Journal Le Canadien
Le journal Le Canadien fut fondé officiellement le 22 novembre 1806, à Québec, par Pierre Bédard, Jean-Antoine Panet, François Blanchet et quelques autres députés de l’Assemblée Législative du Bas-Canada, avec l’appui de d’autres compatriotes, afin de défendre les intérêts du Parti canadien, Pierre-Stanislas Bédard, premier véritable chef parlementaire de ce groupe politique,
Le premier numéro du Canadien parait le 13 novembre 1806, soit 9 jours avant la constitution officielle de la publication (la date retenue officiellement est pourtant le 22 novembre 1806).
La devise du Canadien : «Nos institutions, notre langue et nos droits».
Dans les statuts du journal, on lit :
Les Canadiens comme nouveaux sujets de l’Empire ont intérêt à n’être pas mal représentés. Il n’y a pas longtemps qu’on les a vus en butte à de noires insinuations, dans un papier anglais, sans avoir la liberté de répondre. Ils ont intérêt de dissiper les préjugés; ils ont intérêt surtout d’effacer les mauvaises impressions que les coups secrets de la malignité pourraient laisser dans l’esprit de l’Angleterre et du roi lui-même…
Le Canadien se positionne comme un ardent défenseur de la cause des Canadiens français. Le journal attaque durement les autorités et leurs représentants sans se soucier des mots employés.
Ces positions provoquent des réactions et, le 14 mars 1810 (le 17 mars, selon certaines sources), sir Henry Craig, gouverneur du Bas-Canada, exaspéré par les critiques à l’égard de son gouvernement, accuse le Canadien suite à la publication d’un article antigouvernemental. Les locaux sont investis par les soldats et les rédacteurs du journal, ainsi que l’imprimeur, sont jetés en prison. Sir Craig décide bâillonner Le Canadien. Les soldats qui font irruption dans l’atelier du journal, arrêtent l’imprimeur Charles Lefrançois et s’emparent du matériel d’impression. Dans les jours qui suivent, les propriétaires Bédard, François Blanchet et Jean-Thomas Taschereau sont aussi incarcérés.
Aucune enquête, procès, ni jugement n’ont été instruits contre les détenus et ils furent libérés au mois d’août. Une proclamation de sir Craig fut diffusée dans les églises, expliquant que les autorités ne pouvaient tolérer des écrits séditieux et remplis des faussetés les plus noires. Ces événements de 1810 révèlent combien la liberté de la presse demeurait aléatoire (Philippe Aubert de Gaspé disait de Craig : « d’une petite taille, mais corpulent… il parlait d’une voix aigre. On l’appelait en Angleterre The Litte King Craig parce qu’il aimait la pompe et la faste ».
Le journal n’a reparu qu’en juin 1817. Puis la publication disparaît deux ans plus tard, en 1819, pour ressusciter en janvier 1820 et disparaître une nouvelle fois en mars 1825 (deux ou trois éditions ont pourtant vu le jour entre août et septembre 1825).
Le 7 mai 1831, Le Canadien renaît de ses cendres et cette fois le journal paraît régulièrement jusqu’en février 1893. Pendant soixante ans, il est édité à Québec et en 1891, son dernier propriétaire, M. J.I. Tarte (également propriétaire du quotidien anglophone Quebec Mercury) le fait transférer à Montréal.
Le Canadien a marqué son époque et est considéré comme l’un des symboles du Canada français du XIXe siècle.
Notons finalement que, de son côté, le journal Quebec Mercury prônait les intérêts du Parti anglais, depuis 1805.
Voir aussi :
- Médias au Québec
- Début de la presse au Québec
- Naissance de la conscience nationale
- Gazette de Québec
- Presse d’opinion
- Presse d’information