Toutefois, on n’entend pas ici une île en pleine mer mais au milieu d’un fleuve.
Si on prend le cas de l’Amérique du Nord, on verra que New York ou Vancouver et un grand nombre d’autres villes sont nées sur des îles situées au milieu de fleuves. En regardant le développement des cités de tous les pays, on verra que les îles ont toujours été choisies quand cela était possible.
D’abord, il s’agit d’une protection naturelle contre les invasions : l’eau profonde est infranchissable pour les chevaux ; aucune charge de fantassins n’est possible sans dépenser beaucoup de ressources ; il est difficile d’assiéger une ville entourée d’eau ; il est impossible d’assoiffer sa population ou d’empoisonner une eau avec un fort courant.
Mais la résistance aux invasions, ce n’est pas le seul avantage des cités construites au milieu des fleuves : le fleuve favorise les transports de denrées pour le commerce ; une ville située au milieu d’un fleuve peut imposer des taxes aux bateaux marchands, un droit de péage et ainsi bénéficier d’une source de profits.
Une ville sur une île peut aisément envoyer par les routes fluviales des expéditions de découverte vers de nouvelles zones productrices de matières premières, des régions de conquête ou d’échanges (dans le cas de Montréal, il s’agissait de la Rivière des Outaouais et des voies de communication qui menaient vers les Laurentides, avant tout, mais aussi des expéditions vers les Grands Lacs, la Baie d’Hudson et d’autres terres).
Grâce au commerce fluvial et aux taxes, la ville s’enrichit et peut, en cas de besoin conclure des alliances (c’est pour cela d’ailleurs que le symbole de Paris est le bateau du syndicat des bateliers, à Montréal, on peut rappeler la signature de paix avec les Iroquois en 1701).
Au fur et à mesure de son expansion, une ville fluviale s’étendra sur l’ensemble de ses rivages, dépassant progressivement ses berges.
Enfin, on peut laver son linge dans le fleuve en échangeant quelques savoureux potins !