
Presse d’opinion au Québec
Au début, toutes les publications d’importance étaient considérées comme «presse de combat» parce qu’elles défendaient des idées, des convictions et des positions politiques ou sociales. De nos jours, les médias québécois, même s’ils défendent les points de vue d’un parti, sont plutôt neutres. Aujourd’hui, l’objectivité est perçue comme un gage de crédibilité.
Cette situation apparaît au Québec pour la première fois vers la moitié du XIXe siècle, quand on assiste à l’apparition d’une «presse d’opinion». Ces journaux dits «d’opinion» commencent à exprimer une certaine diversité de points de vue, créant de cette façon les conditions d’une plus grande liberté de la presse.
En effet, les journaux et revues acceptent désormais de publier des idées opposées et contradictoires, pourvu que ces idées soient appuyées par des arguments pertinents.
En 1844, dans le cadre de cette nouvelle approche, on fonde l’Institut Canadien à Montréal. Il se veut une institution qui fait la promotion du débat d’idées et qui approuve la diffusion de la culture. L’Institut Canadien à Montréal a fourni à la presse de l’époque les fondements des traditions journalistiques d’aujourd’hui.
Ce serait une exagération d’affirmer que c’était la presse qui se trouvait à l’origine du progrès social, mais il faut admettre toutefois, que la presse assurait l’avancement de la pensée avec une invitation à la libre discussion et à l’analyse des chemins à suivre pour la société.
Ce processus était difficile, contradictoire et parfois plein d’excès. Mgr Bourget, par exemple, a condamné la liberté d’opinion, sous prétexte qu’elle mènerait à l’anarchie et à la confusion. Le journaliste Arthur Buies, dans sa Lettre sur le Canada, parue le 9 février 1867, compare l’attitude de Mgr Bourget aux bûchers de l’Inquisition et insulte l’Église. En réponse, Mgr Bourget entreprend quelques manœuvres qui conduisent à la fermeture du journal d’Arthur Buies, La Lanterne.
Cependant, le futur ne naît jamais sans erreurs ni excès, la jeunesse étant trop agressive et la vieillesse trop timide.
Entre 1840, l’année de l’invention de la presse mécanique qui rend possible la publication rapide et à coût modique d’un grand nombre de journaux et 1867, l’année de la Confédération, une multitude de publications voient le jour, lesquelles sont parfois constituées d’une ou deux feuilles.
En 1852, apparaît le journal Le Pays qui regroupe quelques grands journalistes de l’époque : Louis-Antoine Dessaules, Napoléon Aubin, Arthur Buies entre autres. On peut nommer aussi Le Canadien, La Lanterne, Le Défricheur et plusieurs autres, dont la plupart eurent une existence éphémère, mais c’était la période de consolidation de la presse, d’expériences, d’espoirs et de découvertes, une période difficile et pénible, mais nécessaire.
Il faut souligner qu’à maintes reprises, la presse d’opinion exprime sa propre opinion et défend certaines positions politiques ou sociales.
Par exemple, en 1867, le journal Le Défricheur de Jean-Baptiste Dorion est le premier à publier la Constitution canadienne, en la condamnant comme désastreuse pour l’autonomie du Bas-Canada.
La Patrie d’Honoré Beaugrand, futur maire de Montréal, qui est publié quotidiennement à un sou le numéro, exige le 24 février 1879, l’instruction gratuite ou à très bon marché pour les masses.
Le journal La Presse, relancé par le typographe Trefflé Berthiaume le 15 novembre 1889, défend la cause des ouvriers : en hiver 1902, il réclame la baisse du prix du charbon, en 1903 il appuie la grève des débardeurs. Le journal anglais The Gazette prend le parti des patrons à l’occasion de cette même grève. Les exemples sont nombreux, témoignant de cette composante essentielle: à l’époque, la presse québécoise est d’opinion.
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