La conversion d’un célèbre écrivain
Joël Chandler Harris, célèbre dans la littérature américaine sous le pseudonyme de « Uncle Remus » était marié à une canadienne-française : Essie La Rose, fille de Pierre La Rose, riche rentier qui, en 1908, était âgé de 83 ans et vivait à Upton, dans les cantons de l’Est, au Québec.
M. La Rose, après la guerre civile américaine, était propriétaire d’un vaisseau marchand faisant navette entre New-York et Atlanta, Géorgie ; sa famille passait l’été au Canada et l’hiver en Géorgie, ceci explique, comment elle avait fait la connaissance du jeune Harris, alors reporter au journal Atlanta Constitution. M. La Rose était fortement opposé à l’union de sa fille avec Harris, mais sur la garantie que les enfants, s’il leur en naissait, seraient élevés dans la religion catholique, il se laissa vaincre.
Madame Harris a élevé toute sa famille catholique ; elle est aujourd’hui seule survivante de plusieurs enfants, et tous les étés elle va à Upton passer quelques semaines chez son vieux père qui jouit d’une excellente santé et possède encore toutes les manières gracieuses qu’on retrouverait chez un homme instruit et prospère, dans la cinquantaine.
Le mariage de M. Marris et de Mlle La Rose fut célébré en 1873. Grâce à cette femme de notre race, M. Marris avait vécu pendant trente cinq ans dans une atmosphère catholique.
« Elle fut sa digne compagne, dit un des biographes du grand homme qui n’est plus, elle fut l’inspiration constante de son mari. Grâce à son énergie, à sa vivacité et à ses vertus domestiques, elle le conduisit sur la route du succès en cette vie et dans l’autre, (en anglais, l’auteur continue : by her energy, vivacity and housewifcly qualities, she brought him the way to succès in this life and next).
Le 24 juin 1908, jour de la Saint-Jean-Baptiste, au cours de sa dernière maladie, M. Harris se fit baptiser par un prêtre de l’Église catholique romaine, dont il avait étudié la doctrine pendant de nombreuses années. Il embrassa la foi catholique et mourut peu après avec les consolations de notre sainte religion.
Au témoignage de son directeur spirituel, qui l’avait connu intimement pendant ce temps, M. Harris avait été « catholique de croyances et de conduite » les six dernières années de sa vie, et « sa connaissance des vérités de la foi catholique l’emportait beaucoup sur celle de beaucoup de catholiques ».
Sa lecture favorite était les œuvres du cardinal Newman. Pierre La Rose, gradué de l’Université Harvard, il y a quelques quinze ou dix-huit ans, et qui pendant plusieurs années fut rédacteur au « Harvard Lampoon », était natif de Albany, N.-Y., et le petit-fils de M. La Rose, de Upton.
(Texte paru dans le journal Le Soleil, en 1908).
