Multiculturalisme

Enlèvement de trois Esquimaux par Martin Frobisher

Enlèvement de trois Esquimaux par Martin Frobisher

Enlèvement de trois Esquimaux par Martin Frobisher à la baie qui portera son nom (la baie Frobisher)

Navigateur expérimenté, Martin Frobisher n’en poursuivit pas moins un « but inconnu », celui de rechercher, par le Nord, le passage devant le conduire à la Mer de Chine. Il part une première fois en 1576. Ce voyage le mène au Groënland et à la baie qui portera son nom. L’Île de Baffin, qu’il découvre alors, recevra le nom de « Meta Incognita » – « But inconnu).

Preuve de ce séjour au pays du froid et des glaces dérivantes, Frobisher ramène en Angleterre un Inuit dont le décès sera attribué à un… refroidissement! Appareillant à nouveau en 1577, l’explorateur retourne à la baie et, après avoir essuyé une attaque inuite s’empare d’un homme, d’une femme et d’un enfant qui ne survivront pas à un mois passé en Angleterre.

La disparition rapide des « otages » étonna sans doute les membres de l’expédition qui avaient cru bon, après s’être emparés de l’homme, de lui donner une compagne :

« Ayant réussi à capturer une femme pour le plus grand bien-être de notre Esquimau, nous les mîmes ensemble; en silence, chacun souhaitait voir comment ils se comportaient et le spectacles qu’ils offrirent est impossible à décrire. Mis en présence l’un de l’autre, ils se regardèrent avec sagacité à bonne distance sans souffler mot, mais en changeant de couleur et de contenance, comme si le chagrin et le mépris découlant de leur état de captifs leur avaient ôté la langue. La femme se détourna et, méprisant la présence de l’homme, se mit à chanter comme si elle s’intéressait à d’autres préoccupations. Lors d’une nouvelle rencontre, l’homme rompit le premier le silence et, en adoptant une attitude sévère et résolue, il se mit à faire un long discours ayant créé un lien familier, ils demeurèrent si unis que (à mon sens) l’un n’aurait su vivre sans l’autre. Du moins dans la mesure où nous pûmes le voir, ils vécurent ensemble mais sans se donner l’un à l’autre, ce qui n’empêchait pas la femme de faire tout ce qui était du ressort d’une bonne ménagère pour le couple qu’ils formaient, par exemple, en maintenant bien propre leur cabine, et en exécutant tous les travaux nécessaires au bien-être de l’homme. Lorsqu’il avait le mal de mer elle lui faisait sa toilette, elle tuait et dépeçait les chiens, puis lui préparait son repas; leurs pudeur est digne d’être notée à mon sens; l’homme ne changeait jamais de vêtements sans avoir au préalable fait sortir la femme; ils se montraient particulièrement embarrassés si quelque partie de leur corps venait à être dévoilée, ou s’ils voyaient quelqu’un se dévêtir. »

Martin Frobisher trace des Inuit le portrait suivant :

« Les hommes sont bien proportionnés et d’une belle stature : la couleur de leur peau ne diffère guère de celle des campagnards tannés par le soleil qui travaillent en plein air pour gagner leur vie. »

« Ils portent les cheveux très longs, coupés sur le front en frange inégale à l’aide d’une pierre ou d’un couteau. Leurs femmes portent les cheveux longs, assemblés en deux boucles de chaque côté du visage, le reste étant relevé et tressé en chignon. De plus, certaines de ces femmes s’entaillent la peau du visage, au menton, au front et sur les joues, sans oublier les poignets, et elles peignent ces balafres avec un produit colorant proche du gris – bleu. »

Touristes involontaires. Frobisher ramène en Angleterre, un Esquimaux, ainsi qu'une Esquimaude et son enfant. Tous trois moururent un mois après leur arrivée en Europe.
Touristes involontaires. Frobisher ramène en Angleterre, un Esquimaux, ainsi qu’une Esquimaude et son enfant. Tous trois moururent un mois après leur arrivée en Europe.
Michael Lok, un des membres de l'expédition, décrit ainsi les deux Inuit : « Il est très semblable à la nation tartare dont je crois qu'il fait partie; il portait un vaste capuchon, des pantalons et des bottes en peau de phoque. La femme avait un tatouage bleu autour des yeux. » :
Michael Lok, un des membres de l’expédition, décrit ainsi les deux Inuit : « Il est très semblable à la nation tartare dont je crois qu’il fait partie; il portait un vaste capuchon, des pantalons et des bottes en peau de phoque. La femme avait un tatouage bleu autour des yeux. »

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