Émergence de la littérature

Émergence de la littérature québécoise

L’émergence de la littérature comme champ spécifique au Québec se situe aux débuts du XIXe siècle (en Europe ce procès avait débuté il y avait plus d’un demi-siècle de ça). La littérature canadienne-française trouve sa voie en s’appuyant sur un domaine spécifique des lettres dans lequel domine largement l’expression du « moi », qui arrive à son point culminant avec le romantisme.

En fait, l’isolement culturel du Bas-Canada par rapport à la littérature française n’est pas si absolu. Des œuvres françaises sont publiées (souvent par extraits), presque en même temps qu’en France. Paroles d’un croyant de l’écrivain Félicité de Lammenais, qui traite de l’idée de la séparation de l’Église et de l’État, par exemple, a eu un énorme impact au Canada. Cette œuvre est présentée dans Le Canadien en 1834, date de son lancement en France.

Le Père Goriot de Honoré de Balzac, paraît au Québec dès le 29 août 1835, un an à peine après sa parution en France.

La plupart des quotidiens canadiens (Le Canadien, Le Pays, La Minerve) publient presque exclusivement des feuilletons français.

Mais les livres coûtent cher. En effet, importés de France, les livres passent par Londres, en vertu des Navigation Laws (en vigueur du XVIIe siècle, elles ne seront abolies qu’en 1849, mais en 1843, les livres importés de France auront le même statut que ceux qui proviennent de Grande-Bretagne, et ce grâce à une loi votée par la Chambre d’Assemblée).

La littérature canadienne se développe d’abord par l’assemblage de textes littéraires anciens et contemporains dispersés dans des journaux et revues reconnus sur la scène culturelle canadienne.

Publié en 1848, le Répertoire national témoigne de l’opération de tri essentiel assuré par l’essayiste et historien de la littérature James Huston (1820-1854), membre fondateur de l’Institut canadien de Montréal en 1845 et son président en 1847. Le Répertoire national avait pour but de constituer un recueil des meilleures productions littéraires canadiennes et la publication fut faite grâce à une campagne de souscription présentée dans divers journaux dès l’automne 1847.

Le Répertoire national contient une anthologie des écrits de nombreux auteurs, dont Napoléon Aubin, Joseph-Guillaume Barthe, Joseph-Édouard Cauchon, François-Magloire Derome, François-Xavier Garneau, Louis-Auguste Olivier, Étienne Parent et Joseph Quesnel. Cependant, pour conserver la neutralité, Huston a choisi de ne pas inclure trop de textes polémiques.

Plusieurs écrivains et historiens de la littérature, dont Octave Crémazie, Philippe Aubert de Gaspé père, François-Xavier Garneau, l’abbé Henri-Raymond Casgrain, Edmond Lareau et Pierre de Grandpré, ont fait appel au Répertoire pour expliquer les origines de la littérature canadienne.

La littérature canadienne commence donc à se diversifier et cette évolution suppose le développement de différents genres littéraires comme le roman, le conte, la poésie, la critique littéraire.

En 1874, parait l’Histoire de la littérature canadienne de l’essayiste et historien Edmond Lareau. Ainsi, une première définition du champ littéraire est parachevée.

Notons finalement que la première librairie canadienne-française à Montréal a été ouverte vers 1828 (mais cette date peut être erronée), par MM. Bossange et D. B. Papineau, dans la vieille maison formant l’encoignure des rues Saint-Vincent et Saint-Amable, où se trouvait plus tard le bureau du doyen du Barreau du Québec, M. C. S. Cherrier, fameux avocat.

La maison Bossange a eu pour successeur la maison E. R. Fabre, plus tard Fabre et Gravel. M. Bossange épousa Mademoiselle Fabre, sœur de M. E. R. Fabre et retourna à Paris où il continua d’être un des associés de la célèbre maison Bossange. La maison de Montréal exista longtemps sous la raison sociale de Fabre et Bossange.

pleine lumière
Lire, c’est vivre en pleine lumière. (Michel Saint-Denis, écrivain québécois). Photo : © GrandQuebec.com.

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