Halley et sa comète au fil des siècles
La comète Halley : Les apparitions occasionnelles des comètes remettaient en question l’idée d’un Cosmos immuable et divinement ordonné. Il semblait inconcevable qu’une spectaculaire traînée de flamme blanche, apparaissant chaque nuit parmi les étoiles, n’ait aucune signification.
Ainsi est née l’idée que les comètes étaient des présages de désastre, d’avertissements divins annonçant la mort des princes. Les Babyloniens pensaient que les comètes étaient des barbes célestes. Les Grecs y voyaient des chevelures flottantes et les Arabes des épées flamboyantes.
À l’époque de Ptolémée, les comètes étaient minutieusement classées selon leurs formes comme « rayons », « trompettes » ou « cruches ». Ptolémée croyait que les comètes amenaient des guerres, des chaleurs intenses ou des conditions perturbées.
La comète de Halley a joué un rôle important dans l’histoire humaine et pourrait être la cible d’une première sonde spatiale lors de son retour prévu en 2062.

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Certaines représentations médiévales des comètes ressemblaient à des crucifix volants non identifiés. En 1578, Andreas Celichius, évêque luthérien de Magdebourg, publia un ouvrage sur une comète récente. Il la décrivit comme une “épaisse fumée de péchés humains” accumulée et enflammée par la colère céleste. Certains critiquèrent cette idée en affirmant que les cieux seraient constamment embrasés si les comètes représentaient des péchés.
Le plus ancien récit d’une apparition de la comète Halley figure dans le livre chinois du Prince Huai Nan. Ce texte rapporte la marche du roi Wu contre Zhou en 1057 avant notre ère. En 66, l’approche de la comète Halley aurait inspiré à Josephus l’image d’une épée suspendue au-dessus de Jérusalem durant un an. En 1066, les Normands associèrent la comète à la chute d’un royaume et à l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant. Elle fut même mentionnée dans la tapisserie de Bayeux.
En 1301, Giotto, pionnier de la peinture réaliste, intégra une apparition de la comète Halley dans une scène de nativité. En 1466, la grande comète effraya les Européens chrétiens, qui craignaient un soutien divin aux Turcs ayant pris Constantinople.
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Les astronomes des XVIe et XVIIe siècles furent captivés par les comètes. Newton en ressentit même un certain enthousiasme. Kepler les décrivit comme des poissons traversant l’espace, dissipés par la lumière solaire. David Home, malgré son rationalisme, imagina que les comètes pouvaient être des cellules reproductrices d’un système planétaire.
En tant qu’étudiant, avant d’inventer le télescope réfléchissant, Newton passa de nombreuses nuits à chercher des comètes. Il les observa à l’œil nu avec tant de ferveur qu’il tomba malade d’épuisement.
Newton, suivant Tycho Brahe et Johannes Kepler, conclut que les comètes ne se déplacent pas dans notre atmosphère terrestre. Contrairement à Aristote, il détermina qu’elles sont plus éloignées que la Lune, mais plus proches que Saturne. Les comètes brillent comme les planètes, par réflexion de la lumière solaire.
Newton démontra que les comètes, comme les planètes, se déplacent dans des orbites elliptiques très excentriques autour du Soleil. Cette démystification permit à son ami Edmund Halley, en 1707, de calculer que les comètes de 1531, 1607 et 1682 étaient des retours périodiques de 76 ans de la même comète. Halley en prédit le retour en 1758. La comète arriva comme prévu et fut nommée en son honneur après sa mort.
Edmond Halley et la comète Halley
Edmond Halley, astronome royal britannique dont cette célèbre comète immortalise le nom, naquit le 8 novembre 1656.
Avant les observations de Halley, sa comète visitait régulièrement le système solaire interne depuis au moins 240 av. J.-C. Personne ne comprenait alors que les comètes orbitent autour du Soleil. On pensait que ces immenses blocs de gaz gelé et de poussière n’apparaissaient qu’une fois avant de disparaître. Beaucoup croyaient aussi que les comètes étaient des tempêtes étranges dans l’atmosphère terrestre.
Halley, aventurier gentleman, explora les mers, étudia l’atmosphère et cartographia les cieux. Il développa un intérêt pour les comètes après avoir observé la brillante comète de 1680 à Paris. Il obtint les données de ses mouvements auprès du directeur de l’Observatoire de Paris, mais ne réussit pas à calculer son orbite.
Plus tard, Halley se lia d’amitié avec Isaac Newton, physicien et mathématicien ayant établi les trois lois du mouvement et la gravitation universelle. Halley convainquit Newton d’enregistrer ses travaux dans un volume appelé Principia et finança même sa publication.
Newton informa Halley qu’il pensait que les comètes décrivaient des orbites elliptiques autour du Soleil. En utilisant les lois de Newton, Halley calcula les orbites de vingt-quatre comètes. Il constata que celles de 1456, 1531, 1607 et 1682 avaient des orbites très similaires. Halley conclut qu’il s’agissait d’un seul objet et prédit son retour en 1758.
Effectivement, le 25 décembre 1758, seize ans après la mort de Halley, l’astronome amateur George Palitzsch observa la comète se diriger vers le Soleil pour un rendez-vous prévu début 1759.
