Palmarès des bibliothèques

Palmarès des bibliothèques municipales du Québec

Juin – juillet 2014

Le livre québécois sous représenté dans les bibliothèques municipales

Saviez-vous que seulement 31% des livres en français sont des livres québécois ?

(Lévis – Québec – juin 2014 – Agence de presse Appui-Livres) Une étude des plus récentes données de StatBib  révèle que le livre québécois représente seulement 31% des livres de langue française disponibles dans les bibliothèques municipales du Québec.

Municipalités de 5,000 habitants et plus : 35%

Le livre québécois compte pour 35% des 138 bibliothèques  publiques autonomes du Québec (bibliothèques desservant les municipalités de 5,000 habitants et plus). La littérature française d’origine étrangère s’élève donc à 65% de tous les livres en français offerts dans ces bibliothèques. Ainsi, une part importante des subventions gouvernementales  versées à ces bibliothèques servent à l’achat de livres en français étrangers au détriment du livre québécois.

Seulement 12 de ces bibliothèques comptent 50% et plus de livres québécois dans leurs répertoires de livres en français. En tête de liste du palmarès, la bibliothèque municipale de Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie avec 67% de livres québécois, suivie par Chertsey (64%), Waterloo (63%), Westmount (62%) (SB), St-Jacques (57%), Sainte-Sophie (54%), Mont-Joli (53%), Bécancour (52%), L’Île Perrot (51%), Baie-D’Urfé (50%) (SB), Sainte-Adèle (50%) et Saint-Amable (50%). Fait à noter, la présence de deux municipalités à majorité anglophone (statut bilingue) parmi les 12 premières bibliothèques avec la meilleure offre de livres québécois.

En queue de peloton avec seulement 25% de livres québécois sur l’ensemble des livres en français : Victoriaville, Dorval (SB), Alma et Sherbrooke, suivi de Mont-Royal (SB) et Côte-Saint-Luc (SB) (26%), Rouyn-Noranda, Rimouski, Belœil et Kirkland (SB) (29%). Dans toutes les bibliothèques, certaines dans des villes francophones phares du Québec, le livre québécois pèse pour moins de 30% de l’offre de livres en français.

Le livre québécois fait également piètre figure dans les bibliothèques des cinq plus grandes villes du Québec : Montréal (30%), Québec (33%) et Laval (37%), Gatineau (35%) et Longueuil (38%).

Municipalités de moins de 5,000 habitants : 27 %

Le livre québécois représente 27% de l’ensemble des livres en français dans les 734 bibliothèques des municipalités de moins de 5,000 habitants. Elles sont affiliées aux Centres régionaux de services aux bibliothèques publiques (CRSBP, aussi appelés Réseau Biblio). La meilleure offre de livres québécois revient au centre régional du Saguenay-Lac-St-Jean (45%) suivi de celui de la Côte-Nord (43%). La pire offre de livres québécois se retrouve au centre régional de l’Estrie (15%), suivi de celui de Centre-du-Québec, de Lanaudière et de la Mauricie (20%) et de celui de la Montérégie (22%).

Aide financière gouvernementale

En 2012-2013, le gouvernement du Québec a versé près de 5 millions de dollars dans le cadre de son programme pour le développement des collections des bibliothèques publiques autonomes  en 2012-2013. Pour sa part, la Ville de Montréal recevra 9 millions de dollars pour le développement des collections de ses bibliothèques dans le cadre de l’Entente culturelle 2012-2015.

Québec n’impose aucune contrainte aux 3,500 bibliothèques québécoises quant au développement de leurs collections de livres québécois. Nos bibliothécaires sont entièrement libres dans leurs choix des titres. Aussi, aucun des indicateurs de performance  des bibliothèques n’est lié au fonds de livres québécois. Dans ce libre marché impliquant au total 3,500 bibliothèques, la moyenne des ventes par titre des quelque 4,000 nouveautés québécoises par an atteint difficilement les 300 exemplaires vendus. Cette moyenne grimperait radicalement si les bibliothèques subventionnées se donnaient pour objectif ou étaient obligées de privilégier le livre québécois.

Offensive de nos éditeurs pour le livre d’ici auprès des bibliothèques – Depuis novembre dernier (2013), l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) mène une nouvelle offensive pour la promotion du livre québécois auprès des bibliothécaires en publiant la revue COLLECTIONS, « destinée à mettre en valeur la littérature d’ici auprès de nos bibliothèques. »  Dans son communiqué, l’ANEL qualifie le travail des bibliothécaires de «remarquable» tout en prenant bien soin de souligner «la qualité exceptionnelle de ce qui se publie chez nous.»

Mission des bibliothèques publiques – La définition de la mission des bibliothèques publiques s’avère un sujet sensible dans les milieux documentaires. «Les textes officiels présentant les missions des bibliothèques publiques sont divers et les missions y sont délibérément non définies», «pluriels et ambigus» soutient Dominique Gazon, diplômée l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal, dans sa thèse de doctorat. Elle souligne que l’Association des bibliothèques américaines (ALA) et, chez nous, l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de documentation (ASTED) «ne souhaitent pas imposer aux différentes bibliothèques publiques des missions spécifiques.»   Dans ses «Lignes directrices pour les bibliothèques publiques du Québec », l’ASTED ne mentionne pas le livre québécois au sous-titre «Politique de développement des collections».

Le rôle de premier plan des conseillers municipaux – «Au Québec, où une grande majorité des bibliothèques publiques autonomes sont placées directement sous la tutelle des municipalités, les bibliothèques publiques doivent définir et légitimer leurs missions avec les élus municipaux.»  Ces derniers demeurent à interroger sur leurs interventions quant au fonds de livres québécois mis à la disposition de leurs concitoyens.

La gestion de la culture : offre ou demande – L’accent mis sur la popularité de la bibliothèque publique dans son milieu, implique une hausse de la fréquentation, du nombre de titres et du taux de prêts par habitant. Le moyen retenu fut d’offrir les livres les plus demandés par les lecteurs, soit de gérer les collections selon la demande par opposition à l’offre. Or, les lecteurs demandent nécessairement les titres qu’ils connaissent et, par conséquent, ceux soutenus à grand renfort de publicité. Or, les éditeurs québécois manquent cruellement de moyens pour donner aux auteurs et à leurs œuvres toute la visibilité nécessaire pour susciter la demande populaire, comme l’explique le président de l’ANEL dans son billet «Affirmation n’est pas discrimination». Il ne s’agit pas de discriminer la littérature étrangère de langue française, mais d’affirmer l’identité éditoriale
nationale.

Les bibliothèques publiques en porte-à-faux avec la politique de la lecture et du livre – La politique de la lecture et du livre du gouvernement du Québec énonce clairement le devoir des bibliothèques publiques : «On devra aussi s’assurer de la présence et de la mise en valeur, dans les bibliothèques publiques, d’un nombre suffisant de livres et de périodiques édités au Québec afin de favoriser la diffusion de la culture et de la littérature québécoise auprès de la population.»  Le gouvernement ne précise pas ce qu’il entend par «un nombre suffisant».

Par Serge-André Guay, directeur, Agence de presse Appui-Livres.

livres du québec
Autour de ma langue, défilé de la Saint-Jean en 2014. Photo : GrandQuebec.com.

Bibliothèque modèle 427-1587 Mark IX

Modèle 427-1587 Mark IX à mémoire laser photonumérique basée sur une technologie de circuits intégrés

C’était un œuf de métal rutilant, d’un bon mètre de haut, pose sur une double rangée de trois roués chacune. Dans la partie supérieure, un capot transparent recouvrait un panneau de commande. En appuyant sur le bouton de mise en marche, toutes les lumières du tableau s’animent.

La technologie des « circuits intégrés bidules » signifie que la Mark IX est une machine pensante absolument insurpassable. Tout comme les humains ont des cellules grises parce qu’il leur faut du grain à moudre pour penser, la machine dispose d’une mémoire, rien de moins qu l’intégralité de la bibliothèque de l’université de Haribay qui contient tellement de livres qu’une vie entière ne suffirait pas pour les compter.

Tous ces livres ont été segmentés en mots, les mots en octets et les octets organisés en bits. Ensuite, on a enregistré ces bits sur de minuscules puces de silicium qu’on a glissées dans ce qui lui tient lieu te tête. Il faut noter que cette partie « mémoire » du cerveau de la machine n’est plus grosse qu’un poing d’humain – un petit poing même – parce qu’on parvient à fourrer plus de cinq cent quarante-cinq millions de bits sur moins d’un dixième de millimètre carré. Toute l’histoire des mondes humains, toutes les sciences, tous les savoirs sont là, dans son cerveau. Les langues aussi.

Harry Harrison. Deathworld III, Les Cavaliers barbares. Traduit par Fred Le Berre. Éditions Bragelonne SF. 2006.

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