Pratiquer la Thérapie comportementale dialectique – interaction thérapeutique
Les contingences naturelles sont les conséquences qui émergent dans chaque interaction thérapeutique et ressemblent aux dynamiques des relations ordinaires. L’auto-divulgation impliquante est une manière dont le thérapeute en TCD utilise ces contingences pour aider le client.
Les échanges avec le thérapeute ou certains aspects de la thérapie (fréquence ou durée des séances, paiement) peuvent déclencher des comportements problématiques similaires à ceux rencontrés dans la vie du client. Par exemple, il adopte un ton colérique et exigeant lorsqu’il fait une demande, imposant ainsi son besoin au thérapeute. Les proches du client ont tendance à se détourner lorsqu’il agit ainsi, ses crises de colère empêchent les autres de lui donner du feedback, et il se retrouve isolé et incapable de maintenir des relations saines.
Comportement et conséquences
C’est ici qu’une auto-divulgation impliquante peut aider le client à comprendre le lien entre son comportement et ses conséquences. Le thérapeute pourrait lui dire : « Ton ton semble très colérique et exigeant lorsque tu me demandes cela. En étais-tu conscient ? Quand tu formules ta demande ainsi, cela me donne moins envie de l’accepter. Si tu reconnaissais que cela peut être une imposition, tu obtiendrais plus facilement ce que tu souhaites des autres. »
Il est bénéfique que le client manifeste avec le thérapeute des comportements similaires à ceux qui lui causent des problèmes dans ses autres relations. En effet, un principe bien connu du renforcement est que plus le comportement est proche de ses conséquences dans le temps et l’espace, plus ces conséquences auront un effet fort.
L’essentiel est de bien identifier, grâce à l’analyse en chaîne et à une formulation préalable, ce qu’il faut renforcer et ce qu’il ne faut pas encourager.
Par exemple, certaines personnes ne recevaient de réponse à leur douleur émotionnelle que lorsqu’elles exprimaient une détresse extrême, en tenant des propos dramatiques comme « Je vais me tuer si elle dit ça encore une fois ! ».
En thérapie, la contingence devrait être différente : il faut prêter attention à la détresse et offrir un soutien conséquent sans encourager l’escalade émotionnelle.

Attention et bienveillance
Par conséquent, chaleur, attention et bienveillance doivent être présentes à une fréquence constante afin que les demandes légères et les expressions de difficultés génèrent régulièrement une aide adaptée.
Il faut surveiller de près les facteurs de vulnérabilité et les antécédents du client pour intervenir rapidement face à sa douleur émotionnelle, tout en bloquant les déclarations extrêmes.
Par exemple, lorsqu’il parle d’un conflit interpersonnel semblable à ceux ayant conduit à des menaces suicidaires, on pourrait dire : « J’aimerais vraiment vous aider à obtenir ce que vous souhaitez dans cette situation, afin que vous n’ayez pas à intensifier vos réactions, mais que vous obteniez réellement ce dont vous avez besoin. »
On resterait chaleureux et réactif face aux expressions appropriées du client, et plus distant si des déclarations extrêmes étaient formulées, voire en les bloquant activement.
« Quand vous menacez de vous suicider, nous devons évaluer le risque. Cela prend du temps et détourne l’attention de l’essentiel : vous êtes bouleversé par un problème réel. Pouvez-vous m’en parler sans ces menaces ? »
Ce qui se produit peu de temps après un incident influence davantage la probabilité future du comportement. Les effets du traitement sont donc plus puissants lorsque les comportements problématiques et les améliorations du client surviennent en séance. C’est-à-dire, où ils sont le plus proches du renforcement disponible offert par le thérapeute. Cela est particulièrement visible lorsque le thérapeute et le client négocient des solutions aux difficultés de leur relation thérapeutique. Ainsi ils discutent explicitement de la manière dont leurs réponses respectives renforcent, ou non, la motivation et l’engagement de l’autre en thérapie.
Interaction thérapeutique : nos réactions
Certaines personnes s’opposent à la gestion des contingences, estimant qu’y répondre délibérément est nuisible ou trompeur. Pourtant, cette objection ignore le fait que nous réagissons tous continuellement de manière contingente dans nos interactions. Si je partage quelque chose sur moi-même, votre réponse influencera ma volonté de continuer ou non à me confier, que nous en soyons conscients ou non.
Les thérapeutes cherchent à maximiser cette prise de conscience. Ils agissent ainsi afin d’orienter leurs réponses au profit du client. Plutôt que de simplement réagir pour soulager leur propre inconfort. Une attitude de bienveillance authentique et stable est indispensable à une gestion des contingences efficace. Sans cela, le client pourrait percevoir cette approche comme une manipulation ou une coercition.
Source du texte : Doing Dialectical Behavior Therapy (A Practical Guide by Kelly Koerner).
Voir aussi :
