Feux de la Saint-Jean

L’origine des feux de la Saint-Jean

L’histoire des feux de la Saint-Jean est bien connue, mais il est intéressant de rechercher l’origine de cette fête, tant chez nous qu’a l’étranger, et d’en suivre les manifestations et les transformations.

Cette fête symbolique était celle du solstice d’été, des jours les plus longs de l’année, de la nature dans l’apothéose de son épanouissement. La coutume remonte à la plus haute antiquité, et l’archéologie en a constaté les formes essentiellement païennes qui se perpétuèrent dans les pays chrétiens. Et ce qui donnait à la fête un caractère poétique des plus attirants, c’est qu’elle s’accompagnait à la faveur de la nuit, dans une sorte de décor magique. Là, devant le feu, cet éternel principe de la vie, la jeunesse célébrait, inconsciemment sans doute, les mystères de la religion humaine.

Chez les peuples scandinaves, de grands feux étaient allumés au milieu des champs, à l’heure du crépuscule et soigneusement entretenus toute la nuit. Les jeunes filles et les jeunes garçons, le front orné de plaintes et la ceinture parée de bouquets, menaient, en chantant, des rondes interrompues autour des bûchers.

Cette fête rustique, évocatrice du culte druidique, se retrouvait en Russie à l’époque des luttes du christianisme contre les traditions païennes. Le 24 juin, la jeunesse russe s’assemblait autour de branchages allumés en l’honneur de Koupalo, dieu des moissons. On jetait un coq blanc au milieu des flammes puis on y faisait passer tous les troupeaux du village afin de conjurer gens, ensuite, traversaient eux aussi, le feu, en dansant et en chantant.

En Grèce…

En Grèce, les rites de la fête rappelaient beaucoup, par certains côtés, ceux du culte de Koupalo, mais c’est dans les Cyclades que le spectacle était le plus intéressant. Là, chaque père de famille, la veille de la fête, amassait, dans la mur de sa demeure, des brassées de serment auxquelles il mettait le feu. Tous les gens de la maison, parents, enfants, domestiques, venaient ensuite saurer à trous reprises par-dessus le feu de joie en créant : « Je laisse dans ce feu mes pêches et mes puces » (sic), puis la cérémonie se terminait par un repas de gousses d’ail qu’on faisait griller sur la braise des sarments et qu’on mangeait avec du pain frais. Les jeunes filles passaient ensuite devant toutes les maisons avec un sceau à moitié rempli d’eau dans lequel chacun jetait un gage le lendemain, les habitants se réunissaient sur la place du village et un enfant tirait au sort les gages qui imposaient à leurs propriétaires de menues pénitences.

En Provence

Dans d’autres régions de la Grèce, on dansait la pyrrhique danse guerrière très ancienne et très compliquée. Cette danse militaire se retrouvait en Provence et on la nommait « la bravade ». Aix avait sa bravade mais celle de Saint Tropez était la plus suivie. Elle était célébrée tous les ans. La fête commençait le matin au son aigrelet des fifres que renforçait le roulement des tambours. Les enfants promenaient, en les agitant, les « joies », longues écharpes de soie multicolore enroulées autour de thyrses fleuris. Dans l’après-midi, les hommes de la bravade, une vingtaine environ, se réunissaient devant la mairie. Formidablement armés et superbement habillés, leur uniforme se composait d’un pantalon blanc et d’un frac bleu foncé orné d’une large bande écarlate et d’épaulettes de même couleur.

Ils portaient un bicorne a plumes et brandissaient des espingoles qu’ils déchargeaient avec un bruit de tonnerre dès que leurs « suivants », abondamment pourvus de poudre, les avaient rechargées. Une cérémonie compliquée suivait. Le « capitaine de la ville » recevait du maire son insigne de commandement, une pique, au milieu des décharges assourdissant des espingoles ; le « porte-enseigne » recevait ensuite son drapeau au milieu d’une nouvelle salve de mousqueterie non moins assourdissante puis le défilé commençait et allait « prendre » à la paroisse la statue du patron de la ville Saint-Tropez, officier de Néron qui fut décapité pour s’être converti à la fois chrétienne. La statue de son était alors portée processionnellement à la mairie. La pique et le drapeau s’inclinaient devant elle au fracas répété des espingoles.

En Alsace

À l’autre bout de la France, en Alsace, la veille de la Saint-Jean, dans la plupart des communes, les gamins parcouraient les rues afin de recueillir les matériaux nécessaires à la confection d’un boucher. Chaque donateur était remercié par le chant d’une complainte.

Le lendemain soir, tous les habitants du village se portaient au lieu du bûcher. Au milieu de celui-ci se dressait un haut sapin aux branches duquel avaient été fixes des balais et des bourrées de paille, puis, le feu était mis à la base du bûcher. Les flammes s’allongeaient et incendiaient le sapin garni de ses fagots. À ce moment-là, le curé du village venait bénir le brasier et récitait des prières. Par la suite, les jeunes garçons se munissaient de rondelles de bois percées d’un hou, y emmancha une longue baguette flexible et faisaient tourner les rondelles avec rapidité dans le brasier les petits disques incandescents se détachaient alors de la baguette, et décrivant une parabole enflammée, ils allaient se perdre dans les champs environnants.

Chaque rondelle était lancée en l’honneur d’une belle du pays. On la dédiait par un récitatif chanté. On sautait ensuite, dans les flammes du feu qui commençait à décroître, puis, lorsqu’il ne restait plus rien du torrent de feu qu’un morceau de tisons plus ou moins noircis, on répandait des branches mouillées ou de la paille. Ainsi, pensait-on, les animaux du village seraient préservés des maladies et des maléfices pour le reste de l’année. La fête se terminait par une ronde infernale.

Voir aussi :

L'été. Photo de Megan Jorgensen.
L’été. Photo de Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire