La Dame aux glaïeuls
Entre la ville de Québec et le Bas-du-Fleuve, il est parfois possible de distinguer sur les eaux du Saint-Laurent une dangereuse créature qu’on appelle la Dame aux glaïeuls. Yeux verts, peau cuivrée et cheveux noirs dansant dans le vent, elle affiche toujours un sourire magnifique et exhale un doux parfum d’herbe fraîchement coupée.
Parée d’un halo lumineux à la manière d’un ange couronnée, elle arrive ainsi à cacher ses intentions malveillantes. Apparaissant de nuit dans les rayons clairs de la nouvelle lune, le spectre, tout de blanc vêtu et portant un énorme bouquet de fleurs, est constamment à la recherche de nouvelles victimes à étrangler.
Invariablement, la Dame aux glaïeuls se manifeste dans une bruine enchanteresse qui met aussitôt ses proies en confiance. Elle s’approche alors doucement de sa cible et lut tend ses fleurs avant de s’élancer sur la victime avec force et violence. Les rares victimes qui sont survécu à son attaque ont d’abord ressenti un immense bien-être, avant d’entendre une douce musique émanant du brouillard environnant. Ainsi en confiance et charmées par l’exquise mélodie, elles se sont retrouvées sans défense, à la merci de la perfide créature.
Personne ne sait exactement pourquoi la Dame aux glaïeuls s’en prend aux voyageurs qui empruntent le fleuve. Cependant, cette Dame est souvent comparée aux Jenny Dents Vertes, ces monstres des rivières du Yorkshire, en Angleterre, qui noient sans raison les promeneurs s’aventurant au bord de l’eau. Jenny est une sorte d’harpie verte aux cheveux d’algues et aux dents acérées.
Mme Armande Houel, dont le corps fut retrouvé suspendu dans un arbre, et son jeune fils Médéric, mort sur la plage en 1984, ici au Québec, sont les deux dernières victimes connues de la Dame aux glaïeuls. La mère et l’enfant étaient de la ville de Québec et se dirigeaient vers Trois-Pistoles pour rejoindre leur famille. La sévérité des marques observées sur les cous des deux victimes a révélé qu’elles avaient été étranglées avec une force peu commune, trahissant ainsi un acte infâme de la Dame aux glaïeuls. En outre, les empreintes reproduisant de longs doigts palmés telles des serres d’aigle ont laissé présumer aux enquêteurs médico-légaux qu’il s’agissait bien de monstre en question. Depuis lors, tous les dossiers concernant les meurtres attribuables à cette étrange créature sont confidentiels et demeurent inaccessibles au public. Les autorités québécois vont même jusqu’à nier leur existence.
Notons finalement que l’ex-coroner chargé du dossier relatif à une série de meurtres et disparitions dans la région du Bas-Saint-Laurent a été démis de ses fonctions pour des troubles psychologiques, du moins selon les sources officielles.
« Tout ce qui peut être imaginé est réel » (Pablo Picasso). Photographie de Megan Jorgensen et GrandQuebec.com
Source : L’intégral : Créatures fantastiques du Québec, par Bryan Perro (auteur) et Alexandre S. Girard (illustrateur). Perro Éditeur, 2013.
Voir aussi :
- Légende de la Dame Blanche
- Légende de l’Île d’Orléans
- Légende de l’Île-du-Diable
- Légende de la Corriveau
- Légende de Roméo
- Légende des chutes Dorwin
- Légende des fées marmites
- Légende de la Noyée