Veillée de campagne
Veillée de campagne : La municipalité de Saint-Zéphirin-de-Courval n’échappe pas à la tradition des racontars. Des contes nés dans Courval nous sont parvenus grâce à l’étonnante mémoire de la tradition orale.
Voici donc, un conte qui, à l’époque parcourait les chemins de Saint-Zéphirin colporté autant par les notables que par les quêteux :
Alors que l’Église désapprouve la danse et que l’évêque qui préside aux destinées des fidèles de Saint-Zéphirin-de-Courval l’interdit complètement à l’intérieur de son diocèse, considérant la danse comme une manifestation déplacée pouvant entraîner au scandale, un paroissien de Saint-Zéphirin de Courval se prépare, ce soir-là, à recevoir dans sa maison parents et amis à ce que nous appellerons « une veillée de campagne » où la place est presque entièrement laissée à la chanson, à la danse et au p’tit blanc.
Les préparatifs de la soirée vont bon train, lorsque s’arrête à la porte le quêteux rouge qui est reçu, comme il est d’usage de la faire en ce temps-là, et invité à rester pour la fête qui commencera bientôt. Dans l’attente de la fête, il observe longuement la jeune fille de la maison qui, vêtue de sa plus belle robe, est anxieuse de voir arriver les premiers invités.
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Au moment où résonnent les premières notes invitant tout le monde à la danse, le quêteux rouge se glisse lentement auprès de la jeune fille qu’il a si longuement admirée. Il lui demande de lui accorder une danse. Devant son refus, le quêteux-rouge entre dans une violente colère et déclare. «Tu vas danser sur un temps de chien». Puis il sort précipitamment de la maison. Le froid jeté dans la maisonnée par cet esclandre se tempérera cependant vite par la chaude ambiance de cette soirée de réjouissances. Ainsi personne ne pensera plus à cette «indélicatesse» jusqu’à…
La fête bat son plein, certains invités retardataires arrivent encore, dont un beau grand jeune homme qui, par ses manières charmantes, impressionnera fortement la jeune fille de la maison. Il ne s’écoulera pas beaucoup de temps avant que le jeune couple ne se réunisse pour la danse qui prendra alors des allures endiablées.
La danse se transformera en un tourbillon sans fin où seule la gaieté est de mise. Les rires feront cependant bientôt place aux cris. La jeune fille ne peut plus arrêter de danser. Elle est en transe, elle danse contre sa volonté.
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Quelqu’un veut-il intervenir directement pour l’arrêter qu’en la touchant il est lui aussi entraîné par cette frénésie. Que faire? On parle de mystère, de folie et même de sorcellerie, mais durant ce temps, elle danse toujours. Finalement, on décide d’aller chercher le curé Ricard (celui qui sait lutter contre les incendies et les sauturelles, voi r: Au feu et L’Invasion) ; il est, pense-t-on, le seul qui puisse quelque chose devant une telle situation.
Arrivé avec son bréviaire et son étole, le curé comprend aussitôt l’importance du drame. Il fait une prière et déclare : « À minuit, elle ne dansera plus » ; on espère, on attend l’heure fatidique. Au douzième coup de minuit, la jeune fille cesse alors de danser ; elle pleure et se plaint ; elle est complètement épuisée, mais tout est maintenant rentré dans l’ordre.
Le curé retourne paisiblement à son presbytère ; il sera cependant rappelé trois jours plus tard ; la jeune fille est morte d’une pleurésie.
Source : saint-zephirin.ca. Veillée de campagne.
Voir aussi :
- L’invasion (le père Ricard contre les sauterelles)
- Au feu et Le Puits (Deux autres exploits du père Ricard)
- Saint-Zéphirin-de-Courval