
La fête des rois, le 6 janvier
Signe sensible de cette foi chrétienne que le Christ enfant apporte au monde, l’étoile de l’Épiphane brille aujourd’hui appelant tous les peuples à la lumière. À leur tour, les mages ont répondu à l’invitation qui correspond à la poussée de leurs sentiments intimes et comme les bergers avaient laissé là leurs troupeaux pour aller adorer le Nouveau-Né mystérieux, eux aussi font trêve à leurs occupations ordinaires pour entreprendre le long voyage qui les conduira au pied de la crèche de Bethléem où ils offriront à Jésus l’or, l’encens et la myrrhe.
Pour les peuples qui jouissent du don de la foi, l’Épiphanie est une des grandes fêtes où ils aiment à remercier Dieu de s’être ainsi manifesté pour leur salut quand tant d’autres peuplades barbares ou païennes restent assises dans les ténèbres de la mort. Les cérémonies religieuses de l’Épiphanie terminent heureusement le cycle liturgique commencé par l’apothéose de Noël et continué par la fête de la Circoncision. Elles revêtent une signification, une solennité qui les rend propres à nourrir la foi populaire, d’autant plus qu’elles ont en même temps le caractère d’événements sociaux
La Fête des Rois réunit les familles et donne lieu à toutes sortes de réjouissances. L’antique coutume veut que, en ce jour, un couronne deux souverains, ceux que le sort aura désignés par la fève et le pois du gâteau traditionnel.
Royauté éphémère mais qui laisse quand même de charmants souvenirs à quiconque l’exerce avec conscience et dignité. Ne laissons pas se perdre ces usages anciens qui sont comme autant de liens entre les membres d’une même famille et entre les familles elles-mêmes. La saine et fraîche gaieté est un accessoire bien important de la vie; elle rend moins sensibles le malheur et l’épreuve.
À tous, on souhaite un joyeux jour des Rois!
L’Épiphanie de Notre-Seigneur, dite fête des rois
Le mot Épiphanie veut dit « manifestation ». C’est qu’en effet, le 6 janvier, l’Église célèbre une triple manifestation de Jésus-Christ, qui, d’après certaines traditions, aurait eu lieu le même jour, quoique à différentes années. La fête de l’Épiphanie a donc trois objets: 1) la manifestation de la divinité du Sauveur aux Mages par l’étoile miraculeuse qui les conduisit à l’étable de Bethléem, 2) la manifestation de la divinité du
Christ aux Juifs pendant son baptême, sur les bords du Jourdain ; 3e) la manifestation de cette même divinité aux noces de Cana où Jésus changea l’eau en vin.
Toutefois l’objet principal de cette fête, c’est bien la manifestation de la divinité de Jésus aux Mages et la vocation des peuples à la foi chrétienne. L’Évangile nous apprend comment les Mages. guidés par une étoile merveilleuse et plus encore poussés par l’Esprit de Dieu, entreprirent un long et pénible voyage à la recherche d’un roi nouveau-né; il nous apprend aussi le trouble de la ville de Jérusalem à cette nouvelle, les craintes et les projets perfides d’Hérode; il nous montre enfin les heureux voyageurs prosternés dans l’étable de Bethléem, aux pieds d’un Entant qu’ils regardent comme un être extraordinaire, qu’ils saluent comme un Roi, qu’ils adorent comme un Dieu, et auquel ils offrent des présents symboliques: l’or, l’encens et la myrrhe. Quels étaient ces Mages? Des Orientaux.
Quelles étaient leurs qualités. C’étaient assurément des hommes remarquables, a la fois savants, rois, et probablement revêtus, chez leurs peuples respectifs, de la dignité sacerdotale.
Élevons nos âmes au-dessus du fait historique et perçons les voiles du mystère. C’est aujourd’hui l’appel do tous les peuples à la foi chrétienne : ce sont aujourd’hui les prémices du salut pour toutes les nations.
L’Église a bien lieu de chanter : «Lève-toi. brille dans toute la splendeur! Jérusalem! voici la lumière du monde qui parait ! la gloire du Seigneur s’est levée sur ton enceinte; lève les yeux, regarde, dilate ton sein tout, l’univers vient à toi Allons avec les Mages à la crèche du Sauveur et offrons l’or de l’amour, l’encens de la prière, la myrrhe du sacrifice. L’univers’ vient à toi !»
Allons avec les adages a la crèche du Seigneur et offrons l’or de l’amour, l’encens de la prière, la myrrhe du sacrifice.
(Ce texte a été publié dans le journal La Presse, le 5 janvier 1930).

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