L’Âge hyborien

L’Âge hyborien

Par Robert Howard

Un autre facteur a donné une impulsion plus forte encore aux migrations hyboriennes. Une tribu a découvert l’usage de la pierre pour la construction, et c’est ainsi qu’est né le premier royaume hyborien… Le royaume rudimentaire et barbare d’Hyperborée, qui s’est formé à partir d’une forteresse grossière, faite de rochers amoncelés pour repousser une attaque tribale. Les hommes de cette tribu ont vite abandonné leurs tentes en cuir de cheval pour des maisons de pierre, à la construction rudimentaire mais solide ; ainsi protégés, ils deviennent forts. L’histoire présente peu d’événements qui soient aussi dramatiques que la naissance du royaume d’Hyperborée, rude et farouche, dont les habitants abandonneront soudain leur vie nomade pour construire des habitations de pierre nue, entourées de murs cyclopéens… Une race à peine sortie de l’âge de la pierre polie, par un caprice du hasard, venait de découvrir les principes rudimentaires de l’architecture.

La formation de ce royaume eut pour conséquence l’exode de nombreuses autres tribus car, vaincus à la guerre, et refusant d’être inféodés à ce peuple qui vivait dans un château, de nombreux clans s’exilèrent, et leurs longues errances les emmenèrent de l’autre côté du monde. Déjà les tribus vivant plus au nord commençaient à être harcelées par de gigantesques sauvages à la chevelure blonde, dont le niveau n’était guère plus avancé que celui des hommes-singes.

L’histoire du millénaire suivant est celle de la montée des Hyboriens, dont les tribus guerrières dominent le monde occidental. Les envahisseurs velus et basanés ont combattu les Pictes, les chassant vers les pays arides de l’ouest. Au nord-ouest, les descendants des Atlantes, s’élevant lentement et sans aucune aide, pour passer de leur condition simiesque à celle de sauvagerie primitive, n’ont pas encore subi le choc des conquérants. Loin à l’est, les Lémuriens ont développé une étrange semi-civilisation qui leur est propre. Au sud, les Hyboriens ont fondé le royaume de Koth, aux frontières de ces régions pastorales connues sous le nom de Terres de Shem, et les sauvages de ces contrées, en partie grâce aux relations nouées avec les Hyboriens, en partie grâce à celles nouées avec les Stygiens qui les ont persécutés durant les siècles, émergent de la barbarie. Les blonds sauvages venus du nord lointain ont grandi en force et en nombre, à tel point que les tribus nordiques hyboriennes se dirigent vers le sud, chassant devant elles les clans qui leur sont apparentés. L’ancien royaume d’Hyperborée est renversé par l’une de ces tribus nordiques qui garde cependant son ancien nom. Au sud-est d’Hyperborée est né le royaume des Zhemris, la vallée fertile de Zingg, vaincu le peuple agricole qui y vivait, puis s’est fixée parmi eux. Cette race mixte fut par la suite conquise à son tour par une tribu errante des Hyboriens, et de ces divers éléments naquit le royaume de Zingara.

Cinq cent ans plus tard, les royaumes du monde sont clairement définis. Les royaumes des Hyboriens, Aquilonie, Némédie, Brythunie, Hyperborée, Koth, Ophir, Argos, Corinthie, et le dernier connu sous le nom de Royaume-Frontière, dominent le monde occidental. Zamora se trouve à l’est, et Zingara au sud-ouest de ces royaumes…

Des peuples qui se ressemblent par leur teint foncé et leurs coutumes exotiques, mais qui, autrement, n’ont aucun rapport.

Loin vers le sud, sommeille la Stygie, préservée des invasions étrangères, mais les habitants de Shem ont troqué le joug stygien contre celui, moins douloureux, de Koth. Les maîtres à la peau basanée ont été chassés au sud du grand fleuve Styx, Nilus, ou Nil, qui, coulant vers le nord depuis un arrière-pays inconnu, tourne presque à l’angle droit pour se diriger vers l’ouest, traversant les prairies ondoyantes de Shem avant de se jeter dans la grande mer. Au nord de l’Aquilonie, le royaume hyborien le plus à l’ouest, vivent les Cimmériens, des sauvages à l’aspect féroce, que n’ont pu soumettre les envahisseurs, mais qui progressent rapidement à leur contact ; ce sont les descendants des Atlantes qui se développent à présent beaucoup plus vite et plus régulièrement que leurs ennemis séculaires, les Pictes, qui vivent dans des régions sauvages à l’ouest de l’Aquilonie.

Civilisations pré-humaines

De cette époque connue des chroniqueurs némédiens sous le nom d’Ère précédant le Cataclysme, on sait fort peu de choses, sinon les derniers jours de son histoire … et celle-ci est voilée par les brumes de la légende.

L’histoire connue commence avec le déclin de la civilisation précédant le Cataclysme, dominée par les royaumes de Kamélie, Valusie, Vérulie, Grondar, Thulé et Commorie. Ces peuples parlaient un même langage, ce qui prouve une origine commune. Il y avait d’autres royaumes, ayant atteint le même degré de civilisation, mais habités par des races différentes et apparemment plus anciennes.

Les barbares de ces ères étaient les Pictes qui vivaient dans des îles très lointaines, dans l’océan occidental ; les Atlantes qui peuplaient un petit continent situé entre les îles pictes et le grand continent ou Continent Thurien ; et les Lémuriens qui vivaient sur une série de grandes îles, situées dans l’hémisphère occidental.

Il y avait beaucoup de régions inexplorées et sauvages. Les royaumes civilisés, bien qu’immenses par leur étendue, ne représentaient qu’une infime partie de la planète. La Valusie était le royaume le plus occidental du Continent Thurien, Grondor, le plus oriental. À l’est du Grondor, dont les habitants avaient atteint un degré de civilisation moindre que celui des habitants d’autres royaumes, s’étendaient des déserts arides et sauvages. Au sein des étendues les moins désolées, dans les jungles et au cœur des montagnes, vivaient des clans disséminés et des tribus des sauvages primitifs. Très loin, vers le sud, il y avait une civilisation mystérieuse, n’entretenant aucun rapport avec la culture thurienne et apparemment préhumaine par sa nature. Sur les lointains rivages orientaux du continent vivait une autre race, humaine, mais mystérieuse et non thurienne, avec laquelle les Lémuriens avaient les contacts de temps à autre. Apparemment, ils venaient d’un continent inconnu qui n’avait pas de nom et qui se trouvait quelque part à l’est des îles lémuriennes.

La civilisation thurienne tombait en décadence ; les armées des différents royaumes étaient composées en grande partie de mercenaires barbares. Pictes, Atlantes et Lémuriens étaient leurs généraux, leurs hommes d’état, souvent, leurs rois. Les querelles entre ces royaumes, les guerres opposant la Valusie et la Commorie, autant que les conquêtes que permirent aux Atlantes de fonder un royaume sur le Continent Thurien relèvent davantage de la légende que de l’Histoire exacte.

(L’Âge Hyborien. Par Robert Howard, Le Roi Kull, nouvelles parues en 1929 sous le titre The Shadow Kingdom, traduction de François Truchaud).

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