Incendie à Trois-Rivières

Deuil et ruines à Trois-Rivières

Le terrible incendie à Trois-Rivières qui a ravagé la ville de Laviolette a détruit pas moins de 280 maisons. Un homme tué par la chute de la cheminée d’une maison incendiée

Trois-Rivières. C’est au milieu du brasier que je rédige ces quelques lignes, prises à la hâte dans la surexcitation créée ici par l’incendie dévastateur (du 22 juin 1908).

On ne voit de tous côtés que ruines; des demeures qui flambent; des lueurs se projetant vers le ciel sur une vaste étendue. Nous sommes arrachés à la contemplation de ce spectacle d’une triste beauté, de ces scènes déchirantes de destruction et de désolation, par des clameurs de désespoir, des appels, des cris d’alarme.

Partout, on ne voit que du feu. En avant, en arrière, de chaque côté, le feu. Là où quelques heures auparavant s’élevaient de somptueuses demeures, des édifices publics, on n’aperçoit plus que des murailles dressant leurs ruines fumantes au milieu desquelles brûlent lentement les restes d’ameublement de quelques familles éplorées.

*

Trois-Rivières, ville de quinze mille âmes environ, est aujourd’hui aux trois quarts incendiée. Toute la partie commerciale est rasée. Son honneur le maire Tourigny me disait hier soir: «C’est l’âme même de notre ville qui vient d’être atteinte».

Pour trouver une comparaison aux sombres péripéties du désastre qui a frappé la vieille cité de Laviolette, il faut remonter au grand feu de Hull en 1900.

Cette fois-là, encore, on avait vu disparaître dans les flammes tous les quartiers industriels d’une ville florissante, l’émule même de Trois-Rivières. Dans un océan de flammes s’étaient engloutis les espoirs de milliers de citoyens. Coïncidence remarquable : c’était en juin qu’eut lieu l’incendie de Hull, comme s’était en juin aussi qu’eut lieu la grande conflagration de 1888 au même endroit, qui arriva dans la même année que l’incendie de Saint-Sauveur de Québec, où près de six cents maisons furent détruites.

Actes d’héroïsme

De vaillants sauveteurs ont accompli les actes d’héroïsme. L’on voit aussi des personnes affolées chercher un refuge loin dans les terres. D’’autres vont se blottir dans quelque coin des bateaux-passeurs afin de mettre l’eau entre eux et l’élément destructeur.

Origine de l’incendie

C’est à midi qu’a éclaté la conflagration. Les versions données sur l’origine du feu sont nombreuses et contradictoires. On a jeté le blâme d’abord, comme on l’a jeté en 1888 (Note : 1900?), à Hull, sur les épaules d’un fumeur imprudent. Seulement, cette fois-ci, c’est un bambin qui a été désigné.

Ailleurs, on parle d’une fillette de sept ou huit ans qui aurait mis le feu. On dit qu’elle jouait avec des allumettes chimiques.

Quoiqu’il en soit, c’est dans les dépendances de la demeure de M. Jos Duval, propriétaire d’une écurie de louage, que l’incendie a pris naissance, et jusqu’ici c’est l’opinion générale que cette

Étincelle dévastatrice …

… deux enfants du nom de Roya l’ont allumée. Ces derniers, bien innocemment, cherchaient à retrouver dans un hangar, avec une allumette en feu, une balle égarée. Il y avait là du foin et des morceaux de bois sec. Pauvres petits : « Ils ne savaient pas combien leur imprudence de bambins allait faire couler de larmes et entasser de ruines. »

Le trivial incident de deux bambins cherchant. Cette fois-ci, une balle en caoutchouc dans un hangar aura provoqué la destruction de la plus riche partie d’une cité prospère de notre district.

(C’est arrivé le 22 juin 1908).

feu trois rivières
Feu de Trois-Rivières. Cette photo illustre l’ampleur des dégâts causés par les flammes, à Trois-Rivières. Photo de l’époque, du domaine public.

Voir aussi :

2 réflexions au sujet de “Incendie à Trois-Rivières”

  1. Bonjour, je viens de lire un article que vous avez publié sur l’incendie de Trois-Rivières le 22 juin 1908. Le texte n’est pas signé… Il est mentionné:  »deux enfants du nom de Roya l’ont allumée » Qui a dit cela? D’où proviennent toutes ces informations?

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    • Plusieurs sources mentionnent le fait que le feu a été allumé par deux enfants, par exemple, voir ce texte: https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/docs/GSC1869/O0000984427_incendies.pdf. Quant au nom, il semblerait que la nouvelle apparaît dans la journal La Presse. Donné que l’auteure de cette publication ne peut être rejointe, on ne peut être sûr. Généralement, on mentionne la source, mais par une raison quelconque, l’auteur aurait oublié de le faire. Ce texte est en ligne depuis 2011. Il se peut qu’il s’agit d’une erreur d’orthographe et le nom des enfants était Roy, par exemple.

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