Le 29 février et l’année bissextile È Origine du mot bissextile et les traditions
Nous avons retracé trois courts textes traitant de l’année bissextile, que nous vous présentons regroupés.
Le premier texte a été publié dans le quotidien La Presse, le 29 février 1912 et traite de la particularité que représente cette journée de plus :
Par une complaisance dont il fait preuve à peu près (sic!) tous les quatre ans. Le mois de février a bien voulu nous accorder une journée de plus. Il a reculé alors d’autant l’arrivée de son confrère et successeur mars. Février de 1912 possède 29 jours au lieu de 28, et ceux qui viennent au monde ce jour-là se verront, enfin, dotés d’un anniversaire comme tout le monde. Toutefois seulement à tous les quatre ans. Cette journée supplémentaire retarde de 24 heures la visite du propriétaire et celle des créanciers, mais rien ne prouve qu’elle nous permette de mieux satisfaire ces gens demain.
La vingt-neuvième journée de février étant pour ainsi dire la marque réelle de la « bissextibilité » de l’année 1912, les demandes de mariage partant du côté du sexe sans bretelles seront certainement plus nombreuses qu’en aucun jour de l’année, et l’aurore « aux doigts de rose » qui commencera le premier mars verra, sans doute, bien de réveils heureux.
Demain, 1er mars et premier jour du printemps, mous allons tenter d’oublier l’hiver, si celui-ci veut bien nous le permettre.
Le deuxième texte remonte au 29 février 1916, et il est consacré à l’origine du mot bissextile :
En ce vingt-neuvième jour de février, qui marque la présente année bissextile, il n’est peut-être pas inopportun de rappeler l’origine du mot bissextile.
L’année qui porte ce qualificatif est composée de 366 jours au lieu de 365. Elle revient tous les quatre ans, ayant pour but de corriger l’erreur d’environ 6 heures. L’on commet cette erreur en donnant à l’année 365 jours solaires.
Ce nom provient de la manière dont les Romains intercalaient le jour supplémentaire. En effet, après le sixième jour d’avant les calendes de mars, ils en comptaient un autre qu’ils appelaient sixième bis (bissextilis). Ce jour s’ajoute chez nous au mois de février. Ce mois n’a que 28 jours dans les années ordinaires, et 29 dans les années bissextiles. Une légende veut que, pendant l’année bissextile, les filles jouissent du privilège de demander en mariage chacune le garçon de son choix. Mais en cette cruelle année de guerre où tant de beaux gars ont dû quitter leurs « dulcinées » pour s’enrôler sous les drapeaux, celles-ci prient plutôt la Providence de veiller comme une mère sur les défenseurs de la Patrie, et attendent avec confiance le retour glorieux des champs de bataille.
Le dernier enfin, publié le 29 février 1924, soulevait une question intrigante, en demandant s’il ne s’agissait pas du « dernier 29 février ». On a évidemment l’avantage de connaître la réponse… :
Le 29 février 1924 est-il le dernier 29 février que nous aurons ? Un comité spécial de la Société des Nations, chargé d’améliorer le calendrier, commence demain à étudier les suggestions de la Société internationale pour le calendrier fixe. Celui-ci consisterait à transférer le jour supplémentaire de l’année bissextile au 29 juin, à n’avoir que des mois de quatre semaines, calendrier que toutes les nations adopteraient le premier janvier 1928, avant d’entrer dans la prochaine année bissextile.
La Société internationale du calendrier fixe veut que le jour supplémentaire soit le 8e jour de la dernière semaine de juin. Ou le 29 juin des années bissextiles. On veut en faire un jour férié international.
Les mariages à travers le monde (texte publié dans La Presse le 29 février 1908 ):
À cette époque de l’année, les mariages se précipitent. En fait, les fiancés impatients de s’unir devront, s’ils ne font pas bénir leur union avant les « Cendres », attendre la fin du Carême. Voici des scènes de mariage dans différentes régions du monde (illustrations de J. Perod Urrea, Makovsky :
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Espagne – Le mariage est catholique. Les assistants s’agenouillent au hasard. Sous les dalles jonchées de fleurs, des enfants jouent librement.
Russie – La toilette de la mariée. Quelle richesse dans ces toilettes ! Les rites du mariage sont assez singuliers. Quand la jeune fille aura été habillée par sa mère, son fiancé, pour montrer qu’elle doit lui être soumise, lui donnera quelques légers coups de baguette sur les épaules.
Grèce antique – À la porte de la maison, le père embrasse la fille que son époux va amener. À quelques pas, un cortège de danseurs et de musiciens attend les nouveaux mariés.
Géorgie – Les fêtes terminées, les mariés, coiffés de la couronne nuptiale, prennent place dans un drochki. Celui-ci va les conduire à leur demeure, une maison nuptiale.
Annam – Le jeune homme achète sa fiancée à sa famille. Le jour des noces, la jeune fille, recouverte d’un voile, est conduite en pousse-pousse à la maison de son époux. Ce dernier la voit pour la première fois, car c’est son père qui la lui a choisie. Même les mandarins ne voient jamais leur future épouse avant le mariage.
France – Les noces villageoises font de longues promenades en cortège, précédées d’un violoneux endiablé qui soulève la gaieté.
