La presse du Québec au milieu du XXe siècle
La Seconde guerre mondiale commence le 1er septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne par l’armée allemande. Le Canada entre dans le conflit le 10 septembre 1939, après la déclaration de guerre du roi Georges VI à l’Allemagne nazie.
La guerre est toujours une période difficile pour la presse. La Loi des mesures de guerre, en vigueur durant la guerre de 1914, est réactivée immédiatement, impliquant des droits de censure et de réquisition. La conscription soulève les passions des Canadiens et le Québec s’y oppose énergiquement.
En fait, la presse est divisée : La Patrie, l’Action catholique et Le Soleil mènent une campagne pour la conscription. Le Devoir et L’Illustration nouvelle sont plutôt neutres ou exigent les mêmes mesures contre tous les ennemis de la démocratie : Georges Pelletier, directeur du Devoir se demande, le 16 septembre, pourquoi Londres et Paris n’agissent pas aussi sévèrement contre Staline. Le lendemain, le 17 septembre, Staline, agissant de concert avec Hitler, attaque à son tour la Pologne. Ottawa, cependant, venant de déclarer la guerre contre l’Allemagne, n’exprime aucun désir de déclarer la guerre contre l’URSS pour les mêmes raisons.
En août 1940, après l’emprisonnement du maire de Montréal, Camillien Houde, qui s’était opposé à la conscription, Le Devoir est le seul journal qui ose blâmer ouvertement cette décision.
Le 27 avril 1942, tout le Canada vote « oui » à la conscription. Tout le Canada, sauf le Québec, ce qui provoque des tensions entre le Québec et les autres provinces canadiennes.
Le « Bloc populaire » s’opposant à la conscription est né, et la revue L’Action nationale, fondée en 1933 par André Laurendeau, devient son organe. Cette revue acquiert très vite une popularité incroyable, mais la censure et les pénuries du temps de guerre font que les Québécois pensent plutôt à la survie qu’à la politique.
Paradoxalement, la presse québécoise est plus censurée à partir de 1945 que durant la guerre. La période 1945-1959, l’époque du triomphe des valeurs conservatrices prônées par Maurice Duplessis, Premier ministre du Québec, se caractérise par le contrôle de la presse écrite et de la radio. L’Action nationale, animée par l’abbé Lionel Groulx, prêche un relèvement national.
On traite de communistes ceux qui s’insurgent contre les politiques duplessistes. En 1947, l’Union Nationale, le parti de Maurice Duplessis, fait l’acquisition de Montréal-Matin, un journal populaire qui mène une campagne permanente pro–conservatrice.
Plusieurs publications courent le risque de disparaitre. La « Loi du cadenas » est omniprésente. Cependant, la presse n’est pas morte. Le journal Le Jour, édité par Jean-Charles Harvey ( auteur du célèbre roman Les Demi-civilisés, paru en 1934 ), ainsi que la revue Cité libre de P.E. Trudeau, défendent le principe de la démocratie et de la liberté d’expression.
Le Devoir, dirigé dès 1946 par Gérard Filion soutient des mesures sociales et critique le gouvernement Duplessis. C’est Le Devoir qui exige l’enquête Salvail contre la corruption gouvernementale. C’est également Le Devoir qui soutient énergiquement Jean Drapeau dans sa lutte pour la mairie de Montréal. Drapeau triomphe en 1950, promettant des mesures fortes contre la pègre.
La situation dans la presse change radicalement en 1960, avec l’arrivée de la « révolution tranquille ».
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