Situation écologique du Saint-Maurice

Situation écologique du Saint-Maurice : À la santé d’une grande rivière !

Le Saint-Maurice regroupe une vingtaine de municipalités riveraines, concentrées pour la plupart dans la partie sud du territoire, autour de Trois-Rivières, de Shawinigan et de Grand-Mère. Dans le bassin versant de la rivière, l’agriculture, assez marginale, y occupe moins de 2 pour cent du territoire dominé par les forêts. Les principaux secteurs d’activité sont les pâtes et papiers, l’industrie agroalimentaire, la chimie et la métallurgie.

Depuis 1996, plusieurs facteurs, dont l’arrêt du flottage du bois, le nettoyage des berges et le traitement des effluents des papetières et des municipalités riveraines, ont contribué à améliorer l’état du Saint-Maurice. La qualité de l’eau des lacs du bassin versant est jugée très bonne, même si beaucoup d’entre eux révèlent une tendance à l’acidification, nuisible à la biodiversité aquatique. La santé de la rivière demeure préoccupante dans plusieurs secteurs.

L’analyse de divers traceurs placés en amont et en aval des grandes agglomérations a démontré que la ville de Shawinigan est responsable de l’accumulation de contaminants dans la rivière. Cinq métaux dont le cuivre, le plomb et, surtout, le mercure y présentent une teneur élevée. Des hausses de dioxines et de furannes, de HAP, de deux phtalates et de cinq autre composés organiques semi volatils y ont été observés. Les secteurs de La Tuque et de Trois-Rivières représentent d’autres sources confirmées de contaminants. La concentration et la variété des substances toxiques mesurées dans quelques tronçons du Saint-Maurice dépassent nettement les mesures que l’on obtient avec la même technique dans les autres rivières. À ce titre, la région de Shawinigan a rejoint, et surpasse quelquefois, les niveaux recensés dans le Richelieu à la hauteur de Saint-Jean-sur-Richelieu.

L’indice de santé des écosystèmes aquatiques, basé sur les communautés benthiques, a été mesuré le long de la rivière Saint-Maurice. Il affiche une cote jugée bonne sur 91,1 kilomètres (53,4 pour cent) et moyenne sur 50,5 (29,6 pour cent). Les plus faibles valeurs de l’indice d’intégrité biotique sont obtenues en amont du barrage hydroélectrique de Grand-Mère et en aval du barrage hydroélectrique de Shawinigan. En plus de l’effet du réservoir, des empilages de billes de bois en expliqueraient la faible biodiversité. Montrée du doigt encore une fois, la pollution urbaine et industrielle provenant de l’agglomération de Shawinigan et de la rivière éponyme contribuerait à la dévalorisation locale de l’indice recueilli, le situant dans les classes faible et moyenne.

Selon les résultats compilés, la pire dégradation de la rivière Saint-Maurice se ferait sentir dans le secteur de La Tuque. L’oscillation rapide de l’indice d’intégrité souligne l’instabilité des communautés de poissons. La proportion des omnivores et des espèces tolérantes à la pollution culmine; celle des cyprinidés insectivores sensibles à la pollution chute. Entre 10 et 18 pour cent des poissons présentent des anomalies : des déformations, l’érosion des nageoires, des lésions et des tumeurs, toutes les indices d’une communauté en mauvaise santé. Le bassin de la rivière Saint-Maurice, en amont du barrage de La Tuque, a fait l’objet d’un nettoyage partiel des billes de bois depuis l’arrête du flottage, en 1996. La nécessité de traiter les larves de mouches noires en aval de ce barrage laisse supposer que la qualité de L’eau de la rivière s’améliore.

En réalité, la santé du Saint-Maurice a fait des progrès encourageants. Les concentrations de dioxines et de furannes, mesurées dans les meuniers noirs capturés à La Tuque, ont chuté de façon remarquable. Les changements apportés à la méthode de blanchiment du papier et l’ajout d’un traitement secondaire de l’effluent de la papetière ne sont probablement pas étrangers au phénomène. On a également relevé une diminution, oins forte cependant, des teneurs en PBC et autres contaminants dans le poisson. Malheureusement, la concentration du mercure dans le poisson pêché en aval de La Tuque et de Grand-Mère a connu une hausse de 25 à 50 pour cent dans le même intervalle. Ces résultats indiquent que la problématique demeure entière dans le bassin du Saint-Maurice.

Notons finalement que deux communautés autochtones vivent sur des territoires réservés à la nation attikamek. La réserve d’Obedjiwan s’étend au nord du réservoir Gouin; celle de Weymontachie occupe une rive de la rivière Saint-Maurice, environ 150 kilomètres au nord-ouest de La Tuque.

(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).

Voir aussi :

Affluent du Saint-Maurice
Le lit de l’un des affluents de la rivière Saint-Maurice. Photo : GrandQuebec.com.

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