L’intelligence fluide et la créativité – définitions et explication du concept
Intelligence fluide
Un manuel définit l’intelligence fluide comme la « capacité à gérer des situations de résolution de problèmes inédites pour lesquelles l’expérience personnelle ne fournit pas de solution ». C’est une définition assez large. Elle est probablement plus claire lorsqu’on décrit ce qu’elle n’inclut pas.
L’intelligence fluide ne repose pas sur l’expérience. Elle s’appuie sur des éléments tels que le raisonnement inductif, le raisonnement abstrait et la reconnaissance de motifs. Elle mobilise profondément votre capacité à trouver des solutions uniques face à des stimuli complexes. Ce n’est pas le domaine de la dépendance à l’expérience. C’est pourquoi la définition inclut les compétences en résolution de problèmes.
D’un point de vue évolutif, nous pensons que ces talents découlent directement de l’instabilité géologique et météorologique de notre lieu de naissance en Afrique de l’Est. Si nous n’étions pas capables de résoudre un problème sur le moment, si nous ne disposions pas de solides capacités d’intelligence fluide, compte tenu de notre fragilité biologique, nous serions morts.
De nombreux casse-têtes exercent l’intelligence fluide. Si vous êtes doué pour les résoudre, il est probable que vos scores d’intelligence fluide soient élevés.
Le raisonnement inductif, la résolution de problèmes et la reconnaissance de motifs sont autant de compétences qui mobilisent les aspects les plus créatifs de notre psyché. Qu’est-ce que la créativité signifie dans ce contexte ? Comment se relie-t-elle à l’intelligence fluide ? Il existe une relation entre l’intelligence fluide et la créativité ; elles pourraient même se croiser au niveau d’un système de mémoire et être deux faces d’une même pièce.
Créativité
La créativité peut impliquer un équilibre entre deux types de cognitions situées aux extrémités opposées d’une passerelle. D’un côté, nous avons ce que l’on appelle la désinhibition cognitive ; de l’autre, ce que l’on appelle l’inhibition latente.
La psychologue renommée de Harvard, Shelley Carson, définit la désinhibition cognitive comme l’incapacité à écarter des informations qui sont sans rapport avec un objectif, un processus de pensée ou une activité préétablis. En termes simples, cela signifie que vous choisissez de ne pas éliminer des faits superflus de votre conscience, même si ces faits sont sans pertinence par rapport à l’objectif que vous essayez d’atteindre.
Une façon d’illustrer la désinhibition cognitive est de trouver de nouvelles utilisations pour un objet. Les experts ont conçu des instruments de laboratoire pour mesurer cela. En fait, on appele ces instruments tests de pensée divergente.
Un exemple célèbre consiste à trouver de nouvelles utilisations pour une brique. Si vous n’êtes pas particulièrement créatif, vous pourriez répondre qu’elle peut servir de presse-papier ou de cale-porte. Une personne obtenant un score élevé aux tests de pensée divergente pourrait dire qu’elle poncerait la brique avec du papier de verre, mélangerait la poussière avec de l’eau et utiliserait le mélange pour peindre quelque chose.
*
Malheureusement, toutes les réponses désinhibées ne sont pas des signes de créativité. Pour certaines personnes, la désinhibition cognitive est une arme de distraction massive. Elle entraîne l’effondrement de ce que nous appelons le filtrage cognitif, qui lui-même est associé à de nombreux processus neurologiques complexes.
À l’opposé sur la passerelle se trouve l’inhibition latente. En termes simples, l’inhibition latente est la capacité à écarter certaines options dans la poursuite d’un objectif, comme communiquer avec quelqu’un. C’est un système de filtrage que nous utilisons constamment. Il peut même être mesuré en laboratoire.
Si vous obtenez des scores élevés en inhibition latente, vous pouvez bloquer un grand nombre d’options qui vous sont proposées pour atteindre un objectif. Si vos scores en inhibition latente sont faibles, vous devenez plus disposé à envisager des idées de plus en plus inhabituelles – potentiellement non pertinentes, mais certainement désinhibées. Il est très possible que ces données révèlent les circuits internes du dogmatisme tout autant que l’enivrante liberté du choix.
*
Ces systèmes de filtrage suscitent un grand intérêt dans la communauté de la santé mentale. En effet, certains chercheurs affirment que la présence de créativité et celle des maladies mentales vont de pair. D’autres disent simplement que tout est une question de perspective.
La désinhibition cognitive et l’inhibition latente coexistent, en tension, chez les êtres humains au fonctionnement typique. Vous ne pouvez pas avoir les deux pour produire de la créativité. Comment ces concepts se rapportent-ils à l’intelligence fluide ? Leur terrain commun pourrait se situer à l’intersection entre la créativité et un système mnésique connu sous le nom de mémoire de travail ou mémoire à court terme.
