Rue Saint-Ambroise

La rue Saint-Ambroise dans le quartier Saint-Henri de Montréal

La rue Saint-Ambroise longe le canal de Lachine, constituant un axe majeur dans le développement industriel de l’ancienne ville de Saint-Henri, annexée à Montréal en 1905.

Cette voie de communication a été ouverte avant 1879 et elle porte le nom de Saint Ambroise (340-397), archevêque de Milan qui introduisit le culte des reliques. C’est saint Ambroise qui convertit et baptisa saint Augustin (une rue perpendiculaire à la rue Saint-Ambroise l’honore.

Au XIXe siècle la rue a été composée d’une série de logements ouvriers qui formaient un environnement hétérogène. Jusqu’à nos jours une partie de la rue est bordée de petites maisons ouvrières en rangée de deux étages, d’apparence modeste et aux façades aux revêtements variés. Aujourd’hui, de nouveaux immeubles d’appartements de trois niveaux, recouverts de brique rouge, y ont été construits.

Notons aussi que les méandres de la rivière Saint-Pierre sont canalisés dans un collecteur rectiligne situé entre l’actuelle rue Sainte-Marie et la rue Saint-Ambroise, depuis la seconde moitié du XIXe siècle. La largeur inhabituelle de la ruelle entre ces deux voies signale ce tracé, encore aujourd’hui.

Le mouvement de réhabilitation des anciennes manufactures et des quartiers résidentiels attenants à la rue Saint-Ambroise s’accompagne, en 1996, de la désignation du canal de Lachine comme lieu historique national du Canada en tant que berceau de l’industrialisation au pays. En 2005, la construction de nouveaux immeubles résidentiels entre les maisons du début du XXe siècle participe à la revitalisation de tout le secteur de la rue.

La rue Saint-Ambroise joue un rôle important dans le roman « Bonheur d’occasion » de Gabrielle Roy, voici quelques paragraphes où cette rue est mentionnée et qui reflètent l’atmosphère particulière de cette rue historique :

« La rue était silencieuse. Rien n’est plus tranquille que la rue Saint-Ambroise par les nuits d’hiver. Un passant s’y glisse de temps à autre, attiré par la devanture faiblement éclairée d’une épicerie – restaurant. Une porte s’ouvre, un peu de clarté se répand sur le trottoir enneigé, un bruit de voix perce au loin. Le passant disparaît, la porte claque, et il n’y a plus dans la rue déserte, entre le feu pâle des lampes familiales d’un côté et les sombres murailles qui bordent le canal de l’autre, qu’une grande puissance nocturne.

Autrefois, c’étaient ici les confins du faubourg ; les dernières maisons de Saint-Henri apparaissaient là, face à des champs vagues ; un air presque limpide, presque agreste flottait autour de leurs pignons simples et de leurs jardinets.

De ce bon temps, il n’est resté à la rue Saint-Ambroise que deux ou trois grands arbres poussant encore leurs racines sous le ciment du trottoir.

Les filatures, les silos à céréales, les entrepôts ont surgi devant les maisons de bois, leur dérobant la brise des espaces ouverts, les emmurant lentement, solidement. Elles sont toujours là avec leurs petits balcons de fer forgé, leurs façades paisibles, leur petite musique douce qui s’élève parfois le soir derrière les volets et coule dans le silence, comme la voix d’une autre époque : îlots perdus sur lesquels le vent rabat les odeurs de tous les continents. La nuit n’est jamais si froide qu’elle n’arrache à la cité des entrepôts des senteurs de blé moulu, de céréales pulvérisées, d’huile rance, de mélasse, de cacahuètes, de fourrures, de farine blanche et de pins résineux.

Jean avait choisi de s’y établir parce que, dans cette rue éloignée, presque inconnue, le prix des loyers restait fort modique, et puis, parce que le quartier, avec le roulement, le battement, les sifflements de ses fins de jour et les grands silences inquiets de ses nuits l’aiguillonnait au travail.

(Note de GrandQuebec.com : Jean Lévesque habitait dans la rue Saint-Augustin, presqu’au coin de la Saint-Ambroise).

…Il est vrai qu’au printemps les nuits n’avaient plus de silence. Dès que s’ouvrait la navigation, le cri cent fois répété de la sirène, le cri qui jaillissait au bas de la chaussée Saint-Ambroise depuis le couchant jusqu’à l’aube, montait sur le faubourg et, porté par le vent, atteignait même le Mont Royal…

…Ils s’engagèrent dans la rue Saint-Ambroise en direction des silos à céréales. Les trams descendaient, déjà pleins à craquer, la rue Saint-Jacques et la rue Notre-Dame, et prenaient encore toute la foule débordant sur la chaussée…

…Il a une petite chambre au coin de la rue Saint-Ambroise et de la rue Saint-Augustin…

…Instinctivement, elle s’était mise en marche en direction de la rue Saint-Ambroise…

…Les murs de la grande cotonnerie, rue Saint-Ambroise, l’enveloppèrent de leur ombre pleine de l’essoufflement, de la plainte des machines. Tout conspirait à la jeter dans un extrême affaissement : ce travail nocturne qui semblait jaillir de sous terre, quelques passants qui la suivaient d’un regard curieux, le ciel se couvrant de nuages et tous les arbres qui s’agitaient ensemble au fond des cours dans un murmure dolent comme à l’approche d’une averse…

…Brusquement, il tourna sur lui-même et se dirigea vers la rue Saint-Ambroise…

Voir aussi :

Rue Saint-Ambroise. Photo de GrandQuebec.com.
Rue Saint-Ambroise au coin de la rue Saint-Augustin. Photo de GrandQuebec.com.
Rue Saint-Ambroise. Photo de GrandQuebec.com.
Rue Saint-Ambroise. Photo de GrandQuebec.com.

Laisser un commentaire