Zones 5, un roman d’anticipation par Michel Vézina
Michel Vézina replonge sa plume dans l’encre de la Série Élise. Ça démarre à Blanc-Sablon, exactement là où, à la fin d’Élise, il avait laissé ses personnages. Jappy et Élise squattent toujours le village fermé, Et non seulement y mènent-ils leurs affaires illicites, mais en se mettant en lien avec d’autres villages squattés, ils créent autant de Zones autonomes temporaires concept emprunté à TAZ, d’Hakim Boy, dont Zones 5 est truffé d’extraits. Pour subvenir à leurs besoins, les résultats abordent cargos, pétroliers et paquebots dans le Golfe Saint-Laurent. Un nouvel âge d’or de la papeterie est-il né?
La série Élise, une saga à plusieurs mains (Élise, de Michel Vézina, Luna Park de Laurent Chabin et La Phalange des avalanches de Benoît Bouthillette), une épopée politique et sociale de la littérature d’anticipation.
Michel Vézina a fondé et dirige Coupe de tête. Il a publié Élise, en 2007, et Sur les Rives, en 2009. Il est aussi l’auteur d’Asphalte et Vodka et de La machine à orgueil (Québec Amérique), de même que de Désir(s) de vertige, 25 ans d’audace, co-écrit avec Pascal Jabob (Les 400 coups). Michel est chroniqueur au journal web montrealexpress.ca, au magazine Le Libraire, tout comme à la Première chaîne de Radio-Canada. Il collabore régulièrement avec la compagnie de cirque Les 7 doigts de la main et il est le maître de cérémonie et le Veejay de Dub et Litté, Sound System Littéraire.
Histoire du Québec, de 2010 à aujourd’hui
Notes consignées par Ender, Blanc-Sablon, deuxième moitié du XXIe siècle
La première démarcation entre deux quartiers de la ville de Montréal remonte aux années 1970. La ville de Mont-Royal, alors indépendante, installe une longue clôture sur la côte ouest du boulevard de l’Acadie. De l’autre côté de l’artère routière, le quartier Parc Extension abrite de nombreux immigrants, très pauvres, que les citoyens de Mont-Royal ne veulent pas voir circuler dans leur ville bourgeoise.
Au début des années 2000, la ville de Westmount, encore indépendante de la grande ville de Montréal, adopte un règlement municipal lui permettant d’interdire la circulation des véhicules dont l’adresse d’immatriculation ne se situe pas sur son territoire.
C’est vers 2017 que les premières guérites seront érigées entre les quartiers d’Outremont et du Mile-End, puis aux entrées, un peu plus tard, la même année, des autres quartiers chics de Montréal.
Petit à petit, la ville, puis la région métropolitaine au complet, seront divisées en quatre catégories de zones distinctes : les Zones 1, résidentielles et à niveau de revenus élevés ; les Zones 2, semi-résidentielles et commerciales, où vivent les travailleurs salariés, d’abord industrielles, mais où vivent de nombreux travailleurs temporaires et des immigrants nouvellement arrivés sur le territoire de la métropole, de même que la plupart des illégaux ayant réussi à franchir le mur séparant la RMM (Région métropolitaine montréalaise) de l’immense Zone 4 qui la ceinture. Dans cette zone, on retrouve tous les sans-abris, les revendeurs de fausses cartes d’accès, des passeurs, des prostituées vérolées et tous ceux qui arrivent de l’extérieur et qui rêvent de s’installer dans la métropole.
C’est en 2046 que le gouvernement du Québec décide de fermer les dernières régions éloignées du Québec. Un seul centre urbain est conservé dans chacune des régions. Le travail de prélèvement des ressources se fait maintenant de manière automatisée, plus rien ne justifie l’entretien de routes et de services dans ces coins perdus où les perspectives d’emploi sont désormais inexistantes.
Certains villages ont d’abord été occupés par d’anciens résidents nostalgiques qui ont décidé d’y reproduire des conditions de survie dignes de ce qui prévalait avant l’industrialisation de notre territoire. Plus aucune route n’y mène, plus aucun service public.
L’espérance de vie en Zones 5 correspond aux statistiques du début du XXe siècle. Les hommes y vivent environ 58 ans et les femmes à peu près 62 ans. À titre comparatif, mentionnons qu’en RMM, l’espérance de vie des hommes est aujourd’hui de 112 ans, et que celle des femmes se situe à 118 ans.
Bienvenue dans les zones 5.
(Michel Vézina et Les 400 coups, 2010. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Bibliothèque et Archives nationales Canada).
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