Ligne du temps : 1866

Ligne du temps : le Québec en 1866

Sans date exacte

Le Québec en 1866 : Ferme ses portes la distillerie de John Molson, la toute première distillerie industrielle de grain au Canada. Cette usine qui exporta des spiritueux du Canada vers l’Angleterre pour la première fois de l’histoire, avait été ouverte en 1833.

1866 : Codification du droit civil. Le nouveau Code civil est inspiré du Code civil français de 1804 qui confirme la déchéance légale des femmes. Ce code agira profondément sur les perceptions, les attitudes et les mœurs es hommes et des femmes. Les femmes doivent obéissance à leur mari, doivent prendre sa nationalité, seul le mari choisit le lieu de la résidence familiale. Elles ne peuvent être seules tutrices de leurs propres enfants, se défendre ou intenter une action, recevoir un héritage. Elles n’ont pas droit au salaire que peut leur procurer leur propre travail. La femme ne peut exercer une profession différente de celle de son mari. Cette loi agira profondément sur les perceptions, les attitudes et les mœurs des hommes et des femmes.

Jour après jour

Printemps

31 mars 1886 : On s’est ému de la fin tragique de la jeune fille Adélaïde Raymond, fille de William Raymond et Virginie Thibeault, âgée de 23 ans, originaire de Rimouski (selon l’acte de sépulture dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke) et employée à la fabrique Paton, morte des suites d’une concussion du cerveau, causée par une boule de neige qui lui avait été lancée, il y a huit jours, à la sortie de la fabrique, et l’avait atteinte dans l’oreille.

L’enquête s’est continuée le 1er avril, à l’hôtel Desruisseaux, quartier-Est. On avait attendu le retour du Dr Paré qui était absent à Weedon. Le gars qui a lancé la boule de neige à la tête de l’infortunée fille Raymond, est un jeune Lefebvre, qu’on rencontre rarement, paraît-il, sans le trouver avec quelque projectile à la main. Il y a deux versions touchant le cas actuel. Les uns disent que c’est un morceau de glace, détaché du sabot d’un cheval, qui a été lancé à la tête de la victime. Quelle leçon pour l’auteur de ce méfait! Quel remords il devra éprouver toute sa vie à la pensée de ce moment d’oubli! L’autre jour, M. A. Paton, le directeur de la manufacture, a fait aux employés une leçon qui produira probablement de bons fruits. À bas cette pratique barbare et stupide des boules de neige.

16 mai 1866 : Grève d’une journée des conducteurs et hommes d’étable de la Montreal City Passenger Railway Company, la première grève de l’histoire du transport collectif à Montréal.

Le Québec en 1866 – l’été

8 juin 1866 : Le nouveau édifice du Parlement du Canada-Uni est inauguré à Ottawa. La façade a une longueur de 472 pieds, et la tour centrale de l’édifice de trois étages s’élève à 160 pieds de hauteur.

8 juin 1866 : Ouverture de la 5e session du 8e Parlement par le gouverneur Charles Stanley Monck. Il s’agit de la dernière session sous le régime de l’Union (Canada-Uni).

8 juin 1866 : Fin du traité de réciprocité entre le Canada Uni et les États-Unis.

Juillet

Juillet 1866 : Henry Nathan Starnes (1816-1896), banquier et homme politique, obtient son deuxième mandat comme maire de Montréal (il défait à Jean-Louis Beaudry, le maire précédent). Il accomplira cette fonction jusqu’en 1868 (la première fois, il fut élu maire de Montréal en 1856 et occupa le poste jusqu’en 1858).

6 juillet 1866 : La motion d’Antoine-Aimé Dorion (comté de Hochelaga) demandant un appel au peuple avant la mise en application d’un changement aussi radical que la confédération est rejetée par 79 voix contre 19.

28 juillet 1866 : Le Comité conjoint de la Bibliothèque recommande l’achat en 50 exemplaires d’un ouvrage préparé par le bibliothécaire Alpheus Todd sur le gouvernement parlementaire en Angleterre, ainsi que l’achat en 250 exemplaires d’un ouvrage de Joseph-Olivier Côté intitulé Nominations et élections politiques au Canada de 1841 à 1865, pour être distribué aux membres des deux chambres du parlement.

Août

2 août 1866 : Elzéar Gérin-Lajoie, éditeur du journal Le Canada, comparaît à la barre de la Chambre sous la garde du sergent d’armes et est déclaré coupable d’avoir violé les privilèges de la Chambre pour avoir insulté et frappé, la veille, dans la bibliothèque, le député de Drummond et Arthabaska, Jean-Baptiste-Éric Dorion. Pour cette infraction, l’éditeur est « réprimandé » par l’orateur et mis sous la garde du sergent d’armes durant le bon plaisir de cette Chambre.

8 août 1866 : Dans la paroisse de Ste. Anne de la Pocatière, un cordonnier nommé Lefèvre dit Lallemand reçoit la nouvelle qu’il vient de faire, en Allemagne, un héritage de trente-deux millions de livres anglais. La lettre annonçant cette grosse nouvelle est datée de Francfort, et contient une traite de £109,500 sur la Banque de l’Amérique Britannique du Nord.

Le Québec en 1866

Ce n’est qu’un premier envoie. Tous les trois mois, il devait y en avoir un pareil. Ravi au troisième ciel, M. Lefèvre projette de payer la dette de l’église, faire élire M. Letellier contre M. Chapais au poste du premier ministre de la province, se bâtir une maison comme madame Masson, et même se marier. Chacun recherche les faveurs du nouveau riche et on le porte en triomphe jusqu’à la station. Lefèvre vint à la ville accompagné du l’homme d’affaires qui doit administrer sa fortune, afin de toucher le premier versement de £109,500. Ils se présentent à la banque. On devine le reste. La traite ne valait rien, c’était un tour périssable.

10 août 1866 – 15 août 1866 : On adopte une série de seize résolutions proposées par John Alexander Macdonald (Kingston, Haut-Canada) et George-Étienne Cartier (Montréal-Est). Cela pour pourvoir aux constitutions respectives du Haut et du Bas-Canada après l’union fédérale. Le débat sur ces résolutions a occupé plusieurs séances. Le rejet de trois amendements proposés par le député Antoine-Aimé Dorion a marqué ces travaux. L’un pour que la législature du Bas-Canada ne se compose que d’une Chambre. Un autre pour que on élise les conseillers législatifs. Un troisième pour que l’orateur du Conseil soit élu. L’amendement d’Antoine-Aimé Dorion demandant qu’un appel soit fait au peuple avant qu’on soumette les résolutions au Parlement britannique, est également rejeté.

Automne

7 octobre 1866 : Un insensé de l’asile de Beauport, nommé William Lannan, s’est échappé de l’asile. Il est âgé de 23 ans et est d’une taille de 6 pieds environ. Sa propension dominante était de se jeter à l’eau. Toutes informations données, soit à l’asile, soit chez le père de l’infortuné, John Lannan, au Lac Beauport, seront reçues avec reconnaissance. (D’autres sources mentionnent que William Lannan a été admis à l’asile le 9 juillet 1866 (mania). Son état s’étant amélioré, il a obtenu son congé le 3 octobre).

Le Québec en 1866

14 octobre 1866 : Le feu détruit 2,500 à 3,000 maisons. Environ 20,000 personnes restent sur le pavé en résultat d’un grand incendie. Les flammes ont entièrement détruit le quartier St. Sauveur. La conflagration a laissé en cendres et grande partie des faubourgs St-Roch et St-Valier. Tout Boisseauville et une grande partie des faubourgs St-Roch et St-Valier ne sont en ce moment qu’un vaste champ de ruines et de décombres. Le feu se déclara dans une maison de M. Trudel, marchand épicier, rue St. Joseph, trois portes plus loin que la Halle Jacques-Cartier.

Le vent, venant du nord-est, soufflait avec fureur. Les Sapeurs se rendirent sur les lieux. Comme toujours, l’eau fit défaut. Ainsi en un instant une douzaine de maisons en bois prirent feu. Par la suite les étincelles semèrent partout l’incendie. Vers 7 heures il y avait déjà plus de cent maisons de brûlées. En ce moment le feu avait déjà couru le long de la rue St. Joseph et la rue Notre-Dame des Anges jusqu’à la jonction de la rue Saint-Valier.

*

L’église de la congrégation de St. Roch est restée seule, au milieu du désastre. L’incendie traversa alors la rue St. Joseph, communiqua le feu au faubourg St. Sauveur, qui n’existe plus. En un instant, l’église elle-même, le couvent, l’école des Frères, la corderie, les tanneries, les grands magasins sur la rue St. Valier, en un mot, tout depuis la rue de la Couronne jusqu’à la barrière, sur une largeur s’étendant de la rivière Saint Charles jusqu’au pied du côteau Ste. Geneviève, tout fut détruit de fond en comble en quelques heures.

Le feu, n’ayant plus rien à dévorer, s’arrêta sur les 5 heures de l’après-midi. Des détachements de la brigade des carabiniers, des artilleurs royaux, du 30ème régiment, des ingénieurs et de l’équipage de la frégate Aurora, étaient, à 7 heures du matin, rendus sur les lieux. Le gouverneur et son état-major s’est rendu sur les lieux ainsi que son Honneur le maire de Québec. Nous apprenons avec peine que quelques individus armés ont insulté et ont même poursuivi ce dernier. Ils portaient des haches et autres instruments. Au point que celui-ci ait été obligé de s’échapper de ces personnes mal intentionnés. M. le maire convoqua une assemblée, à l’Hôtel de Ville. On envoya des secours aux malheureux. Les Révérends messires Charest, Racine, Bolduc, les Pères Oblats et autres membres du clergé les distribuèrent.

Le Québec en 1866

22 octobre 1866 : Le Traveller de Boston rapporte qu’un nombre considérable de familles canadiennes-françaises sont arrivées à Gloucester et s’y sont fixées. Ces personnes ont trouvé de l’emploi dans les fabriques de coton. Il y a de 150 à 200 Canadiens-Français employés dans les fabriques de chaussures de Stoneham et un plus grand nombre encore à Haverhill. Ces Canadiens-Français sont généralement laborieux, sobres, paisibles ; ils vivent avec économie et font des épargnes.

3 novembre 1866 : Les membres de l’opposition du Bas-Canada (Québec) font parvenir à Henry Herbert, 4e comte Carnarvon, secrétaire d’État aux Colonies, une représentation demandant un appel au peuple sur le projet de confédération.

*

9 novembre 1866 : Le journal Le Canadien rapporte que les Canadiens-Français de Troy ont fait l’acquisition d’un terrain de 100 pieds de front sur 130 pieds de profondeur, moyennant $3,600. C’est pour la construction d’une église où ils pourront entendre prêcher en leur langue. Les Canadiens-Français sont très nombreux à Troy. Ainsi que dans les petites villes des alentours, telles que Cohoes, par exemple, qui contient de 1,000 à 1,200 familles canadiennes françaises, Lansingburgh, etc. On sentait donc vivement le manque d’une église canadienne-française.

Troy possède déjà six églises catholiques magnifiques et riches. Cependant ce sont les Irlandais qui construisirent toutes ces églises. L’on n’y prêche qu’en anglais. Un tel état de choses ne pouvait qu’éloigner un certain nombre de Canadiens-Français des pratiques religieuses. Cependant à présent qu’un remède va être appliqué au mal, il n’y a pas de doute que cela aura pour effet d’attirer un plus grand nombre de nos compatriotes. La situation les oblige d’émigrer, vers cette partie des États-Unis qui forme un centre essentiellement manufacturier et riche. Ce secteur offre des avantages principalement aux personnes qui ont des métiers. (Note : Il pourrait s’agir de l’église St. Jean Baptiste, située au 230, 2nd street, ouverte au culte le 24 octobre 1869).

Hiver

6 décembre 1866 : À l’Hôtel Westminster Palace de Londres, Alexander T. Galt fait adopter l’article 93. Il agit des droits scolaires des minorités qu’on garantira au Bas et au Haut-Canada.

11 décembre 1866 : Première séance officielle de la Conférence de Londres où les délégués des différentes provinces confèrent entre eux et avec le gouvernement impérial. Cela dans le but de donner à la constitution nouvelle sa forme définitive. Les délégués de la province du Canada sont : John Alexander Macdonald (Kingston, Haut-Canada), George-Étienne Cartier (Montréal-Est), Alexander Tilloch Galt (Sherbrooke), William McDougall (Lanark North, Haut-Canada), William Pearce Howland (York West, Haut-Canada) et Hector-Louis Langevin (Dorchester). On adopte des résolutions presque identiques à celles de Québec.

Le Québec en 1866

12 décembre 1866 : Entrée en fonction de l’administrateur du Canada John Michel.

12 décembre 1866 : Macdonald à un doigt de la mort. Chaque soir, avant de s’abandonner au sommeil, John A. Macdonald emporte les journaux politiques du jour qu’il lit à la lueur d’une bougie. Le mercredi, 12 décembre 1866 de retour à son hôtel, même s’il tombe de sommeil, l’homme politique veut prendre connaissance des dernières nouvelles mais tombe endormi. La flamme continue de brûler doucement puis, sans que l’on sache comment, elle provoque un incendie qui s’attaque aux rideaux de la chambre ainsi qu’au lit où dort Macdonald et aux couvertures qui l’enveloppent.

Brusquement réveillé, celui-ci se lève, arrache les rideaux, enlève les couvertures qu’il mouille du peu d’eau qui se trouve dans la pièce et piétine pour éteindre le feu. Voyant qu’il n’en viendrait pas à bout sans aide, il court réveiller Galt et Cartier. Par la suite, à trois, avec l’eau déposée dans leur chambre, ils maîtrisent ce début d’incendie. Cela sans avoir eu à donner l’alerte à leurs hôtes. Ce n’est qu’à ce moment que Macdonald songea à lui. Il a reçu des brûlures sérieuses à l’épaule. C’est sans doute la douleur qui l’avait réveillé.

Sans date exacte

1866 : L’échauffourée des Féniens aux États-Unis menaça de nouveau d’amener une prise d’armes en Canada. De fait, on recruta un régiment de volontaires à Montréal. On l’équipa entièrement au moyen d’une souscription publique. Les autorités envoyèrent volontaires et réguliers à la frontière de l’Ontario, où les Féniens, Irlandais américains mécontents, menaçaient d’envahir le Canada. Après quelques escarmouches, le mouvement antibritannique s’apaisa. Finalement tous nos militaires revinrent parader à Montréal sans trophées et sans gloire.

Québec Bank 1818 le Québec en 1866
« Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne. » (Aldous Huxley, écrivain britannique, 1894-1963). Photo : © GrandQuebec.com.

Voir aussi :

Laisser un commentaire