Francis Drake et le Canada
On sait depuis longtemps que le littoral ouest du Canada fut exploré par des Espagnols, des Russes et des Britanniques au cours du XVIIIe siècle. Cependant, un chercheur de la Colombie-Britannique, M. Samuel Bawlf, a déclaré en 2000 qu’il aurait trouvé des indices dans les archives de l’amirauté britannique, confirmant que sir Francis Drake aurait visité l’Île-de-Vancouver en 1579.
Ce célèbre marin, amiral de la flotte anglaise, aurait fait un voyage d’exploration autour de l’île à bord de son navire Golden Hind lors d’une mission secrète, afin de choisir un site propice à l’implantation d’une future colonie britannique. Il aurait ainsi parcouru les côtes de l’actuelle Colombie-Britannique, de l’Alaska, des États de Washington et de l’Orégon, puis il aurait finalement recommandé l’île-de-Vancouver comme centre de l’implantation britannique dans ces parages.
En outre, dans son rapport à la reine Elisabeth I, sir Francis Drake signale qu’il a découvert le passage du Nord-Ouest, soit la route reliant l’océan Pacifique et l’océan Atlantique, recherchée par de nombreux explorateurs européens. Cette «découverte» (en fait, l’amiral aurait confondu l’entrée de ce mythique passage avec l’un des détroits parsemant les côtes de la Colombie-Britannique), était tellement importante que la reine a décidé de garder le secret sur ce rapport. En conséquence, il aurait été oublié dans les archives de l’amirauté pendant plus de 400 ans.
Francis Drake est envoyé par la reine Elizabeth vers le Pacifique le 13 décembre 1577. Il rentre à Plymouth le 26 septembre 1580 après avoir fait le tour du monde en trois ans. Les circonstances de sa célèbre traversée pleine d’aventures, de combats contre les Espagnols, de complots, de pénuries et de morts, sont bien connues.
Selon Samuel Bawlf, sir Francis Drake aurait fondé le poste de Nova Albion à l’entrée de la Vallée de Comox, sur l’île-de-Vancouver. Cependant, on peut interpréter différemment certains passages dans les rapports sur le voyage de Drake. Aussi la polémique sur le rôle de Francis Drake dans la découverte de la province est-elle loin d’être finie.
L’esprit d’entreprise en France
Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que la France connaisse une mutation profonde sur le plan idéologique, politique et économique qui culminera avec la révolution de 1789.
Catholiques et Protestants
Le manque d’«esprit d’entreprise » de la bourgeoisie française peut s’expliquer en partie par le rôle de l’Église catholique : elle défend les vieilles classes propriétaires du sol et le pouvoir politique conservateur, condamne les pratiques financières, magnifie la charité et les actes gratuits. En revanche, la rupture avec Rome s’est accompagnée en Angleterre de transformations fondamentales dans les structures sociales : c’est ainsi que la confiscation des terres de l’Église, au XVIe siècle, a ouvert la voie à une autre forme de mise en valeur du sol, qui rompt avec les rapports féodaux et favorise la prolétarisation d’une partie de la population agricole; de même l’esprit de la religion nouvelle va dans le sens de l’individualisme, d’un ascétisme privilégiant l’épargne au détriment de la consommation, l’investissement productif aux dépens des dépenses artistiques et somptuaires. On peut aussi opposer le puritain anglais, besogneux et austère, au prince catholique, batailleur et mécène oisif.
En France (excepté durant le règne d’Henri IV où ses conseillers huguenots comme Sully, Laflèmas ou Olivier de Serres contribueront au redressement économique du pays), la victoire des forces catholiques dans la seconde moitié du XVIe siècle, et celle du pouvoir absolutiste au XVIIe siècle renforcent la prépondérance de la noblesse traditionnelle. D’abord frondeuse, elle est attirée ensuite par la vie de cour lénifiante et luxueuse. Ce mode de vie attire de plus une partie importante de la bourgeoisie qui rêve d’accéder à la noblesse et cherche à s’enrichir en servant le roi, la cour ou les grandes institutions de l’État.
Mais cette différence d’attitude ne peut se réduire à un problème de religion. Ce comportement n’est qu’un moment de l’histoire dialectique des sociétés et s’explique lui-même par la nature de l’organisation économique dominante et par les opportunités qu’elle offre à l’initiative individuelle.
Le traditionalisme français
Prisonniers d’un marché intérieur étroit, atrophié par le poids d’un prélèvement fiscal destiné principalement à entretenir l’effort de guerre, les alliances extérieures et une noblesse improductive, dominés sur les mers par les Hollandais et les Anglais, les milieux marchands et financiers français ont donc, en définitive, peu de moyens, d’occasions et de raisons d’investir dans la productivité.
Jusqu’à ce que la Révolution française bouleverse les fondements politique, juridique, économique et idéologique de la société française, on peut donc bien la définir comme à la fois féodale et marchande : le secret des nouvelles fortunes réside dans le grand commerce et les plaisirs comme les honneurs s’achètent désormais; l’acte gratuit et l’échange non marchand tendent à disparaître de ce monde mercantile. Mais la place de l’aristocratie et l’enseignement d’une Église catholique traditionnelle restent prépondérante; le prestige de la noblesse et l’attrait des fastes de la vie princière continueront d’exercer leurs effets jusqu’à l’époque napoléonienne; l’organisation du monde de la production est encore à la fin du XVIIIe siècle siècle dominée par l’héritage des temps féodales.
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