Windigo, le Montagnard et sa Douce

Windigo, le Montagnard et sa Douce

Il y a de cela très longtemps, un homme bon et généreux que l’on surnommait Le Montagnard se rendait régulièrement à la Montagne du Diable pour marcher et pour le simple plaisir de découvrir de nouveaux endroits enchanteurs. Il prenait le temps d’écouter la nature, d’entendre le ruissellement de l’eau, le chant des oiseaux et le cri des animaux. Quelquefois, il se cachait et attendait qu’un grand orignal ou un chevreuil se manifeste. C’était son plaisir, et, ma foi, personne n’aurait pu le lui enlever.

On le voyait parfois bûcher du bois en bas de la Montagne, il en coupait juste assez pour chauffer sa demeure et pour en donner à ses proches. Tous savaient bien qu’il n’abîmerait pas le seul endroit qu’il disait être son paradis.

Un jour, c’était au début de l’automne, une belle dame étrangère débarqua dans le village. Étant très sociable, elle se fit vite de bons amis et décida de s’y installer.

Le robuste et bon Montagnard avait bien entendu parler d’elle à travers les branches, mais il ne l’avait cependant jamais rencontrée. Alors, quelques semaines après la venue de l’étrangère, il décida de lui rendre visite en prétextant vouloir lui offrir un peu de bois de chauffage. Il se rendit donc chez elle.

La Belle le reçut avec courtoisie et fut très heureuse de sa proposition, surtout que l’hiver approchait et que les jours se faisaient de plus en plus courts et froids. En discutant, elle apprit qu’il était destiné à une fille du village. Elle fut un peu déçue parce qu’elle le trouvait à son goût, mais, que voulez-vous?

Le temps passa et ils devinrent de bons amis.

Un jour qu’il revenait d’une randonnée en forêt, le Montagnard aperçut la Belle sur son chemin. Il se rendit compte qu’elle était triste et accablée. Tout en marchant, elle lui confiait ses tracas pendant que lui se contentait de l’écouter, de la consoler et de l’encourager. La Belle se sentit tellement bien près de lui qu’elle se retrouva dans ses bras sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Il resta d’abord surpris et finalement l’enlaça, elle blottit la tête dans le creux de son épaule.

Tout à coup, comme s’ils venaient de se réveiller, la Dame et le Montagnard se rendirent compte de la situation, ils se séparèrent sans rien comprendre. Elle partit en courant et rentra chez elle.

Tous les deux étaient un peu mal à l’aise de la situation. Ils se rencontrèrent à quelques reprises, sans toutefois parler de ce qui s’était passé. La Belle était pourtant fort attristée de ne pouvoir l’aimer à sa guise.

Et voilà qu’au printemps suivant, elle disparut et on ne la revit plus jamais. On dit qu’elle souffrait trop de cet amour sans issue et qu’elle se serait sauvée dans la Montagne du Diable.

Quant au Montagnard, il n’avait malheureusement pas osé déclarer à sa Douce tous les tendres sentiments qu’il éprouvait à son égard, et il ne s’en consola jamais.

Dans le village, chacun a une petite histoire à raconter à propos de ces deux personnages. On dit que la Belle aurait rencontré le Grand Windigo, protecteur de la montagne du Diable, et que, l’ayant vu si inconsolable, il a décidé de la changer en ruisseau pour la laisser déverser ses larmes.

Il paraîtrait même que le gaillard se serait rendu à la Montagne à son tour pour la chercher et qu’il erre dans la forêt depuis ce temps-là. Pour survivre, il s’abrite avec les grands et majestueux orignaux du secteur. Après plusieurs années en forêt avec eux, il a fini par leur ressembler à s’y méprendre.

Si vous allez dans la forêt de la Montagne du Diable, vous verrez de nombreux sentiers. Ce serait lui qui aurait tracé toutes ces pistes en cherchant sa douce Belle. Par les soirs de pleine lune, surtout au printemps alors que la montagne ruisselle (de larmes dit-on), on peut apercevoir le vieux Montagnard dans le coin du lac Windigo, ou encore au pied de la chute en train de s’abreuver de sa dulcinée. Il lui arrive aussi de l’appeler inlassablement. Quand vous entendrez ses cris, vous en aurez des frissons dans le dos et croyez-moi, c’est vraiment impressionnant.

En vous aventurant dans la montagne du Diable; vous constaterez qu’il y a constamment une brise dans l’air … Vous savez maintenant pourquoi.

Quant à Windigo, il est toujours le gardien de la Montagne du Diable. Il est arrivé quelques fois que certaines gens aient voulu détruire la nature de son territoire, ce sont eux les grosses roches que vous apercevez en montant à la Paroi de l’Aube. Windigo surveille son domaine, gare à vous ! Il vaut mieux être «l’Ami de la Montagne» que de finir ses jours comme ça…

C’est ce dont j’ai entendu parler…

Solange

Tiré du site : montagnedudiable.com.

Chutes Windigo
Chutes Windigo. Photo libre de droits.

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