Histoire de Montréal

Rue Saint-Augustin, quartier Saint-Henri

Rue Saint-Augustin, quartier Saint-Henri

Rue Saint-Augustin dans le quartier Saint-Henri

Le territoire du quartier Saint-Henri, où la rue Saint-Augustin est située, occupe en partie l’ancien fief Saint-Augustin, concédé par de Maisonneuve aux pauvres de l’Hôtel-Dieu de Montréal le 8 mars 1650. Dix ans plus tard, le 25 novembre 1660, la superficie a été augmentée. Une partie de l’actuel quartier Saint-Henri fut d’ailleurs déjà connue sous le nom village de Saint-Augustin.

L’écrivaine Gabrielle Roy découvre le quartier Saint-Henri et ses contrastes en travaillant comme journaliste et son observation minutieuse de la réalité ouvrière la mène à l’écriture du roman Bonheur d’occasion dès 1941. Pour s’imprégner de cette réalité, Gabrielle Roy arpente les rues du quartier Saint-Henri de jour comme de nuit. Voici quelques extraits du texte de son roman « Bonheur d’occasion » dédiés à la rue Saint-Augustin et à la maison habitée par Jean Lévesque, l’un des personnages principaux de ce livre :

La maison où Jean avait trouvé un petit garni se trouvait immédiatement devant le pont tournant de la rue Saint-Augustin. Elle voyait passer les bateaux plats, les bateaux-citernes dégageant une forte odeur d’huile ou d’essence, les barges à bois, les charbonniers, qui tous lançaient juste à sa porte leurs trois coups de sirène, leur appel au passage, à la liberté, aux grandes eaux libres qu’ils retrouveraient beaucoup plus loin, lorsqu’ils en auraient fini des villes et sentiraient leur carène fendre les vagues des Grands Lacs.

Mais la maison n’était pas seulement sur le chemin des cargos. Elle était aussi sur la route des voies ferrées, au carrefour pour ainsi dire des réseaux de l’Est et de l’Ouest et des voies maritimes de la grande ville. Elle était sur le chemin des océans, des Grands Lacs et des prairies.

Les rails luisaient à sa gauche, et immédiatement devant elle brillaient les disques rouges et verts. Dans la nuit, ce n’était autour d’elle que poussière de charbon, chevauchée des roues, galop effréné de la vapeur, long hurlement des sifflets, éclat court et haché de la cheminée des barges ; dans ces bruits s’égrenait encore la sonnerie grêle, cassée, des signaux d’alarme et, prolongée au-delà de toute la rumeur, la marche lente d’une hélice ronronnante. Souvent, en s’éveillant la nuit au milieu de tous ces bruits, Jean avait cru être en voyage, tantôt sur un cargo, tantôt dans un wagon-lit : il avait fermé les yeux et s’était endormi avec l’agréable impression de fuir, de fuir constamment.

Étroite de façade, la maison se présentait drôlement à la rue ; de biais comme si elle eût voulu amortir tous les chocs qui l’ébranlaient. Ses murs de côté s’écartaient en V. On eût dit un vaisseau balourd dont la proue immobile cherchait à fendre le bruit et les ténèbres.

Jean s’appuya un instant au seuil de la porte. Il aimait cette maison comme il n’avait probablement jamais aimé quoi que ce fût dans le faubourg. Ils étaient deux forces depuis longtemps alliées et qui ne se rendaient pas.

(Extraits du roman « Bonheur d’occasion » de Gabrielle Roy).

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Quelques maisons très jolies sur la rue Saint-Augustin. Photo de GrandQuebec.com.
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Rue Saint-Augustin vue du coin avec la rue Saint-Ambroise. Photo de GrandQuebec.com.
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