Après la télégraphie, le téléphone

Après la télégraphie, le téléphone : Cela devait être ainsi : après la télégraphie sans fil, la téléphonie sans fil ! Téléphone sans fil arrive enfin !

Les dernières expériences de Marconi à peine terminées qu’un Américain, le professeur Frederick Collins, réclame l’honneur d’avoir trouvé le téléphone sans fil.

Cependant que Marconi, l’inventeur italien, poursuivait et menait à bien les expériences que tous nos lecteurs connaissent bien, un Américain, le professeur Frederick Collins s’appliquait, de son côté, dans le silence de son laboratoire, à découvrir le moyen de simplifier cette admirable invention qu’est le téléphone. Et il a touché le but, s’il faut en croire les journaux américains enthousiasmés. C’est même beaucoup mieux que le topophone du lieutenant Heap.

L’invention du professeur Collins diffère de celle de Marconi en ce que les courants terrestres sont employés de préférence aux courants atmosphériques.

Le professeur Collins réclamant l’honneur d’avoir découvert la véritable téléphonie sans fil est évidemment en train de prendre rang parmi les célébrités du jour qui ont nom Edison, Tesla et Marconi. Pour ceux qui l’ont vu entreprenant yankee à l’œuvre, la possibilité de la mise en pratique à bref délai de la nouvelle découverte ne fait plus de doute. Ce n’est plus qu’une question de temps.

Le système du professeur Collins n’a pas encore atteint, cela va de soi, tous les développements qu’on est en droit d’en attendre ultérieurement. Nous devons cependant ajouter qu’il est présentement en pleine opération à Narberth, en pleine Pennsylvanie, où se poursuivent tous les jours des expériences de plus en plus concluantes. Pour tout dire, le système Collins est de beaucoup plus avancé que ne l’était le système Bell dont l’apparition à l’Exposition continentale de Philadelphie, en 1876, provoqua l’étonnement du monde entier.

Nous ne pouvons donner une meilleure idée de la nouvelle découverte qu’en donnant une description succincte des opérations qui se poursuivent à Narberth et de l’installation en cet endroit des différents postes de téléphone sans fil.

Les courants terrestres

Disons tout d’abord que le professeur Collins utilise, pour la transmission des sons articulés, les courants que l’on rencontre dans le sol terrestre ou des vagues atmosphériques employées par Marconi.

Chaque poste ou station de téléphonie sans fil installé à Narberth consiste en un trépied quelconque supportant une légère boite de bois à laquelle sont fixés, au moyen d’une tige métallique conductrice, un transmetteur du genre de celui dont on se sert pour téléphones ordinaires, deux bobines magnétiques enveloppées de caoutchouc très résistant, et enfin, deux pièces doublées de cuivre, communément appelées « condensateurs électriques ».

Au-dessous du trépied est enfouie dans le sol une pièce de cuivre ou de zinc reliée par un simple fil métallique au mécanisme de la boîte que nous avons signalée. Il est bien évident qu’avec une installation aussi primitive, on ne peut communiquer que d’une certaine façon, c’est-â-dire qu’une personne recevant ainsi une communication téléphonique et que voudrait y répondre devrait avoir à côté d’elle, outre l’appareil récepteur, un appareil similaire à celui de la station correspondante. Mais les appareils destinés à un usage régulier comme ceux par exemple qui sont en opération dans un grand établissement de Philadelphie sont des appareils « à combinaison » parce qu’ils sont pourvus d’un récepteur et d’un transmetteur, Leur apparence extérieure est à peu près identique à celle des téléphones qui ornent nos bureaux et nos maisons privées.

Basé sur un principe scientifique

Le système de téléphone sans fil du professeur Collins se base sur ce principe scientifique bien connu. En effet les entrailles de notre planète sont chargées d’électricité. Il s’agissait tout simplement de s’emparer de cette force latente.

On conçoit naturellement que les courants électriques passant à travers le sol entre deux stations ne sont pas assez puissants pour transmettre les sons de la voix d’un appareil à l’autre. Ainsi est-il absolument nécessaire, pour le bon fonctionnement des appareils de renforcer ces courants. Aussi de leur donner une puissance de vibration plus considérable. Cela par le moyen des génératrices électriques aux batteries qui supportent les trépieds dont nous avons déjà parlé.

Cette augmentation de puissance électrique a son point de départ, à proprement parler, à la pièce de cuivre. On l’enfouie dans le sol sous chaque appareil transmetteur et récepteur. D’une plaque de cuivre à l’autre, l’électricité se transporte par les courants terrestres avec une vélocité égale à celle que met la lumière à se répandre. La plaque de cuivre de l’appareil récepteur intercepte alors les vibrations de la voix mise en marche par le transmetteur. Par la suite le courant les transmet à la lame métallique vibrante. C’est là tout le secret de la téléphonie sans fil.

Difficulté résolue

Comme pour le système de télégraphie Marconi. Le grand problème à résoudre qui nous occupe consistait à trouver le moyen de permettre à plusieurs personnes, dans une même localité, de se téléphoner sans qu’il y eût confusion. Le professeur Collins prétend avoir surmonté cette difficulté et voici comment :

Dans chaque téléphone, il place un couple de disques semblables aux serrures à combinaison des coffres forts. La résistance de chaque téléphone se règle par ces disques ou clefs. Un abonné voulant téléphoner à un autre abonné n’a qu’à rechercher le numéro d’inscription de ce dernier. Par la suite il tourne le disque. Il le fait de façon à relier son numéro à celui de l’abonné avec lequel il veut communiquer. Tout se dit alors ! Un signal automatique avertira l’appelé et la conversation pourra s’engager. Cela sans qu’il ait à craindre que les autres propriétaires de téléphone puissent entendre quoi que ce soit.

Frederick Collins téléphone sans fil
Photographie de l’inventeur Frederick Collins du dispositif de radiotéléphonie sans fil 1904. Source : The World Today Magazine January 1904 (page 21).
topophone lieutenant heap
Topophone du lieutenant Heap. Photo de l’époque, libre de droits.

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