Chant d’amour pour Shu-Sin : le plus ancien poème d’amour au monde
Le plus ancien poème d’amour connu au monde est le « Chant d’amour pour Shu-Sin », composé vers 2000 avant Jésus-Christ dans l’ancienne Mésopotamie. Ce poème, écrit sur une tablette cunéiforme, a été découvert au XIXe siècle et traduit en 1951 par l’archéologue Samuel Noah Kramer.
Contexte et signification
Le « Chant d’amour pour Shu-Sin » était plus qu’une simple déclaration d’amour. Il faisait partie intégrante d’un rituel annuel appelé « mariage sacré ». Dans cette cérémonie, le roi Shu-Sin épousait symboliquement la déesse Inanna, s’unissant à elle pour assurer la fertilité et la prospérité du royaume pour l’année à venir.
Contenu du poème
Le poème, probablement écrit par une prêtresse d’Inanna, exprime à la fois l’amour romantique et érotique. Il commence par ces vers :
« Époux, cher à mon cœur,
Grande est ta beauté, douce comme le miel.
Lion, cher à mon cœur,
Grande est ta beauté, douce comme le miel. »
Le texte continue avec des descriptions passionnées et sensuelles, invitant l’amant à partager des moments intimes.
Importance historique
Avant la découverte du « Chant d’amour pour Shu-Sin », le Cantique des Cantiques de la Bible était considéré comme le plus ancien poème d’amour. Cette découverte a non seulement repoussé les origines de la poésie amoureuse écrite, mais a également offert un aperçu fascinant de la façon dont l’amour et la sexualité étaient perçus dans l’une des plus anciennes civilisations du monde.
Quelle est la signification du « mariage sacré » dans le Chant d’amour pour Shu-Sin
Le « mariage sacré » dans le contexte du Chant d’amour pour Shu-Sin avait une signification profonde et complexe dans la culture sumérienne ancienne. Ce rituel annuel, appelé « hieros gamos » en grec, jouait un rôle crucial dans la religion et la politique de la Mésopotamie antique.
Signification religieuse et cosmique
Le mariage sacré représentait l’union symbolique entre le roi Shu-Sin et la déesse Inanna (aussi connue sous le nom d’Ishtar). Cette cérémonie avait pour but de :
Assurer la fertilité et la prospérité du royaume pour l’année à venir.
Renouveler l’ordre cosmique et maintenir l’harmonie entre le monde divin et terrestre.
Aspects politiques et sociaux
Le rituel du mariage sacré servait également à : légitimer le pouvoir royal en associant le souverain directement à la divinité. Également, à renforcer la cohésion sociale en impliquant la communauté dans un acte religieux collectif
Dimension érotique et littéraire
Le Chant d’amour pour Shu-Sin, probablement composé par une prêtresse d’Inanna, exprime à la fois l’amour romantique et érotique. Cette poésie à forte teneur érotique servait à célébrer la sexualité sacrée comme une force créatrice et régénératrice. De plus, elle exaltait la puissance et la virilité du roi, garant de la prospérité du pays.
Il est important de noter que bien que le rite du mariage sacré ait une dimension sexuelle, il n’était pas centré uniquement sur cet aspect. La cérémonie englobait des significations cosmiques, politiques et spirituelles plus larges, reflétant la complexité de la pensée religieuse sumérienne.
À lire aussi :
- Lettres de Napoléon
- Lettres d’amour (par Pierre Foglia, texte paru dans La Presse, le 8 octobre 1980)