Invasion
Par Luke Rhinehart (traduit de l’anglais par Francis Guévremont)
Des boules de poils intelligents débarquent sur Terre. Venues d’un autre univers, elles n’ont d’autre but que de s’amuser. L’une d’entre elles, Louie, est adpotée par illy Morton, un Américain moyen plein de bon sens…
Chapitre 1 (Extrait de Billy Morton, Mon ami Louie, p. 3-17)
Je m’appelle Billy Morton. Quand j’ai fait la rencontre de Louie, j’étais le capitaine d’un petit chalutier à Greenport, sur la péninsule de North Fork, à Long Island. Quand je sortais, je me dirigeais vers les eaux du détroit de Long Island, ou alors à l’est de Montauk, et, avec l’aide des deux crétins flemmards qui composaient mon équipage, on lâchait nos filets et on attendait de voir ce qu’on allait prendre.
Des fois, on restait en mer trois jours, mais comme ma santé n’est plus très, très bonne, le plus souvent on ne restait que deux jours. Avant, je possédais deux bateaux, et je gagnais même assez bien ma vie, mais les poissons en ont eu marre de se faire tirer hors de l’eau, couper en petits morceaux transformer en pâtée pour chats, et ils se sont comme qui dirait volatilisés.
J’ai dû vendre la moitié de ma flottille et me contenter de mon cher Vagabond, un chalutier de dix mètres dont le moteur diesel date de la guerre de Sécession. Les poutres qui ont servi à sa charpente sont si vieilles que la variété d’arbres utilisée est désormais éteinte. En tout cas, c’était mon bateau à moi.
Je mène mon petit monde à la baguette, mais dans la bonne humeur. C’est moi le patron, et les gars le savent très bien, mais ils savent aussi qu’ils peuvent glander de temps à autre, ou prendre dix petites minutes de pause sans se faire engueuler. D’ailleurs, s’ils n’étaient pas des gros flemmards, je ne les aurais jamais embauchés. Je n’aime pas trop les types qui se prennent au sérieux. Faites votre boulot, c’est ça qui compte. Le reste, je ne m’en fais pas trop.
Donc, quand Marty Beck est venu me voir et m’a dit qu’un poisson au ventre rond avait « sauté sur le toit de la passerelle », j’ai tout de suite pensé qu’il se moquait de moi et voulait faire le rigolo. Il est gentil, Marty, mais in n’est pas exactement malin malin. Je savais bien, et il le savait aussi, que si un poisson saute du pont jusqu’au toit de la passerelle, c’est qu’en fait quelqu’un l’a lancé là-haut.
Mais alors, j’ai vu Sam Potter qui écoutait attentivement cette histoire de poisson sauteur, et j’ai pensé que soit tout l’équipage s’était entendu pour me faire marcher, soit Marty ne racontait pas de blague.
– Y a un poisson qui sauté sur le toit, c’est ça ? J’ai dit.
– Quais, a répondu Marty en se grattant l’intérieur de la cuisse au travers de sa salopette de caoutchouc. Il a bondi là-haut.
– Bondi jusque sur le toit de la passerelle ? J’ai dit.
– Après s’être éloigné de nous en roulant quand on a essayé de l’attraper pour le jeter une deuxième fois à l’eau, a dit Sam en opinant du chef parce qu’il voulait vraiment que je le croie.
– Redis-moi ça un peu.
– Je l’avais déjà jeté à l’eau, a dit Sam. C’est le poisson-ballon le plus bizarre que j’aie jamais vu. Assez gros, tu vois, de la taille d’un ballon de basket, mais il avait l’air inutilisable, alors je l’ai foutu à l’eau et j’ai continué à bosser.
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