Les sirènes du golfe du Saint-Laurent

Les sirènes du golfe du Saint-Laurent

Il existe à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent un petit groupe de jeunes sirènes qui eurent un jour la malchance de s’égarer alors qu’elles voyageaient en banc. Ces sirènes avaient pris la direction de la Méditerranée en compagnie de leurs aînées pour rejoindre ensuite leurs demeures situées en mer Rouge. Ces créatures à la tête et au torse de jeune femme, avec une queue de poisson, sont désormais perdues entre les îles de la Madeleine et l’île d’Anticosti. C’est ainsi que l’on peut voir parfois ces ravissantes reines de mers s’approcher des bateaux de pêcheurs gaspésiens en espérant qu’un capitaine consentira à les conduire jusque chez elles.

Leurs chants ont la même douceur enivrante et leurs gestes sont tout aussi gracieux et envoûtants que ceux de leurs semblables des mers. Les témoins de leurs apparitions prétendent qu’elles ont la peau de la couleur du flétan, une chevelure très fine leur tombant à la ceinture et que, sous le soleil, on la croirait recouverte d’une pellicule d’or.

Les marins racontent que l’une d’entre elles se glissa un jour sur le pont d’un navire et qu’elle demanda à un pêcheur de lui ôter, avec son canif, les sangsues qui couvraient la grande nageoire de sa queue. Le pauvre homme en tomba éperdument amoureux et, oubliant femme et enfants, se lança à l’eau derrière la sirène pour aller la rejoindre. On ne le revit jamais.

Plusieurs pêcheurs ayant résisté aux charmes des sirènes du golfe du Saint-Laurent reviennent néanmoins au port en chantonnant cette vieille complainte de marins :

Mois, je suis un pauvre mousse.
À bord d’un vaisseau roya,
Je vais où le vente me pousse,
Tout cela m’est bien égal.

C’est au ciel que j’espère,
Y connaître un peu d’amour,
Là, je reverrai ma mère,
Là, ma mère attendra mon retour.

« Elle était si belle qu’on aurait dit un rêve qui prenait forme devant mes yeux. Mon cœur a fait des tours puis j’ai commencé à suer comme un gars qui court le marathon. Elle me faisait signe de l’aider… de me jeter à l’eau pour aller la chercher ! Moi, je voyais bien qu’elle était prise dans mon filet, mais je pouvais juste la regarder… j’étais émerveillé… Puis tout à coup, on dirait qu’elle s’est fatiguée de me voir la face longue pis la boucher ouverte à rien faire, qu’elle a donné un bon coup de queue pour déchirer mon filet. Après ça, je l’ai vue disparaître danes les profondeurs. »

(Marcel Breton, pêcheur, Marsoui en Gaspésie, 1986).

Source : L’intégral : Créatures fantastiques du Québec, par Bryan Perro (auteur) et Alexandre S. Girard (illustrateur). Perro Éditeur, 2013.

Sièrnes du golfe St-Laurent
En quête des sirènes du golfe du Saint-Laurent. Photographie de GrandQuebec.com.

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