Disparues

Disparues, roman noir par Michel Vézina

Michel Vézina a publié des romans, des carnets, des essais et des textes dans de nombreuses publications. Il a été vu sur plusieurs scènes, tant ici qu’à l’étranger, à lire de la poésie et des extraits de roman, à faire le clown et à jouer des personnages louches. Michel Vézina aime les bonnes choses de la vie. Il aime aussi passer de longues soirées dans les bois à chanter avec les coyotes et de courtes nuits dans les villes à valser avec des anges.

De plus en plus de femmes disparaissent au Québec. Un jour que Mélanie rend visite à son Jimmy dans sa nouvelle demeure des Cantons-de-l’Est, la voisine disparaît en laissant derrière elle enfants et amoureux. Voyant l’enquête policière faire du surplace, Mélanie passe à l’action. Lorsqu’elle fera exploser le pot aux roses, il éclaboussera tout le monde. Et tous devront alors se faire tout petits petits petits…

Disparues est la deuxième enquête de Mélanie et de Jimmy, rencontrés dans Sur les Rives, du même auteur.

Disparues (extrait)

Cette fois, Jimmy est reparti seul en campagne. Il s’est arrêté à Sherbrooke pour signer les papiers chez le notaire, où la vendeuse n’était pas plus loquace que le jour de l’entente. Elle n’avait l’air ni contente ni vendre ni mécontente. Elle semblait neutre, selon Jimmy, sans émotion et d’une froideur impressionnante.

La transaction s’est réglée en moins d’une heure, et Jimmy a appelé Mélanie pour lui annoncer qu’il allait dormir sur sa nouvelle propriété ce soir. A tout hasard, il s’est acheté une petite tente et un sac de couchage dans un Canadian Tire, même s’il sait qu’il pourrait dormir à la belle étoile ou dans le hangar, où il y a tout ce qu’il faut pour s’organiser une couchette.

Sur le chemin de retour, il s’est arrête dans une SAQ et s’est acheté une bouteille de Barbancourt, ce rhum que ce fou de Faustin affectionné tant et que la SAQ s’est enfin décidée à distribuer. Comme quoi, on peut être un dérangé et avoir bon goût, s’est dit Jimmy. Il s’est arrêté à Cookshire et, à l’épicerie, il a arraché l’annonce du terrain à vendre. Il s’est acheté du pain, un gros steak et deux pommes de terre qu’il prévoyait faire cuire sur un feu, dehors.

Il a pris de l’essence et s’est acheté une carte routière de la région. Quelques mètres plus loin, il a mangé dans un petit casse-croûte en étudiant la carte tranquillement.

Plusieurs chemins semblaient mener chez lui. Il choisit, au pif, celui qui offre le plus de routes de campagne.

Sur un chemin de terre, il remarque, de loin, une vieille roulotte parquée sur le bord du rang. Il ralentit et voit la pancarte rouge collée sur le côté de la roulotte : « À vendre ». Il se gare et un homme de forte corpulence, chauve, s’avance vers lui en souriant.

  • Salut. Combien la roulotte?
  • Wait. Don’t speak French. I go get the wife.

L’homme rebrousse chemin et entre dans la maison. Quelques secondes plus tard, il ressort, accompagné de sa femme, une blonde d’une quarantaine d’années, plutôt jolie.

(Michel Vézina et Coups de tête, 2014. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Bibliothèque et Archives Canada).

Voir aussi :

Vie en noir et blanc
La vie en noir et blanc embrasse toutes les couleurs (Megan Jorgensen). Illustration: Megan Jorgensen.

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