Il est bon parfois de feuilleter les papiers de famille
Une vieille lettre trouvée dans une Bible permettra peut-être de toucher un héritage de $3,000 (en dollars de 1940)
Une trentaine de descendants h la quatrième génération de Cornélius Donovan, disparu il y a prés d’un siècle dans les bois de St-Gabriel de Brandon, se sont présentés hier matin devant l’honorable juge Jean-J. Denis, de la Cour supérieure, pour réclamer la succession de leur aïeul, qui, au moment de sa disparition, avait une somme de $300.17 en dépôt à une succursale de la Banque de Montréal, laquelle somme toutefois s’est accrue des intérêts composés depuis 1858, formant aujourd’hui (en 1940) la jolie somme de $3,955.30.
Les héritiers connaissaient l’existence de leur aïeul et de son compte de banque depuis longtemps mais ils ne pouvaient pas fournier la preuve de leur ascendance, lorsque l’un d’entre eux, feuilletant dans une vieille bible de famille, y découvrit une lettre jaunie par le temps envoyées en 1858 par le maître de poste de St-Gabriel de Brandon à la fille du disparu. Cette lettre était écrite au nom de la femme de Cornelius et pressait la fille établie à Montréal de venir à Saint-Gabriel pour prendre soin de sa mère désolée par la disparition du père près du lac Maskinongé, sur les rives duquel on avait trouvé son chapeau. Cette lettre, de dire les héritiers à la Cour, est suffisante pour établir que le disparu de St-Gabriel est bien leur aïeul et que son compte de banque doit maintenant être partagé avec entre ses ses descendants.
Le groupe d’héritiers comprend une petite-fille du disparu, Mme M. Clune, née Katherine O’Keefe, et une trentaine d’arrière-petits-enfants et d’enfants de ces derniers, tous issus des quatre filles de Mary Donovan, fille du disparu et destinataire de la lettre produite hier devant la Cour. Cette lettre, qui avait été insérée dans les feuillets d’une vieille bible de famille, était adressée à Mary qu’on priait de revenir à St-Gabriel, lieu de résidence de ses parents.
C’est de cette façon que ce groupe d’héritiers veut établir ses liens de parenté avec le disparu, qui, incidemment, n’a jamais été retrouvé. Ce lien de parenté a d’ailleurs été formellement reconnu en 1939 par la Cour supérieure dans une autre affaire. La requête d’hier était dirigée contre la banque dépositaire de l’argent du disparu. Elle ne contestera pas la demande et s’en remet à la justice.
Me Aimé Desrosiers représente les héritiers. Jugement est attendu incessamment.
(Cette nouvelle « pas fraîche » date du 24 août 1940, texte publié dans le journal « Le Canada ».)
Pour en apprendre plus :
- Les cohéritiers ne paient pas au Québec : la loi n’oblige pas de les payer
- Le Québec en 1858, ligne du temps
- Bouddha à Brossard